Chaque saison, c’est presque la même rengaine : on se dit que cette fois sera la bonne, que les clubs sénégalais ont enfin la chance de titiller le sommet du football africain (le Jaraaf et Teungueth FC comme plus récemment). Et puis au bout de quelques matchs (parfois dès la phase préliminaire), plus aucune équipe sénégalaise en lice… Mais pourquoi impossible semble si sénégalais ?
Pour dire vrai, les clubs sénégalais ne sont pas performants en Afrique. Cela ne date pas d’aujourd’hui. Sauf les années d’exception de la Jeanne d’Arc de Dakar, le football local sénégalais ne parvient toujours pas à se hisser au sommet du football continental.
Le Jaraaf et TFC encore impuissants
Au lendemain de la clôture de la phase de groupe des interclubs africains, comme très souvent, l’heure est déjà au bilan pour le Sénégal qui va se contenter de cette phase. Le Jaraaf n’a pu, malheureusement passer ce cap. Une terrible désillusion pour le club de la Médina de Dakar, deuxième au classement avant cette sixième journée, et qui n’avait besoin que d’un petit point pour se qualifier en quart de finale. L’équipe de Malick Daf n’aura vraiment joué qu’une mi-temps et se contentait de défendre sur la seconde espérant garder le score nul et verge mais c’était sans compter la détermination de l’USM Alger qui a fini par plier le match dans les dix dernières minutes (2-0). Le Jaraaf y aura cru mais se fait doubler par l’ASEC (vainqueur d’Orapa 4-0), qui finit avec le même nombre de points mais le devance au bilan des confrontations directes (2-0, 0-1).
Le recordman de sacre au Sénégal avait pourtant des atouts pour représenter dignement le football sénégalais dans cette compétition (un staff expérimenté, les moyens financiers additionnels après la qualification en phase de poule…). Mais sur le terrain, l’équipe a manqué plusieurs occasions qui auraient pu lui éviter de se retrouver dans cette situation lors de la dernière journée : le match nul au Botswana face à Orapa United (0-0) alors qu’il avait dominé tout le match ; le strict minimum (1-0) devant le même adversaire au match retour en surtout contre l’ASEC alors qu’il y avait de la place pour soigner son goal-average… Bref, avec une attaque aussi faible (seulement 2 buts inscrits en six journée et 0 à l’extérieur), difficile pour le représentant sénégalais d’imaginer passer au prochain tour. Un vrai échec pour le vice-champion du Sénégal qui avait pourtant réussi en se hisser en quart de finale, il y a trois ans.
Le manque d’organisation et d’ambitions en question
Bien que le Jaraaf ait échoué, il a tout de même fait un peu mieux que Teungueth FC. Le champion du Sénégal en titre s’est fait éliminer par le Stade d’Abidjan dès le 1er tour préliminaire de la Ligue des champions. Pour le club de Rufisque, c’est la grosse déception après une belle participation en Ligue des champions en 2020.
Chaque année, on assiste à la même valse pour les clubs sénégalais en compétitions africaines. Aucun trophée à mettre à l’actif d’un club sénégalais depuis la création de ces deux grandes compétitions par l’instance africaine. Jusqu’ici, le Sénégal se contente des seules performances de la Jeanne d’Arc de Dakar qui a atteint la finale de la Coupe CAF en 1998 et disputé une demi-finale de la Ligue des champions en 2004. Ironie du sort, ce qui est considéré encore comme la meilleure performance du football sénégalais dans ces compétitions est arrivée durant l’ère amateur. Ces exploits de la vieille dame n’était pas le fruit du hasard ; la JA avait à l’époque, un modèle de gestion parfait, mais avait également les moyens de sa politique.
Le club n’hésitait pas à mettre les moyens pour recruter les meilleurs joueurs locaux mais aussi allait piocher dans la sous-région parce qu’il payait de bons salaires et qu’il offrait des conditions meilleures que celles d’aujourd’hui. Maintenant, les clubs qualifiés pour l’Afrique, laissent partir, à chaque fin de saison, leurs meilleurs joueurs alors qu’il y a des enjeux internationaux. C’est ce qu’ont refait Teungueth FC et le Jaraaf. Un plus de ce qu’on peut qualifier de manque d’ambition, il y a un amateurisme réel chez les dirigeants, sinon comment expliquer le temps perdu par le Jaraaf avant de rejoindre Alger pour un match si capital pour des soucis de transport ? Cela ne pardonne pas dans le haut niveau.
Cet énième échec des clubs sénégalais est la résultante d’un environnement précaire du football local et d’un manque d’ambitions caractérisée des dirigeants des clubs et des instances qui dirigent ce football qui peinent à assurer les meilleures conditions d’évolutions de nos équipes et souvent avec la non-maitrise du calendrier.
Jacques Victor GOMIS