Dans un contexte de vives tensions au Moyen-Orient, l’ambassadeur d’Israël au Sénégal, s’exprime dans DakarTimes sur le conflit entre l’Iran et son pays. Il défend la riposte israélienne comme une nécessité face à une menace nucléaire croissante, tout en appelant à la paix, sous conditions.
Depuis plusieurs jours, des missiles iraniennes ciblent Israël. Quelle est l’ampleur des attaques et leurs conséquences ?
En six jours, plus de 400 missiles ont été tirés depuis l’Iran. Plus de 20 ont franchi nos systèmes de défense, causant la mort de 24 civils et faisant plus d’une centaine de blessés. Ces victimes viennent de tous les secteurs de la société israélienne. Il y a eu, entre autres, quatre familles musulmanes touchées, dont quatre femmes tuées. Il faut rappeler que près de 20 % de la population israélienne est musulmane. Ce matin même, un hôpital a été frappé. Cela prouve que le régime des ayatollahs cible délibérément les civils. De notre côté, je tiens à préciser que l’armée israélienne ne vise que des installations militaires, notamment les sites de fabrication d’armes en Iran.
Quel est l’historique de la tension entre l’Iran et Israël ?
Avant 1979, Israël avait une ambassade à Téhéran. Nos pays étaient de proches alliés. Mais la révolution islamique a radicalement changé les orientations politiques en Iran, et ses relations avec l’Occident. Depuis, le régime iranien n’a cessé d’afficher son hostilité envers Israël, déclarant ouvertement vouloir notre destruction. Mais je tiens à faire une distinction claire : notre problème, ce n’est pas le peuple iranien. Ce n’est pas une guerre entre musulmans et juifs. Ce n’est pas religieux. Il s’agit de neutraliser un régime extrémiste qui représente une menace existentielle.
Pourquoi Israël a-t-elle choisi de passer à l’offensive en premier ?
Nous étions dans une situation critique. L’Iran était sur le point de se doter de la capacité de fabriquer une bombe nucléaire. Et un missile équipé d’une telle charge peut parcourir jusqu’à 5000 kilomètres, atteignant bien au-delà d’Israël. Si un régime qui appelle ouvertement à la destruction d’un État détient l’arme atomique, c’est une menace pour le monde entier. Notre opération vise à empêcher cela.
Certains estiment que l’Iran agit en légitime défense. Que leur répondez-vous ?
Israël n’a jamais eu l’intention d’attaquer ou d’anéantir un autre pays. Ce n’est pas dans notre doctrine. Ce que nous observons, ce sont des déclarations iraniennes affirmant que leur enrichissement d’uranium est à usage civil. Mais les niveaux atteints aujourd’hui dépassent largement ce cadre et relèvent clairement du militaire.
Pourquoi Israël n’a-t-elle pas laissé des instances comme l’ONU gérer cette crise ?
Il y a eu plus de dix ans de négociations, sans succès. L’Iran a poursuivi ses activités. Dans un monde idéal, une organisation internationale aurait pu stopper cela. Mais au bout du compte, c’est Israël qui est le plus directement menacé. Nous agissons pour notre sécurité, mais les bénéfices de cette opération peuvent aller bien au-delà de nos frontières. D’autres pays de la région, voire du monde, pourraient être les prochaines cibles.
Des puissances comme la Chine, la Russie, les États-Unis ou la France suivent la situation avec inquiétude. Un cessez-le-feu est-il envisageable ?
Comme on dit ici au Sénégal : Inchallah ! Je prie pour la paix. Mais il y a une condition incontournable : la destruction des capacités nucléaires de l’Iran. C’est le seul point de départ possible. Notre objectif est simple : neutraliser une menace, pas créer une guerre sans fin.
Certains accusent le Premier ministre Benyamin Netanyahou d’avoir lancé ces opérations pour détourner l’attention de la crise politique intérieure. Qu’en pensez-vous ?
C’est une erreur d’analyse. Cette opération dépasse les clivages politiques. Même ceux qui critiquent le gouvernement soutiennent cette action. Il s’agit d’une question de sécurité nationale, pas de politique intérieure.
Que souhaitez-vous dire, en guise de conclusion, au peuple sénégalais et africain ?
Ce qui se passe au Moyen-Orient n’est pas si éloigné que cela du Sénégal. L’un des objectifs du régime iranien est d’étendre ses réseaux de terreur partout : au Moyen-Orient, en Asie, en Europe, en Amérique latine… et en Afrique. Si ce régime est neutralisé, le monde sera plus sûr. Et le peuple iranien, lui, aura enfin la possibilité de vivre librement.
Réalisé par Mamadou Mouth BANE et transcrit par Malick SARR