Chérif Assane SAGNA, président de l’Association pour le Développement de Ziguinchor, du Collectif des Jeunes Cadres de la Casamance et du Mouvement Ziguinchor «Sama Yitté Sunu Mommel » s’est prononcé sur plusieurs questions dont le choix d’Amadou BA comme candidat de Benno Bokk Yakaar. Il a lancé un message à l’endroit de la jeunesse avec un état des lieux exhaustif de la situation politique à Ziguinchor.
Bonjour Monsieur Assane SAGNA. Vous êtes le président de l’Association pour le Développement de Ziguinchor. Qu’est ce qui a été à l’origine de la création de ce mouvement ?
Merci pour cette question. Vous savez, je suis natif de la Casamance. Je suis né et j’ai grandi dans ce terroir ainsi que mes parents directs et mes arrières grands parents. Lorsque j’ai terminé mes études, je me suis engagé en politique pour participer au développement de Ziguinchor. En vérité, j’ai accepté de répondre à l’appel de mes sœurs et frères qui m’ont toujours tendu la main. J’ai alors compris qu’il n’y a pas meilleure manière d’aider son terroir, que d’investir auprès des populations. C’est ainsi que nous avons créé l’Association pour le Développement de Ziguinchor. L’Association pour le Développement de Ziguinchor (ADZ) regroupe des citoyens d’horizons divers et de sensibilités politiques différentes, soucieux de réfléchir à l’élaboration de politiques de Développement ambitieuses et innovantes pour Notre Terroir. Elle est le fruit de plusieurs années d’analyses, de réflexions et d’échanges entre Ziguinchorois vivant à l’intérieur du Sénégal, dans la sous-région et dans la diaspora, évoluant dans des sphères professionnelles variées et complémentaires. Ces ressources humaines de qualité ont pour objectif essentiel de faire de l’association un levier significatif de développement de notre terroir avec comme devise : « Mon Terroir, Ma Priorité ».
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Nous avons beaucoup fait pour les jeunes et les femmes. Nous avons initié des programmes de formation pour les femmes à qui, nous avons octroyé des financements. Les préoccupations des jeunes n’ont pas été négligées. Nous avons adopté une démarche inclusive pour permettre à chaque fils du terroir d’apporter sa pierre.
ADZ en quelques chiffres :
- 1055 femmes bénéficiant du système de financement solidaire
- 05 mosquées réfectionnés
- 02 morgues construites
- 25 puits construits
- 1000 bourses octroyées
- 150 insertions professionnelles
- 45 projets de jeunes financés
- 35 prises en charges médicales
- 350 kits alimentaires par mois pour les familles
Depuis toujours, nous nous sommes engagés pour soutenir le président Macky SALL. Nous avons estimé que son projet politique est d’une pertinence avérée. Et, à travers sa vision, nous avons compris qu’il pouvait beaucoup faire pour notre terroir. Comme vous pouvez le constater. Il a réalisé des projets importants dans toute la Casamance de Ziguinchor, à Marsassoum, en passant par Sedhiou, Bignona etc…
Comment se dessine la situation politique à Ziguinchor ?
Vous me posez une question dont vous connaissez la réponse. Ziguinchor est aujourd’hui, conquise par l’opposition en la personne d’Ousmane SONKO, leader de PASTEF élu lors des élections locales. Vous savez, notre commune a échappé au pouvoir Benno/Apr depuis la présidentielle de 2019. Depuis cette année, toutes les élections ont été gagnées par Ousmane SONKO qui a tenu tête à l’ensemble des responsables de Benno/Apr. Malgré les investissements réalisés par le président Macky SALL dans la région et dans la commune, les responsables locaux n’ont pas réussi à matérialiser cela en victoire. Tous les responsables de l’Apr de Ziguinchor, sans exception ont échoué. Ils n’ont pas été capables de renvoyer l’ascenseur au président Macky SALL. Je ne pense pas qu’ils aient aujourd’hui la capacité de renverser la tendance. Il faut une nouvelle équipe jeune et plus dynamique qui a l’envie de faire ses preuves. Les responsables de l’Apr n’ont pas su trouver le discours fédérateur et d’espoir pour convaincre les populations. Ils ont atteint leurs limites politiques objectives. Il faut maintenant changer le personnel politique local si nous voulons reconquérir la ville. Sans faire aucun effort, Ousmane SONKO a raflé toutes les élections. Mais, il faut reconnaitre que le leader de Pastef a déçu les Ziguinchorois lui aussi. Il s’est servi des fils du terroir pour son ascension politique. Mais, depuis son élection, il a continué à battre campagne oubliant qu’il est maintenant le Maire de Ziguinchor. Au lieu de travailler et de faire des résultats, il a voulu transformer notre commune en terrain d’affrontement. Véritablement, nous pouvons dire haut et fort que Ziguinchor n’a pas encore fait le bon choix. Car, cette classe politique n’a rien fait pour mériter la confiance des électeurs. L’élection de Sonko a été un véritable gâchis pour Ziguinchor. Aujourd’hui, je le dis à qui veut l’entendre, soutenu par la jeunesse de la commune, je vais à la conquête de Ziguinchor élire pour Amadou BA, candidat désigné par la coalition.
Pourquoi, vous avez décidé de soutenir Amadou BA ? Comment comptez-vous y travailler ?
Vous savez, nous avons un mouvement autonome. Nous n’avons pas de parrain. C’est peut-être c’est la raison pour laquelle, je suis tout le temps combattu par certains responsables qui me considèrent comme un jeune trop ambitieux, à leurs yeux. En vérité, il y a des responsables qui ne veulent pas faire de l’espace aux jeunes. Mais nous allons nous battre pour représenter dignement Ziguinchor. Les Ziguinchorois détestent la politique par procuration. C’est ce qu’Amadou BA doit comprendre pour éviter de commettre les mêmes erreurs que Me Abdoulaye WADE et Macky SALL. Il y a des réalités culturelles qu’il faut éviter de piétiner dans le choix des responsables à la base. Nous avons beau essayer de nous en détourner, mais elles nous rattrapent. Les Ziguinchorois veulent un leader qui leur ressemble et les rassemble. C’est-à-dire un leader de Ziguinchor pour Ziguinchor. Le pilotage à vue a fait perdre toutes les dernières élections au pouvoir. Et Ousmane SONKO qui a quitté Thiès pour faire un transfert de vote, a remporté les scrutins. Parce que les populations croyaient qu’il était un producteur local. Mais, la suite a prouvé qu’il était recyclé après avoir tourné le dos à notre terroir depuis des années. Or, entre Ziguinchor et moi, il n’y a jamais eu de rupture relationnelle. Je suis un pur produit local, foncièrement attaché à cette localité, à son histoire, à ses valeurs et à sa culture. Je suis amoureux de Ziguinchor. Et mes adversaires s’offusquent de mon indépendance et de la liberté.
Nous gardons beaucoup d’espoir sur Amadou BA. Nous avons suivi son parcours. Et nous avons estimé qu’il pourrait apporter beaucoup à notre pays s’il choisit les personnes qu’il faut. Certes Macky SALL a fait plus que Me Abdoulaye WADE en terme de réalisations. Et, ma conviction c’est qu’Amadou BA pourrait faire mieux que Macky SALL. C’est la relation entre l’élève et son maitre. Si l’élève se bat, il peut dépasser son maitre, comme Macky SALL l’a fait avec Me Wade. Amadou BA connait déjà le chemin. Il va justement continuer la mise en marche du PSE tel que conçu et réalisé par le président SALL. Sur ce plan je n’ai pas de crainte. Par contre, je tenais à lui prodiguer des conseils. Le président Amadou BA doit beaucoup faire confiance à la jeunesse. Il faudra aussi qu’il descende sur le terrain pour être en communion avec les populations. Ces dernières veulent voir, saluer et échanger avec leur président. Et il gagnera beaucoup en descendant sur le terrain pour écouter les jeunes et les femmes. Amadou BA ne doit pas s’enfermer dans une tour d’ivoire créant une distance entre la population et lui. Il doit être un président moderne, accessible et ouvert. Nous gardons beaucoup d’espoir sur lui. Et, nous savons que le président Macky SALL l’a choisi en toute connaissance de cause.
Comment comptez-vous apporter votre soutien à votre candidat Amadou BA ?
Avec nos équipes nous travaillons pour organiser un grand événement politique d’investiture. Nous espérons le rencontrer avant la tenue de ce grand événement. Nous n’attendons rien de lui à part de la reconnaissance. Nous avons créé le «Club des Volontaires» pour porter sa Vision dans toutes les localités. Nous y travaillons avec beaucoup d’autres organisations qui ont rejoint notre structure : «Convergence nationale » dont je suis le coordonnateur. Nous avons déjà des antennes sur toute l’étendue du territoire. Notre objectif c’est de pêcher 1.000.000 nouveaux électeurs. Nous devons innover la manière d’aller aux élections. Car, nous avons les outils pour contrôler l’électeur, avant, pendant et après le scrutin. Cela nous permet de mesurer les chances de notre candidat. Pour cela, il faut miser sur les portes à portes et tenir moins de meeting. Il faut aller dans les quartiers, dans les maisons, dans les salons pour sensibiliser les électeurs. Nous allons vers l’élection présidentielle la plus exposée aux fake news. C’est uniquement par le contact direct et de bouche à oreille qu’on pourra porter le message de notre candidat tout en grillant les fake news et les discours mensongers. Nous savons que notre candidat sera la cible de tous. Et ces volontaires seront préparés pour apporter la bonne information aux électeurs.
Vous estimez qu’Amadou BA doit miser sur la jeunesse ?
C’est évident. Nous avons une population jeune à plus de 50%. Les jeunes s’intéressent à la politique Mais ils sont plus réceptifs aux discours des jeunes acteurs politiques opposants. Certes les anciens peuvent apporter leur expérience, mais qu’ils aient la gentillesse de faire de la place aux jeunes. C’est aux jeunes de porter le message du candidat. La bataille politique sur le terrain doit être l’affaire de la jeunesse. Car, les jeunes veulent montrer ce dont ils sont capables. Il ne manque pas de jeunes cadres capables de porter Amadou BA à la victoire. En plus, il fera face à une opposition jeune très virulente. Cette opposition ne lui fera pas de cadeau. C’est pour pourquoi, il doit miser sur une jeunesse préparée, compétente et déterminée.
Le président Amadou BA ne doit pas accepter le chantage des acteurs politiques. Car ces derniers sont minoritaires dans ce pays. Il doit aller parler directement vers les sénégalais. Lors des dernières élections législatives 3.757.356 électeurs n’ont pas voté. C’est-à-dire 53,4% des inscrits. En d’autres termes, la majorité des électeurs inscrits n’ont pas voté. Ces abstentionnistes seuls peuvent élire le prochain président de la République. Ce sont ces gens-là qu’il faut convaincre. C’est cela l’essentiel. Les acteurs politiques qui cherchent à le divertir ou à lui mettre la pression, ne représentent pas grand-chose.
Selon vous, sur quel levier il doit s’appuyer pour aider la jeunesse.
D’abord, il doit tenir un langage de vérité aux jeunes. Amadou Ba ne doit pas commettre les mêmes erreurs que ses prédécesseurs concernant la question de l’emploi jeune. Me Abdoulaye WADE et Macky SALL sont tombés dans le piège de l’emploi. Car, un Gouvernement n’a pas vocation à offrir de l’emploi aux jeunes. Il créé les conditions d’un environnement économique attrayant, veiller à la stabilité politique, faciliter l’installation des entreprises étrangères, accompagner le secteur privé local et exiger la transformation des matières premières sur place pour créer de la valeur ajoutée. L’importation de la matière première fait perdre beaucoup d’emplois aux jeunes. En plus, il faut tenir un discours de vérité aux jeunes. Toute personne âgée de 25 à 40, en bonne santé et ayant toutes ses capacités physiques et intellectuelles doit pouvoir créer son propre business. L’auto entreprenariat doit être encouragé chez les jeunes. Le Gouvernement doit mettre fin à l’assistanat qui pousse les jeunes à croire que seul l’Etat peut leur offrir du boulot. Ce qui est faux. Chaque année, plus de 200.000 jeunes viennent grossir les rangs des demandeurs d’emplois. Tous veulent travailler dans l’Administration. Or l’ensemble des fonctionnaires font presque 120.000 agents. Il faut alors que les jeunes comprennent qu’un emploi se crée. Chaque jeune peut être son propre employeur. Il suffit juste d’avoir le courage et d’être inventif pour s’en sortir. Sans avoir un diplôme, un jeune peut créer son propre emploi et gagner sa vie sans envier ceux qui sont diplômés. L’Administration est surchargée. Elle ne peut pas employer tous ces milliers de jeunes demandeurs d’emploi. Ce discours de vérité fera tilt dans la tête de ces jeunes qui tentent l’émigration. Car, ils comprendront qu’ils peuvent réussir dans leur propre pays s’ils croient à leur propre potentiel. Ce n’est pas parce qu’on a voyagé dans un avion ou qu’on se réveille dans un pays européen qu’on va forcément réussir dans la vie. C’est utopique !
L’Etat a financé plusieurs projets pour des jeunes et des femmes. C’est bien. Mais, les jeunes sénégalais sont pressés. Certains veulent, tout et tout de suite. Ce qui n’est pas possible. Il faut être patient et travailler dans le long terme pour réussir. Les possibilités ne manquent pas au Sénégal mais les jeunes n’arrivent pas à démystifier l’Europe, les Usa. Tous rêvent d’entrer dans un avion. Cela peut s’expliquer car dans le passé, ce sont les modou modou qui étaient les références, les modèles de réussite. Aujourd’hui, il y a une mutation sociale dont les jeunes tardent à comprendre. Le modèle de réussite des modou modou n’existe plus. Au contraire, ils rentrent pour travailler dans leur pays. Le véritable modèle qui doit faire référence chez les jeunes d’aujourd’hui, ce sont ces jeunes de la banlieue dakaroise, ces jeunes de Touba, de Ziguinchor qui ont réussi sans quitter le pays et sans l’aide du Gouvernement. Ils se sont battus et ont réussi tout seul. Voilà le vrai modèle.
Votre dernier mot ?
Je dirai que rien n’est encore gagné. Amadou BA doit savoir rassembler. Il doit également comprendre que le plus difficile reste à faire pour lui. Nous avons l’intention de servir la Casamance si on nous fait confiance. Amadou BA doit apprendre des erreurs du passé pour atteindre son objectif politique. Il faut qu’il soit un leader national capable d’unir le Sénégal autour de l’essentiel. Il ne faudrait pas qu’Amadou BA se croit déjà élu président de la République car, il y a des forces de résistance à tous les niveaux du pays. Les gens l’attendent et aucune concession ne lui sera accordée. Pour notre part, nous l’attendons sur le discours et les actes.
Entretien réalisé par Modou FALL
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