Ousmane Sonko, leader du parti des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef/Les Patriotes) vient d’être condamné par la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Dakar, à deux ans de prison ferme, pour « corruption de la jeunesse » dans l’affaire qui l’oppose à Adji Sarr. Mais le maire de Ziguinchor a acquitté des accusations de viols et menaces de mort. Son coaccusée Ndèye Khady Ndiaye, patronne de « Sweet Beauty » écope elle aussi de deux ans ferme. Les deux accusés sont aussi condamnés à payer chacun une amende de 600 000 francs CFA. Par ailleurs, ils devront payer solidairement une somme de 20 millions de francs CFA de dommages et intérêts à la partie civile. Après le verdict de la chambre criminelle, des manifestations violentes ont éclaté dans presque tout le pays. Des autorités politiques au niveau national et international se sont prononcées sur cette situation difficile que traverse le Sénégal.
Pour Abdourahmane Diouf, président du parti Awalé, faisant référence à Macky Sall, suite à la condamnation de Sonko par la Chambre criminelle, « ce qui l’intéresse uniquement, c’est d’atteindre son objectif, sans se soucier des droits du citoyen ni de l’honneur bafoué d’un père de famille. Pendant que notre pays est en proie aux flammes, il ne fait que plaisanter. Sa préoccupation principale est la sélection finale des candidatures qui lui sont favorables ou favorables à son camp. »
Par ailleurs, le Dr a évoqué le dialogue national lancé par le président Macky Sall. A l’en croire, « les opposants qui y participent ne peuvent en aucun cas lui accorder une troisième candidature. Ils n’ont pas le pouvoir de le faire. Sa participation ne dépend pas non plus de ses humeurs. Il est le seul à ne pas avoir le droit de se présenter. Il doit partir ».
Enfin, le leader de « Awale » estime que « si (Macky Sall) était conscient de la situation, il aurait dû faire une déclaration à la nation aujourd’hui pour mettre fin à ce stress institutionnel permanent et se retirer de la course lui-même. C’est la clé de la paix sociale dont notre pays a tant besoin. Il nous le doit bien. »
Jean-Luc Mélenchon, adversaire politique de Macron et leader de la « France Insoumise » s’est prononcé sur la situation du pays après la condamnation du patron des « Patriotes ». « Sonko écarté (de l’élection présidentielle) par une condamnation étrangère, corruption de la jeunesse », a posté sur twitter, l’homme politique français. Qui dit avoir une « crainte pour la situation d’un Sénégal ami et démocratique. » Jean-Luc Mélenchon estime qu’ « au Sénégal comme en France, le peuple doit rester le souverain ».
BBY appelle les compatriotes à « continuer de faire confiance en la justice » du pays
La Coalition Benno Bokk Yakaar s’est prononcée sur la condamnation d’Ousmane Sonko, à deux ans ferme, par la Chambre criminelle. La mouvance présidentielle regrette la position de Ousmane Sonko qui, selon BBY, « n’a pas été en mesure de se comporter avec dignité et retenue ». La Coalition a rendu hommage à la justice du pays et mis en garde contre ceux qui perturbent la quiétude des populations.
« Dans l’affaire Sweet Beauty la chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar, par jugement en date de ce jour 1er juin 2023, a condamné Monsieur Ousmane Sonko pour le délit visé à l’article 324 alinéa 2 du code pénal », a dit, d’emblée, la Coalition Benno Bokk Yakaar, dans un communiqué dont nous avons copie. « Cet article punit tous ceux qui auront « … attenté aux mœurs en excitant ou facilitant habituellement la débauche ou la corruption de la jeunesse de l’un ou l’autre sexe au-dessous de l’âge de 21 ans », peut-on encore lire sur le document.La Coalition BBY estime qu’ « il est donc établi aujourd’hui que Ousmane SONKO a usé d’actes indécents, obscènes, pervers et vicieux de nature à pervertir une jeune fille qui n’avait pas atteint l’âge de 21 ans. Ce qui justifie également sa condamnation à payer des dommages et intérêts à hauteur de vingt millions à la victime. » D’après la coalition présidentielle, « ces faits punis par la loi ont été reconnus par un jugement rendu par une justice qui a fait preuve de liberté et d’indépendance. »Par ailleurs, les alliés du président Macky Sall soulignent que « Ousmane SONKO, qui n’a pas été en mesure de se comporter avec dignité et retenue, ne devrait s’en vouloir qu’à lui-même. Et, comme le dit l’adage, nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. » Après ce constat, La coalition Bennoo Bokk Yaakaar appelle les compatriotes à « continuer de faire confiance en la justice de notre pays et à défendre les institutions en général pour la sécurité des personnes et des biens. Etat de droit, le Sénégal vient de démontrer à la face du monde qu’il est une démocratie majeure : que tous les citoyens sont égaux devant la loi. »
Aussi, Bennoo Bokk Yaakaar « met solennellement en garde ceux qui seraient tentés de troubler la quiétude des citoyens et de porter atteinte à la sécurité des personnes et des biens. De même, Bennoo Bokk Yaakaar réaffirme son soutien sans réserve à l’Etat dans l’exercice de ses missions régaliennes de préservation de l’ordre public. »
L’opposition monte au créneau
A la suite de la condamnation de deux ans de prison ferme du leader de Pastef Ousmane Sonko sur le procès qui l’oppose à Adji Sarr, plusieurs acteurs politiques ont réagi dans une journée émaillée par une tension sur le territoire national.
Les mots de l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur, Mary Teuw Niane sont forts. Sans détour, il exige la démission du président Macky Sall. « Excellence, monsieur le Président de la République, pour la paix, pour la sérénité et pour la stabilité de notre pays, veuillez rendre le pouvoir au peuple sénégalais. Votre pouvoir a définitivement failli”, a invité l’universitaire. Sa demande est motivée en ces termes: « Il y a trop de blessés, trop de dégâts, trop de peurs, trop de haine et de discorde ! Il y a eu des morts ! Il y a encore des morts ! Veuillez démissionner ! » a exigé Mary Teuw Niane.
Proche d’Ousmane Sonko et parlementaire, Guy Marius Sagna accuse un complot d’Etat qui se confirme par cette condamnation. « La justice vient de confirmer le complot d’État cousu de mensonges d’État de Macky Sall contre Ousmane Sonko. Ousmane Sonko est blanc comme neige comme nous l’avons toujours dit. Ousmane Sonko est coupable d’être le chef de file du courant politique des patriotes panafricains du Sénégal et d’avoir un programme anti-néocolonial », a réagi Guy Marius Sagna depuis l’Assemblée nationale. L’activiste « dénonce la justice couchée et corrompue qui a servi d’instrument pour rendre inéligible Ousmane Sonko ». Mais il assure que « la candidature de Ousmane Sonko dépend du peuple sénégalais ». Et que la « résistance constitutionnelle se poursuivra ». S’il y a quelqu’un qui est inéligible, avertit Guy Marius Sagna « c’est le président Macky Sall. »
Toujours dans la contestation, le Bureau politique du Grand Parti, Malick Gackou souligne une tentative de liquidation de l’opposant Ousmane Sonko. « Cette sentence est le reflet d’une volonté délibérée de l’écarter de la course à la présidentielle de février 2024 » révèle-t-il. « Face à cette situation nous demandons à tous nos militants et sympathisants de rester mobiliser pour la défense de la République et des intérêts supérieurs de la nation » conclut Malick Gackou.
« YAW » accuse le président Macky Sall de haute trahison
La plus grande coalition de l’opposition s’est exprimée sur la condamnation d’Ousmane Sonko pour deux ans de prison ferme dans le dossier avec Adji Sarr. « La coalition Yewwi Askan Wi accuse le président Macky Sall de haute trahison et exige sa démission immédiate. Elle « appelle le peuple sénégalais à maintenir la mobilisation et à résister intensément et conformément à la constitution partout dans le pays et la diaspora pour sauvegarder les droits et libertés de nos concitoyens, l’unité nationale et la démocratie sénégalaise ».
El Hadji Malick SARR et Rokhaya KEBE
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