Les combats s’intensifient dans l’est de la République démocratique du Congo, où l’armée congolaise affronte les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23), appuyés par des troupes du Rwanda, selon de nombreuses sources internationales. Cette escalade intervient en dépit de plusieurs accords de paix signés en 2025 à Washington et à Doha, révélant un profond décalage entre les engagements diplomatiques et la réalité du terrain.
Depuis sa résurgence en 2021, le M23 a conquis de vastes territoires dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. En janvier 2025, les rebelles et leurs alliés rwandais ont pris le contrôle de Goma, puis de Bukavu, deux villes stratégiques de l’est du pays. Ces offensives ont provoqué des déplacements massifs de population, aggravant une crise humanitaire déjà critique et mettant sous pression les opérations de l’ONU dans la région.
Le conflit a également ravivé les tensions régionales dans la zone des Grands Lacs. Kinshasa accuse Kigali de soutenir militairement le M23, accusations que le Rwanda continue de nier, affirmant agir pour sa sécurité face aux groupes armés hostiles opérant depuis le sol congolais. De son côté, le Burundi s’est rapproché du gouvernement congolais, accentuant les risques d’une régionalisation du conflit.
Sur le plan politique intérieur, la guerre complique davantage la situation du président Félix Tshisekedi, confronté à de fortes tensions avec l’opposition et la société civile, notamment autour de son projet controversé de réforme constitutionnelle. Les divisions internes affaiblissent la capacité de l’État congolais à faire face à l’insurrection.
Les tentatives de médiation, menées successivement par l’Angola sous l’égide de l’Union africaine, puis par les États-Unis et le Qatar, n’ont jusqu’ici pas permis d’imposer un cessez-le-feu durable. Les combats se poursuivent tandis que les deux camps se réarment, faisant craindre une occupation prolongée des territoires conquis par le M23 et ses alliés.
Face à cette impasse, les diplomates occidentaux, africains et du Golfe sont appelés à intensifier leurs efforts pour obtenir un cessez-le-feu immédiat, garantir l’accès humanitaire et prévenir une escalade régionale. À plus long terme, la stabilisation de l’est de la RDC passe par le respect des frontières, le retrait des forces étrangères et une coopération régionale visant à mettre fin à l’utilisation de groupes armés comme instruments d’influence.
Nairobi / Bruxelles, décembre 2025

