Dans une interview récente accordée au journal espagnol La Razón, le chef du gouvernement marocain, Aziz Akhannouch, affirme que les relations entre Madrid et Rabat connaissent « un moment excellent » grâce à une « convergence stratégique sur la question du Sahara marocain ». Selon lui, cette harmonie repose sur « la clarté et la constance de la position espagnole, en harmonie avec les résolutions du Conseil de sécurité », ce qui constitue « un élément essentiel de confiance » et « un facteur structurant de stabilité dans les espaces africain, méditerranéen et atlantique ».
Revenant sur la résolution 2797 du Conseil de sécurité, adoptée le 31 octobre 2025, Akhannouch la qualifie de « décision internationale juste et équitable », représentant « une avancée décisive en vue du règlement définitif de ce conflit artificiel qui a trop duré ».
Il affirme également que cette résolution « ouvre la voie à un dialogue constructif en vue d’un consensus entre toutes les parties, sans vainqueur ni vaincu, et préservant la dignité de chacun, comme l’a souligné Sa Majesté le Roi Mohammed VI ».
Pour Akhannouch, la « diplomatie royale » a permis ce « tournant diplomatique décisif », offrant à la région une occasion historique de bâtir un environnement plus harmonieux et prospère. Le chef du gouvernement insiste : la résolution « place toutes les parties face à leurs responsabilités » et encourage une dynamique nouvelle tournée vers « un développement socio-économique accru, une coexistence pacifique et une prospérité dans nos régions du Sud ».
Si l’analyse marocaine insiste sur la consolidation d’une solution réaliste, elle ouvre également volontairement ou non un espace politique que la scène sahraouie occupe déjà : celui du pluralisme.
L’idée d’un consensus entre toutes les parties, mise en avant par Akhannouch, ne peut désormais ignorer la transformation interne de la société sahraouie.
En effet, le paysage politique sahraoui n’est plus monolithique. Il se diversifie et se structure, porté notamment par un acteur devenu incontournable : le Mouvement Sahraoui pour la Paix (MSP).
Fondé en 2020, le MSP s’est imposé comme la principale alternative politique au monopole historiquement revendiqué par le Polisario.
Sa particularité réside dans une composition véritablement pluraliste, regroupant :
• des notables et cadres issus des villes du Sahara (Laâyoune, Dakhla, Smara) ;
• des Sahraouis vécu ou vivant encore dans les camps de Tindouf ;
• des communautés établies en Mauritanie ;
• une large diaspora installée en Espagne, en France et à travers l’Europe.
Cette diversité sociologique fait du MSP la plateforme la plus représentative de la majorité sahraouie silencieuse, celle qui n’a jamais trouvé son expression dans le cadre rigide du Polisario.
Loin d’être marginal, le MSP est aujourd’hui soutenu par des nombreuses personnalités politiques européennes, africaines et latino-américaines ,acteur actif dans la diplomatie informelle et les initiatives culturelles transnationales.
Sa participation récente au Conseil de l’Internationale Socialiste à Malte, où il a côtoyé chefs de gouvernement, ministres, députés et leaders politiques de premier rang, confirme sa légitimité ascendante.
Si la résolution 2797 appelle à un « consensus entre toutes les parties », encore faut-il définir quelles sont ces parties.
La réalité contemporaine impose une lecture actualisée : les Sahraouis ne sont pas représentés par une seule organisation, ni par une seule vision.
Le MSP, par sa modération, son ouverture et sa base sociale large, représente l’une des voies sahraouies les plus crédibles pour contribuer à une solution réaliste, digne et pacifique.
Son approche basée sur le dialogue, la coexistence et la recherche d’un statut politique négocié rejoint l’esprit même de la résolution 2797 évoquée par Akhannouch.
L’interview d’Aziz Akhannouch met en lumière un paramètre essentiel :
une nouvelle phase du dossier du Sahara s’ouvre, plus réaliste, plus structurée, plus internationale.
Mais ce tournant ne pourra porter tous ses fruits qu’à une condition de
reconnaître la pluralité sahraouie et intégrer les nouveaux acteurs, au premier rang desquels le MSP.
Sans cette ouverture, aucune résolution, ni 2797 ni les suivantes, ne pourra créer le consensus durable, « sans vainqueur ni vaincu », évoqué dans le discours du sa Majestéle Roi MohammedVI.
Le mouvement sahraoui pour la paix — par sa diversité, sa légitimité émergente et son engagement pour la paix constitue désormais une composante incontournable de toute solution juste, durable et inclusive.
par Hamoud Ghaillani

