L’avocat Me Robert Bourgi a encore choisi DakarTimes pour apporter des précisions sur la sortie du président Macky SALL par rapport à son renoncement au troisième mandat. Il nous a fait d’autres confidences.
Le président Macky SALL a décidé finalement de se retirer. Pensez-vous qu’il en avait fait la confidence à ses proches ?
Lorsque votre confrère Babacar Fall de RFM m’avait interrogé le 15 juin au matin, il m’avait posé la question suivante : a-t-il parlé de ses intentions pour un futur mandat ? J’avais commis le pieux mensonge de dire que je n’étais au courant de rien et que la question hier soir n’avait pas été abordée. Et que personne ne savait si Macky Sall allait être candidat ou pas. Je maintiens que le président Macky Sall ne s’était confié à personne. Il me l’a dit lui-même dans la soirée du 14 juin.
Quand il m’a confié sa décision, je lui avais posé la question de savoir si, en dehors de moi, il en avait parlé à quelqu’un d’autre. Il m’a répondu : Personne, pas même ceux qui partagent ma maison, mon toit, mon lieu de travail. Personne ne sait quelle est la décision que je vais annoncer au peuple sénégalais le moment venu. Grand frère, je vais te faire tenir le serment sacré de ne rien divulguer de ma pensée. Je ne serai pas candidat et le moment venu, je le dirai à la nation sénégalaise, à mon peuple.
J’ai tenu le secret, comme vous le savez puisque hier soir (lundi) le président s’est adressé à la nation. Et cette adresse a été saluée par la planète entière. Tous les dirigeants de tous les pays du monde, tous les organismes internationaux lui ont rendu un vibrant hommage. Macky sall est entré dans le panthéon du Sénégal. Il y a rejoint ses illustres anciens, Ngalandou Diouf, Lamine, Guèye, Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade. Mais quelle noblesse ! Quelle grandeur ! Quel geste gaullien ! J’insiste de nouveau. Je ne pense pas qu’il se soit confié à quelqu’un d’autre parce qu’il me l’a dit lui-même. En dehors de toi, personne n’est au courant, grand frère. Et j’ai gardé le secret. Et le lendemain, le 15 juin, Babacar Fall m’a posé la question. Et j’ai commis un pieux mensonge. J’ai dit que je n’étais au courant de rien. Et pas mal de journalistes m’ont appelé. J’ai dit que je l’étais au courant de rien. Voilà.
Il était à la Mecque avant la Tabaski. Il semble qu’il y avait des membres de sa délégation qui voulaient qu’il se présente ?
Je n’étais pas dans la délégation à la Mecque. Mais je peux vous dire qu’il n’y avait pas une seule personne dans son entourage qui ne le poussait pas à se représenter. Le président est enveloppé dans sa pitié. C’est un taiseux. Mais le président avait pris la résolution de ne pas se présenter. Macky Sall est un homme d’honneur et de parole. Lorsqu’il s’est rendu à Touba, je peux dire sans se tromper qu’il a du se confier au Saint homme le Khalife général des mourides. Mais, il serait difficile à quiconque de ne pas se confier à ce saint homme teinté d’une aura divine. Je pense que le Khalif général des mourides a dû le conforter dans cette décision qu’il avait prise. Le Khalif est un homme hyper informé. Il sait tout ce qui se passe. Et il sait qui est Macky SALL. Un homme qu’il a toujours respecté et que Macky a toujours respecté.
En dehors de vous qui d’autre était informé ?
Je vais vous répondre, comme on dit, de manière cash. Macky sall s’est adressé à la nation sénégalaise. Et à travers la nation sénégalaise, il s’est adressé au monde. Et le monde a salué son adresse à la nation sénégalaise. Les applaudissements sont universels. Aujourd’hui, un soleil nouveau, et je pèse mes mots est apparu dans les relations internationales mondiales. C’est le soleil, Macky Sall. Il pourra aller où il veut à travers le monde. On le saluera avec respect et honneur. J’ai envie de lui dire : chapeau l’artiste. Le 14 juin, donc que Macky Sall m’a confié ce secret : Grand frère, je ne serai pas candidat.
Je te demande simplement de ne le dire à personne. Et j’ai respecté le serment jusqu’à ce que nous nous parlions cette nuit. Je dois à la vérité historique de dire que le 14 juin au soir, après l’entretien qui s’est tenu dans son bureau au palais présidentiel, le président Macky Sall me raccompagnait et, pour qui connaît le Palais, nous marchions le long du grand salon. Il s’est arrêté et m’a pris la main. Il m’a dit ceci : quand repars-tu, grand frère, je lui dis, moi, je m’en vais jeudi soir. Demain matin, j’ai rendez-vous avec Babacar Fall sur la RFM. Et il me dit : alors, moi je pars demain matin. A 6 heures, je m’envole avec d’autres chefs d’Etat vers Kiev. En fait, on va s’arrêter en Pologne et de là, nous prendrons le train. Et m’a dit, tu vois Nicolas Sarkozy. Je lui dis, président, il n’est pas prévu que je le vois. Il m’a dit, tu sais mieux que personne quelle est la qualité de nos relations. Quelle est l’affection et l’estime et le respect que j’ai pour Nicolas. Et ces formes de respect, d’estime et d’affection sont réciproques. Puis, il m’a dit : la seule personne, je dis bien la seule personne à qui tu confieras ce que je viens de te dire, c’est Nicolas Sarkozy. Prends contact avec lui et dis le lui. Le soir, rentré à l’hôtel, j’ai appelé. Je suis parti dans son bureau. Je lui ai dit: tu sais, j’ai insisté pour te voir parce que j’ai un lourd secret à partager avec toi et avec personne d’autre que Nicolas. Ton frère et ami Macky Sall m’a chargé de te dire, qu’il ne serait pas candidat pour un nouveau mandat. Il a eu cette réflexion. Quel monsieur Robert ! Quel monsieur Macky Sall ! Véritablement un grand homme d’Etat et je le cite fidèlement. Je lui ai dit qu’il arrive en visite à Paris prochainement. Il m’a dit de faire en sorte que je puisse le rencontrer. J’aimerais passer un court moment avec lui parce que je sais que son timing est précis. Dis-lui de venir me rendre visite juste avant son départ parce que je serai moi-même absent. Ils se sont vus le mardi, le jour du retour du président Macky Sall à Dakar. Ils se sont vus à 17 heures. Et le président Macky Sall sortait de l’Elysée où il avait eu un tête-à-tête avec le président Macron. J’étais dehors avec l’ambassadeur du Sénégal à Paris. Un très grand ambassadeur, je dois le souligner. Et Macky Sall et Nicolas Sarkozy sont restés seuls en tête à tête.
Le secret de leur entretien leur appartient. Mais je dois à la vérité historique de dire que Nicolas Sarkozy était au courant, mais il n’en a jamais parlé. Lui aussi a respecté le secret, mais c’est la seule personne qui était entièrement au courant de ce que le président Macky Sall allait dire au peuple sénégalais le moment venu.
Depuis Abidjan, comment Nicolas Sarkozy a suivi la déclaration de Macky SALL ?
Monsieur, Vous êtes un homme bien informé. Comment se fait-il que vous sachiez que le président Sarkozy était à Abidjan pendant l’allocution du président Macky Sall ? Oui, le président Sarkozy a écouté aux côtés d’Alassane Ouattara l’adresse à la nation de Macky Sall. L’un, Nicolas Sarkozy connaissait la décision et le contenu de l’adresse. L’autre, Alassane Ouatara, devait espérer que Macky Sall allait faire un troisième mandat. Ils étaient côte à côte.
L’un connaissant, l’autre ne connaissant pas.
Nicolas Sarkozy était à Abidjan chez Alassane Ouattara hier soir (lundi soir), où il dînait et c’est là qu’il a écouté l’adresse à la nation sénégalaise prononcée par Macky Sall.
Propos recueillis par Malick SARR
