Depuis son accession au pouvoir, le président Mamady Doumbouya s’est lancé dans une transformation profonde de l’économie guinéenne, centrée sur la valorisation de ses ressources naturelles, l’industrialisation locale et le renforcement de ses partenariats stratégiques. De la bauxite à l’or, en passant par le fer du projet Simandou ou encore le port de Conakry, tous les leviers économiques sont mobilisés pour positionner la Guinée comme un acteur majeur du développement en Afrique de l’Ouest. Zoom sur les réalisations les plus marquantes d’un mandat résolument tourné vers l’émergence.
Un cap stratégique franchi dans de l’exportation de bauxite à la production d’alumine
Deuxième producteur mondial de bauxite avec plus de 140 millions de tonnes exportées en 2024, la Guinée ne veut plus se contenter d’un simple rôle d’exportateur brut. Le président Doumbouya a donné une impulsion décisive à une stratégie de transformation locale des matières premières, avec pour ambition d’inscrire le pays sur la carte de l’industrie mondiale de l’alumine, un produit clé dans la chaîne de fabrication de l’aluminium.
Le 26 mars dernier, la multinationale chinoise State Power Investment Corporation (SPIC) a lancé les travaux de construction d’une usine de production d’alumine à Boffa, pour un investissement colossal de 1,03 milliard de dollars US. La future unité, d’une capacité annuelle de 1,2 million de tonnes, devrait entrer en production en 2028, marquant une rupture historique avec la dépendance à l’exportation de matières premières non transformées.
Selon les projections, le marché mondial de l’alumine pourrait atteindre 66 milliards de dollars d’ici 2035. Conakry veut capter une part significative de cette manne, et cela passe par des alliances technologiques, notamment avec la Russie, dont les entreprises sont sollicitées pour renforcer le complexe énergétique et pétrolier du pays. Une rencontre de haut niveau entre l’ambassadeur russe Alexeï Popov et le ministre guinéen de l’Énergie, Aboubacar Camara, a entériné cette volonté de partenariat stratégique.
Simandou, le méga-projet qui propulse la Guinée dans la cour des grands
Longtemps resté un rêve inaccessible, le projet Simandou est en passe de devenir une réalité tangible. Ce gigantesque gisement de minerai de fer, l’un des plus riches au monde, est au cœur d’une vision de développement intégrée portée par le gouvernement guinéen. Une ligne de chemin de fer de 670 km est en cours de construction pour relier les mines de Simandou à un nouveau port minéralier sur l’Atlantique, près de Forécariah.
Le projet est d’une ampleur inédite : 12 gares, plus de 200 ponts, 4 tunnels, et des milliers d’emplois directs et indirects attendus. Il constitue l’un des piliers de la transformation infrastructurelle du pays. À l’heure où de nombreux États africains peinent à concrétiser leurs projets miniers, la Guinée avance, étape par étape, vers une exploitation souveraine de ses richesses, tout en posant les bases d’un corridor logistique stratégique pour l’Afrique de l’Ouest.
Stabilité politique et retour à l’ordre constitutionnel, les gages d’un climat d’investissement rassurant
Sur le plan politique, le Premier ministre Amadou Oury Bah a récemment annoncé l’organisation d’un référendum constitutionnel et d’élections générales en 2025, confirmant l’engagement du gouvernement à remettre le pays sur les rails d’un ordre démocratique apaisé. Un comité de pilotage a été mis en place pour garantir l’inclusivité et la transparence du processus.
Cette volonté de transition maîtrisée rassure les investisseurs régionaux, notamment ceux du Sénégal et d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, qui voient désormais la Guinée comme un terrain fertile pour les affaires. La combinaison entre stabilité politique, ressources stratégiques et ouverture aux partenariats fait de la Guinée une destination de plus en plus attractive pour les capitaux privés.
Diplomatie économique : Conakry tisse sa toile entre Moscou, Pékin, l’Europe et l’Afrique
La diplomatie guinéenne connaît également un renouveau sous Mamady Doumbouya. Loin d’un alignement rigide, Conakry pratique une diplomatie économique pragmatique. Le 3 juin 2025, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a été accueilli à Conakry pour une visite officielle. Lors de son entretien avec son homologue guinéen, il a salué le climat des affaires instauré par les autorités guinéennes et réaffirmé l’intérêt croissant des entreprises russes pour le marché guinéen.
La Chine, déjà très présente via SPIC, renforce ses positions. En parallèle, l’Union européenne et des pays africains multiplient les échanges économiques et diplomatiques avec la Guinée, séduits par un leadership stable, souverain et tourné vers l’investissement productif.
L’or de Kouroussa : entre relance minière et arbitrage commercial
Le secteur aurifère connaît lui aussi une dynamique de redressement. Après plusieurs mois de suspension des activités à la mine de Kouroussa en raison d’un différend entre l’exploitant britannique Hummingbird Resources et son sous-traitant Corica Mining Services, un accord a permis la reprise des opérations.
Située dans le bassin de Siguiri, la mine est stratégique. Elle devrait produire entre 120.000 et 140.000 onces d’or par an durant ses premières années d’exploitation, avec un rendement moyen attendu de 100.000 onces/an à long terme. Le site devrait atteindre son plein potentiel au troisième trimestre 2024. Une preuve supplémentaire que la Guinée est capable de résoudre ses litiges commerciaux dans un cadre contractuel sécurisé.
Le port de Conakry : locomotive logistique de la sous-région
Enfin, le port autonome de Conakry se positionne comme un véritable hub économique et logistique en Afrique de l’Ouest. Sous la houlette du président Doumbouya, les infrastructures portuaires ont bénéficié de modernisations significatives, renforçant leur rôle dans le transit des marchandises, notamment minières, agricoles et industrielles.
Sa position géographique stratégique en fait un point d’entrée privilégié pour les corridors commerciaux reliant l’hinterland ouest-africain. Le port joue désormais un rôle moteur dans l’intégration économique sous-régionale, en facilitant les échanges entre la Guinée, le Mali, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso.
Une Guinée debout, prête à écrire une nouvelle page de son histoire économique
Sous la gouvernance du président Mamady Doumbouya, la Guinée prend un tournant décisif. Industrialisation, infrastructures structurantes, climat des affaires rassurant, diplomatie économique offensive : tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce pays un acteur de poids sur l’échiquier africain et mondial. Les défis restent nombreux, mais les bases sont désormais posées pour une émergence durable.
Modou FALL