juin 15, 2025
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Moyen-Orient : l’escalade

La décision israélienne d’attaquer l’Iran dans la nuit du 13 juin est d’une importance considérable dont les conséquences sont délétères, non seulement pour la région, mais aussi pour l’ensemble des relations internationales.

200 avions israéliens impliqués, une centaine de cibles visées : des quartiers d’habitation de Téhéran bombardés ; le chef des Gardiens de la révolution, le chef d’état-major, le conseiller sécurité du Guide de la révolution tués dans les bombardements ; le site nucléaire de Natanz touché. Nous n’avons pas encore un état précis des dégâts causés, mais l’attaque est d’ampleur et vise objectifs militaires et sécuritaires.

Évoquant un danger existentiel pour Israël, Benyamin Netanyahou n’hésite pas à recourir une fois de plus à la guerre préventive et franchit une ligne rouge en s’attaquant pour la première fois à un site nucléaire. Une fois de plus, le Premier ministre israélien s’affranchit du droit international et agit comme la principale force déstabilisatrice de la région.

Depuis plusieurs mois, l’hubris des dirigeants israéliens est patente et alimentée par une série d’opérations militaires régionales couronnées de succès. Benyamin Netanyahou – prétendant incarner le « peuple de l’éternité » – se félicitait au mois d’octobre 2024 de combattre sur sept fronts de guerre simultanés : Gaza, Cisjordanie, Liban, Iran, groupes armés chiites en Irak et en Syrie, ainsi que le Yémen. Mais, de son point de vue, le danger principal reste toutefois la République islamique d’Iran, la décision de cette nuit le prouve amplement.

La République islamique d’Iran est dans l’obligation de réagir, et déjà une centaine de drones semble avoir été lancée contre Israël, le risque d’escalade est désormais probable et nul ne peut prévoir avec certitude jusqu’où elle peut mener les protagonistes.

Le piège tendu par Benyamin Netanyahou est d’une dangerosité extrême. On a discerné au cours des dernières semaines des nuances d’appréciation entre Washington et Tel-Aviv et l’annonce des négociations avec l’Iran, le 7 avril, avait visiblement déplu au Premier ministre israélien. Cinq rounds de négociations ont déjà eu lieu et le sixième est planifié à Oman pour le dimanche 15 juin. Il est peu probable qu’il se tienne.

Donald Trump ne peut pas se désolidariser de son allié israélien et mobilise d’ores et déjà ses systèmes d’interception aérienne déployés dans la région. Impliquer les États-Unis dans une hypothétique escalade militaire est exactement ce que cherchent les responsables israéliens.

Par ailleurs, cela met aussi Donald Trump en porte-à-faux par rapport aux monarchies arabes du Golfe qui comprennent que les assurances de sécurité fournies par Washington sont finalement peu crédibles, tant Israël semble en situation de dicter leur agenda aux États-Unis eux-mêmes. Mohamed Ben Salman a d’ailleurs clairement condamné l’attaque israélienne de la nuit dernière.

La décision politique de procéder à l’accroissement de l’enrichissement de l’uranium pour parvenir au stade de l’utilisation militaire possible n’a pas été prise à ce stade par les dirigeants iraniens. Les événements de ces dernières heures peuvent les y pousser, bien que rien ne soit écrit. Quelques opportunités diplomatiques subsistent, Benyamin Netanyahou cherche à les couper de manière méthodique par ses décisions d’accroître dangereusement les déséquilibres régionaux.

 

Par Didier Billion, Directeur adjoint de l’IRIS

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