Par Hamoud Ghaillani
Helinski finlande 27/10/2025
L’article publié récemment par L’Humanité, relatant les déclarations du ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Yeslem Beissat, marque une inflexion historique. Pour la première fois, le Front Polisario laisse entendre qu’il pourrait accepter le plan d’autonomie marocain de 2007, à condition qu’il soit validé par un référendum libre. Cette ouverture, dans un contexte géopolitique mouvant, rejoint en partie les orientations du projet de résolution américain actuellement discuté au Conseil de sécurité, lequel consacre ce plan comme base sérieuse et crédible d’un règlement politique durable.
Au-delà de la bataille des postures, une nouvelle lecture du dossier sahraoui s’impose : l’autonomie n’est pas une négation du droit à l’autodétermination, mais l’une de ses expressions juridiques contemporaines, reconnue par la Charte des Nations unies. Elle permet de concilier souveraineté et libre administration, tout en garantissant aux Sahraouis la possibilité de gérer leurs affaires internes dans la dignité et la stabilité.
C’est précisément ce réalisme politique que défend, depuis plusieurs années, le Mouvement sahraoui pour la paix (MSP).
Issu d’une volonté sahraouie indépendante, le MSP n’est ni aligné sur Rabat ni sur Tindouf : il incarne une troisième voie sahraouie, fondée sur la concertation, la coexistence et la prospérité partagée. Il appelle à sortir des blocs figés et à replacer le peuple sahraoui au cœur de la solution, non comme un symbole, mais comme un acteur du futur régional.
Le Sahel et le Maghreb traversent aujourd’hui une phase d’instabilité qui exige des solutions politiques, pas des dogmes idéologiques. La paix au Sahara occidental n’est plus seulement une question coloniale ou identitaire : c’est un impératif de sécurité collective, condition de la stabilité des routes commerciales, de la lutte antiterroriste et du développement humain dans toute la région.
L’heure est venue pour les Nations unies, les grandes puissances et les pays voisins de prendre au sérieux la main tendue du MSP, et de l’intégrer comme partie prenante du processus onusien. Ce mouvement, enraciné dans la société sahraouie – qu’elle vive à Laâyoune, Dakhla, Smara ou dans les camps – peut devenir le maillon d’engrenage d’un dialogue crédible entre les belligérants.
La prospérité, la réconciliation et la dignité des Sahraouis valent mieux qu’un demi-siècle d’attente. Le moment est venu de faire du réalisme une chance pour la paix.
