juin 9, 2025
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Politique

EAUX SOUTERRAINES DANS LA RESILIENCE CLIMATIQUE AU SAHE : La BM fait le point et sort des pistes

Les ministres sectoriels du Sénégal, du Mali, de la Mauritanie, du Burkina Faso et du Tchad et des partenaires au développement ont participé hier, à un dialogue de haut niveau sur la gestion des eaux souterraines au Sahel dans les locaux de la Banque mondiale à Dakar. La rencontre était une opportunité pour la Banque mondiale de partager les résultats d’une étude à l’échelle mondiale et d’une autre spécifique à la région démontrant l’importance de l’accès aux eaux souterraines pour la résilience au changement climatique au Sahel.

« La Banque mondiale : le rôle des eaux souterraines dans la résilience climatique au Sahel », tel est l’ordre du jour hier lors de cette rencontre. Un dialogue de haut niveau a réuni le pôle d’expertise en eau de la Banque mondiale, les ministres sectoriels du Sénégal, du Mali, de la Mauritanie, du Burkina Faso et du Tchad et les partenaires au développement. La rencontre était une opportunité pour la Banque mondiale de partager les résultats d’une étude à l’échelle mondiale et d’une autre spécifique à la région démontrant l’importance de l’accès aux eaux souterraines pour la résilience au changement climatique au Sahel.

Selon l’étude globale, en cas de sécheresse, l’accès aux eaux souterraines peut entraîner une augmentation de 50 % des rendements agricoles. Le travail analytique au Sahel présente aussi la valorisation des eaux souterraines comme un levier d’amélioration de la productivité pastorale. Elles soutiennent à la fois les moyens de subsistance et les écosystèmes dont ils dépendent.

“Cette rencontre de haut niveau a permis de mettre en exergue le besoin pressant et l’opportunité prometteuse de développer l’irrigation à partir des eaux souterraines, qui reste rare au Sahel” a déclaré Saroj Kumar Jha, Directeur du pôle d’expertise en eau de la Banque mondiale. “Les eaux souterraines constituent un lien vital entre l’environnement, la santé animale et le bien-être humain. La Banque mondiale, à travers son programme de coopération des eaux internationales en Afrique (CIWA), entend faciliter les investissements à même de refléter cette interconnexion au Sahel. Par l’approche Une Seule Santé, ils devraient permettre la fourniture d’eau salubre, la facilitation des points de concentration pour les campagnes de vaccination humaine comme animale et la réduction de la pression sur l’environnement” a-t-il ajouté.

Relever le défi de l’exploitation durable de ce bien commun passe aussi par la formation en quantité et en qualité de professionnels. “Les spécialistes des eaux souterraines sont la clé de la gestion et de la préservation de ces ressources. Semer les graines de la connaissance dans les esprits fertiles des jeunes Sahéliens leur permettra de s’épanouir en une force vibrante d’expertise scientifique capable de garantir l’utilisation durable des eaux souterraines” a déclaré Fatouma Touré Ibrahima directrice sectorielle de l’eau de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest.

La plupart des ressources en eaux souterraines étant transfrontalières, la Banque mondiale félicite les pays dans leur volonté de renforcer leur coopération. Leurs efforts collectifs devraient permettre la sécurisation de cette précieuse ressource pour les générations à venir.

Etudes spécifiques des eaux souterraines du Sahel pour valoriser leur potentiel

Trois notes ont été présentées pour la zone Sahel. La première est intitulée « Valoriser le potentiel des eaux souterraines pour améliorer la productivité pastorale au Sahel » ; la deuxième « Révéler le potentiel socio-économique des écosystèmes dépendant des eaux souterraines au Sahel » et la dernière intitulée « Les eaux souterraines peu profondes comme catalyseur de l’irrigation dirigée par les agriculteurs ».

La première note est revenue sur les possibilité et avantages : Le pastoralisme est une activité économique majeure et un mode de subsistance essentiel dans la région du Sahel, où plus de 20 millions de personnes élèvent du bétail pour faire vivre leur famille. L’élevage contribue pour 15 % au produit intérieur brut de la région. Les éleveurs sont ici extrêmement vulnérables aux aléas climatiques et à la pénurie d’eau du fait de leur mode de vie nomade combiné au climat aride et hyperaride de la région. Les précipitations y sont rares et extrêmement variables ; les cours d’eau sont situés plus au sud, dans la zone agricole sahélo-soudanienne, si bien que les eaux souterraines sont souvent la seule source d’eau disponible dans la partie sahélienne de la zone. La présence diffuse, mais invisible des eaux souterraines explique qu’elles soient en grande partie sous-évaluées et inexploitées, bien qu’elles puissent considérablement maintenir les moyens de subsistance pastoraux et présenter de multiples avantages

Pour les carences et besoins, la note signale que les premières mesures prises dans les années 1950 afin de stimuler le développement pastoral au Sahel ont été suivies d’investissements importants dans les infrastructures hydrauliques pastorales. Toutefois, selon une étude approfondie menée récemment par le Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS) dans le cadre du Projet régional d’appui au pastoralisme au Sahel (PRAPS), il ressort que dans le Sahel occidental et dans le Sahel central, le réseau actuel de points d’eau opérationnels ne permettait pas de répondre aux besoins des familles pastorales et de leur bétail (Toure et al., 2019). La répartition des points d’eau pastoraux reste très inégale d’un pays à l’autre. Si certains territoires comptent un nombre excessif de points d’eau (non conformes à la densité optimale fixée par la législation en vigueur pour l’utilisation durable des pâturages), de vastes superficies de terre manquent toujours d’infrastructures permettant d’accéder aux eaux souterraines (Toure et al., 2019). L’absence d’un réseau opérationnel de points d’eau, suffisamment étendu pour le bétail le long des parcours, limite la mobilité pastorale qui est une condition essentielle en climat arides pour préserver la productivité des ressources pastorales. Les nombreux facteurs qui entravent la mobilité des éleveurs, tels que l’expansion agricole, l’adoption de politiques et de plans qui ne tiennent pas compte des moyens de subsistance des éleveurs, voire les compromettent, et l’insécurité généralisée dans la région, viennent s’ajouter au manque de points d’eau permanents, qui tend à favoriser le surpâturage. Cette situation réduit également l’accès à de nouveaux espaces de pâturage qui, au cours des années difficiles, pourraient procurer une alimentation de secours. Il convient de noter cependant que l’augmentation non planifiée du nombre de points d’eau pourrait inciter les éleveurs à s’installer, contribuant ainsi à accroître les conflits liés à l’accès et à l’utilisation de l’eau et à entraîner la dégradation de la végétation et des terres environnantes.

L’étude a aussi évoqué les leçons apprises et perspectives. Et c’est pour dire que les eaux souterraines sont essentielles aux moyens de subsistance pastoraux, à la productivité économique et à la santé humaine et animale. La mise en valeur de cette ressource offre des possibilités considérables, tant pour le maintien des moyens de subsistance pastoraux que pour celui des écosystèmes dont ils dépendent. L’expérience acquise en 20 ans par la Banque mondiale et d’autres partenaires financiers en matière de valorisation des eaux dans le secteur du pastoralisme au Sahel permet de tirer plusieurs enseignements et de guider les efforts de mise en valeur des eaux souterraine.

Quant à la deuxième note (« Révéler le potentiel socio-économique des écosystèmes dépendant des eaux souterraines au Sahel »), les experts soulignent que la faune et la flore produisent des biens et des services indispensables au développement humain, notamment de la nourriture, des médicaments, de l’énergie et du bois de construction. La dégradation des écosystèmes et des milieux naturels peut avoir des conséquences profondes et dévastatrices. La pandémie de COVID-19 a montré au monde entier comment la détérioration de ces écosystèmes pouvait favoriser l’apparition de zoonoses virales et entrainer des coûts sanitaires, économiques et sociétaux considérables pour l’être humain. Les ressources en eau du Sahel sont essentiellement souterraines. Les écosystèmes dépendants des eaux souterraines (GDE pour leur acronyme en anglais) sont donc indispensables à la survie des populations, et donnent lieu à une multitude d’interactions sociales et d’activités économiques. Les moyens de subsistance des populations et leurs activités économiques dépendent de la santé des écosystèmes. Les écosystèmes dépendants des eaux souterraines sont une source directe de biens et de services pour l’homme : poissons, bétail, plantes, médicaments, bois, ou encore stockage et purification de l’eau. Ils ont des avantages indirects qui tiennent à la préservation de la biodiversité et des habitats et paysages à des fins sociales, culturelles, esthétiques, éthiques et économiques. Les GDE sont également essentiels à la survie de diverses espèces protégées et figurent en bonne place dans les sites couverts par la Convention de RAMSAR relative aux zones humides.

La Bm estime que l’activité humaine s’inscrit pleinement dans ces systèmes socio-écologiques. Malgré les services écosystémiques qu’ils rendent et leur contribution au développement socio-économique, les GDE du Sahel sont méconnus et leurs besoins en eaux souterraines sont rarement pris en compte dans les politiques d’aménagement du territoire.

Enfin, dans la troisième et dernière note, « Les eaux souterraines peu profondes comme catalyseur de l’irrigation dirigée par les agriculteurs », il faut retenir ce qui suit : L’utilisation des eaux souterraines peu profondes le long des cours d’eau et des bas-fonds par les agriculteurs du Sahel permet à ces derniers de développer l’irrigation, sans grand risque de surexploitation. Ces eaux pourraient permettre d’irriguer plus de 2 à 3 millions d’hectares. Les puits ouverts au Sahel restent hors de portée de la majorité de la population. Les projets de développement des modes d’irrigation dirigée par les agriculteurs (FLID) doivent alors promouvoir l’utilisation de matériaux locaux pour le cuvelage des puits de manière à réduire les coûts d’investissement et à faciliter l’accès aux sources d’eau souterraine peu profondes. Il convient de renforcer les capacités des puisatiers et d’améliorer les techniques de construction des puits afin d’en accroître le rendement et la viabilité. Des puits agricoles de grand diamètre permettraient d’accroître le rendement des ouvrages dans les terrains peu perméables. l importe de rendre les pompes solaires de surface plus accessibles au Sahel afin de permettre aux femmes et aux autres groupes de population vulnérables d’irriguer plus facilement leurs cultures, mais aussi de réduire le coût de ces opérations, de limiter les émissions de gaz à effet de serre et d’éviter la surexploitation des eaux souterraines. Il faut éliminer les obstacles empêchant les femmes, qui jouent un rôle essentiel dans la production agricole, d’accéder aux technologies plus performantes d’irrigation par les eaux souterraines. Des mesures ciblées doivent être prises afin de lutter contre les valeurs patriarcales profondément enracinées qui entravent la participation des femmes, mais aussi de créer l’environnement qui leur permettra de mener à bien leurs projets agricoles et de surmonter les barrières technologiques.

 

Aminata DIARRA

 

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