juin 20, 2025
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Economie

FINANCES PUBLIQUES EN GUINEE : Le Fmi dégage de bonnes perspectives

Le FMI a mené une consultation conformément à l’Article IV en mai 2024, approuvée en conseil d’administration, accompagnée d’un appui d’urgence de 71 M USD via la facilité sur chocs exogènes (RSW) suite à l’explosion d’un dépôt pétrolier fin décembre 2023.

Croissance :

  • Anticipations : 2024 : +4,1 % (contre 5,7 % en 2023), à cause des pénuries de carburant liées à l’explosion ;
  • Rebond attendu en 2025 à +5,6 %, porté par le secteur minier.

Inflation :

  • 2024 : forte hausse à ~11 % (impact des pénuries sur le transport et l’alimentation) ;
  • Baisse attendue sur le moyen terme, dans le sillage de la normalisation des approvisionnements.

Fiscalité et balance des paiements :

  • Déficit public global prévu à ~3 % du PIB en 2024, puis stabilisation vers 2½ % ;
  • Compte courant creuserait à –10,6  % du PIB en 2024, via le surcoût des importations de carburant
  • La Guinée reste à risque modéré de surendettement ; l’IMF recommande de maximiser les financements concessionnels, éviter la dette domestique excessive et renforcer la gestion de la dette.

Secteur monétaire :

  • Banque centrale prête à resserrer les taux si l’inflation reste élevée ;
  • Politique monétaire accommodante en 2023–2024 (réduction du taux principal à 11 %, baisse des réserves obligatoires).

Réactions et mesures post-crise pétrolière

L’explosion de décembre 2023, qui a détruit des infrastructures de carburant, a déclenché une réponse immédiate :

  • Déblocage de 71 M USD pour soutenir les ménages, décontaminer le site, reconstruire les infrastructures et bâtir un nouveau dépôt.
  • Relance transitoire de la politique budgétaire malgré un déficit accru, afin de couvrir les dépenses urgentes tout en maîtrisant la trajectoire budgétaire.

Le FMI loue la posture flexible des autorités : maintien d’un déficit contrôlé, recours prioritaire à des financements à faible coût, et recentrage progressif sur les services sociaux et infrastructurels.

Avec 90 % des exportations issues du secteur minier en 2022, la Guinée reste exposée à la volatilité des matières premières, notamment le bauxite, l’or et le fer.

L’instabilité sociopolitique post‑coup d’État de 2021 et le contexte de transition insécurisent les opérateurs et peuvent freiner les investissements.

Les chocs alimentaires et énergétiques planétaires fragilisent la stabilité des prix domestiques, avec un effet plus aigu sur les populations vulnérables.

Le FMI a publié en mai 2024 un rapport sur le rôle stratégique du projet Simandou, l’un des plus grands gisements mondiaux de fer.

Potentiel économique :

  • Début de production envisagé dès 2025, avec un effet sur le PIB de +26 % par rapport à un scénario sans projet d’ici 2030 ;
  • Appréciation modérée du franc guinéen (≈+3 % en 2025, +2 % en 2030)

Impacts sociaux :

  • Croissance de l’emploi malgré cela, pas de retombées automatiques sur la consommation privée ou la réduction des inégalités sans politiques ciblées.
  • 43 % des foyers vivent sous le seuil de pauvreté, les 10 % les plus riches détiennent 42 % du revenu total.

Les recommandations du Fmi

  • Canaliser les recettes fiscales générées vers l’éducation et les infrastructures afin de renforcer la croissance inclusive et la résilience contre la « malédiction des ressources » (Dutch Disease).
  • Mettre en place une gestion proactive des revenus, renforcer les capacités publiques et accroître la transparence.

Le diagnostic du FMI met en relief un équilibre fragile entre opportunités et défis pour la Guinée :

  • À court terme, suite à l’explosion de décembre 2023, l’économie reste vulnérable : croissance ralentie, inflation accrue, déficit et déséquilibre externe.
  • À moyen terme, la robuste reprise de la production minière et la dynamique générée par des projets comme Simandou offrent une fenêtre d’opportunité.
  • À long terme, le succès de ce cycle dépend de la qualité des politiques publiques : diversification économique, investissement dans le capital humain et infrastructures, gestion saine de la dette, stabilité politique et inclusion sociale.

 Soda SALL

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