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HOMOSEXUALITÉ ET POLYGAMIE : Sauvez notre identité !

Nous y voilà ! Le risque est pris, porté par l’actualité de la visite de Mélenchon à Dakar ! N’ayons pas peur d’en parler ! De grâce, avant toute chose, une mise en garde respectueuse s’impose :  ceux qui auront choisi de nous lire mal en sortant couteaux et revolvers ou venant avec leurs ciseaux couper, encadrer et isoler des termes orphelins de leur ensemble, sont invités à plus d’élévation et de grandeur. C’est venir chercher des poux sur un crane tout nu !

« Les gens ont la liberté de faire ce qu’ils veulent, mais ils n’ont pas la liberté d’imposer aux autres ce qu’ils sont. » « Les fondements de la nature humaine, susceptibles de conduire à l’homosexualité sont bien connus dans les cultures africaines, mais cette pratique a été contenue dans des proportions qui ont empêché d’en faire un problème social. Les cultures africaines reconnaissent la dualité de l’être humain, selon laquelle, chaque personne porte en elle une dimension du sexe opposé. Les mythes cosmogoniques dogon et bambara, entre autres, sont sur ce plan, très explicites. » écrit Raphaël Ndiaye dans un solide article intitulé « Homosexualité et dualité de l’être humain. » Donnons du respect à tout combat qui préserve la vie humaine et sa dignité mais sans rien céder sur nos valeurs primordiales de défense d’une identité sociale et spirituelle forte, non négociable. Au Sénégal, l’homosexualité constitue un délit puni par la loi. Sa nature nous l’interdit. Mais nous ne devons pas nous substituer à la justice et franchir l’infranchissable : agresser et donner la mort ! Inacceptable ! À ceux qui, librement, la défendent, l’Ambassadeur de Tombouctou dit ceci : « Ne confondons pas liberté coupable et droit de l’homme ! »

Les étudiants qui ont applaudi Jean Luc Mélenchon à Dakar, dans leur amphithéâtre, quand celui-ci, dans son rôle et l’affirmation de sa culture, témoignait de son soutien à l’homosexualité, pourraient ressembler à ceux qui, avec leurs professeurs et les officiels de leur pays compris, se sont tus, sans un mot, presque tête baissée, quand Nicolas Sarkozy est venu leur dire, chez eux, droit dans les yeux, que « L’Afrique n’était pas assez entrée dans l’histoire. » Ce n’est pas après, mais sur le fait, que la réactivité et la réponse devaient rencontrer l’histoire !

Mélenchon, à la vérité, a peu désobéi à l’esprit de notre culture, puisqu’il n’a pas osé nous demander de laisser entrer « la bête » comme la nomme ses chasseurs et archers courroucés ! Obama, lui, nous l’a demandé et Macky a décliné poliment l’offre. Mais Mélenchon connaissant l’interdit, a quand même osé l’évoquer, comme un voleur qui sait qu’il ne partira pas avec son butin ! Il a nommé « la bête », mais la salle s’est tue, par  politesse ou sous hypnose, comme si rien n’avait été dit ! Dans son texte écrit et publié « Retour du Sénégal », Mélenchon dit ceci : « Je ne m’attendais pas à l’évocation du sujet de la polygamie et des droits LGBT. Nous ne sommes pas identiques, parce que nos sociétés ne le sont pas. »

La différence avec les « Grands Blancs » comme Senghor les désigne, c’est que nous assumons notre polygamie en y rajoutant allégrement des maitresses et eux assument leur monogamie en y greffant des maitresses à tous les métros ! Nous sommes tous de redoutables polygames ! Yannick Noah nous fait sourire. Écoutons-le : « La polygamie est plus honnête et ça vaut aussi pour les femmes. Moi je propose un CDD de deux ans. Ensuite, on avise. »

Il importe juste de ne pas enjamber sa propre jarre pour aller briser celle de l’autre ! En un mot, ne pas humilier et aller affronter les croyances et pratiques sociétales des autres. Et réciproquement. Aussi simple !

La Bible, selon la sentence de l’église, désigne l’homosexualité comme une abomination. Le Coran la condamne et la rejette. Ceux qui ne croient ni en Dieu ni au Diable, feront leur libre choix. Mais d’abord, qu’est-ce donc l’homosexualité ? Elle est définie et désignée comme « l’attirance sexuelle ou amoureuse envers une personne du même sexe ou du même genre que le sien. » On note qu’elle est de « proportion minoritaire dans tous les groupes ethniques. » Voilà qui est campé !

Le mouvement LGBT peut s’exprimer, vivre, rayonner librement partout où l’accueil politique, culturel, religieux et moral le lui permet. En revanche, il ne faut pas aller défoncer des portes fermées pour être forcément reconnus, admis. Les hommes politiques, les puissants lobbies financiers, doivent cesser de tenter d’imposer à des pays libres, des civilisations, des cultures différentes, la ligne LGBT. A la vérité, il ne s’agit ni de stigmatisation, ni de préjugé, ni de discrimination, ni de stéréotype négatif. Il s’agit d’option de culture de vie, d’idéal de vie, d’identité, de foi. Des homosexuels naissent et vivent chez tous les peuples de la terre. Mais ils n’arrivent pas homosexuel au berceau comme d’ailleurs les génocidaires, les assassins, les dictateurs sanguinaires, les violeurs, les snipers de nos écosystèmes, les gangsters politiques. Que se passe-t-il donc du berceau à l’acte ? A quel moment surgit « la bête » ?

En revanche, l’hermaphrodisme, spécifique « phénomène biologique de cas ambigus de développement sexuel », pour prendre cet exemple, désigne « le fait pour un être vivant, d’être doté à la fois de caractères sexuels mâle et femelle. Comme chez les plantes et les animaux. » Cela n’a rien à voir avec l’homosexualité tel qu’entendu et sujet à polémique de haut débit dans notre pays.

Pour revenir à l’homosexualité proprement dite, nulle peuplade n’est exemptée de ce phénomène humain, admis, toléré ou banni, qui participe de notre condition complexe et chimique d’être, de nos pulsions, de nos désirs, de nos manques, de nos vices, de notre diversité et de nos différences. Des peuples aux cultures et pratiques diverses se nourrissent de chiens, de chats, de rats, d’ânes, de singes, de cheval, de fourmis, d’insectes, de serpents, de crapauds. D’autres, non ! Même si un jour une mortelle famine les forçait de céder à l’interdit, il en restera qui préféreront mourir que survivre en mangeant des rats et des poux !

Partout sur la terre vivent des homosexuels. Visibles ou invisibles ! Qui disait que dans chaque famille, il y a un livre que l’on ne peut lire à haute voix ? Dans des pays menaçants dont ils sont souvent les fils et les filles, des homosexuels ont appris et choisi d’y vivre sans bruit, en mesurant le degré de l’interdit, en sachant comment préserver leur spécificité, cacher et dissimuler une « nature » contraire, en protégeant leur spécificité, en respectant les lois morales et culturelles de la société dans laquelle ils vivent. Il n’y a pas que l’homosexualité avec laquelle on vit caché là où elle est interdite ! D’autres interdits existent et plus effrayants encore ! L’humanité est ainsi faite comme le règne animal, avec ses merveilles, ses grâces, ses secrets, ses abominations, sa cruauté, sa magie.

Que l’on laisse le Sénégal tranquille et que le Sénégal laisse tranquille les autres ! Nous ne légaliserons pas ce qui ne peut ni ne pourrait l’être ni aujourd’hui ni demain ! Aux associations et lanceurs d’alertes, avec respect, point besoin de donner de la voix, de cracher jusqu’à ses poumons, de proposer des lois de criminalisation ou de pendaison, pour se mettre au travers de ses vaines tentatives de nous imposer ce qui n’est pas admis par notre corps social. Continuer à lever la voix ne serait rien d’autre que donner encore davantage de visibilité au mouvement LGBT. Laissons l’État veiller, agir pour nous. Faisons-lui confiance.

L’homosexualité n’est pas notre projet, pour utiliser un mot à la mode au Sénégal ! Il y a plus urgent d’autre à affronter et vite : cette apocalypse sénégalaise plus destructrice que tout : l’indiscipline, l’incivisme, l’insolence, l’illettrisme, la médisance, la jalousie, la haine, l’impunité, la défiance et la bravade, la corruption qui gangrène tout ! Voilà le mal dominant qui affronte avec panache un État hésitant, comme désarmé et toujours sur la défensive. Voilà le vrai combat de ce cher pays que nous aimons tant et que nous regardons s’effriter si, très vite, nous ne réinventons pas un nouveau citoyen !

Avec respect, nous disons à l’apaisé   Président Diomaye et à son gouvernement de rupture, que si vous endiguez l’indiscipline, l’irrespect, l’illettrisme, la bravade, l’incivisme de ces Sénégalais qui affrontent sans peur nos services de l’ordre et de défense, nos vieillards, nos pères, nos mères et qui dynamitent  nos valeurs  sacrées, fondement d’une société viable et nourricière, vous aurez construit alors, plus que tous, la plus grande et la plus solide infrastructure de développement culturelle, sociale et économique jamais réalisée au Sénégal : c’est-à-dire  un nouveau Sénégalais !

L’homosexualité n’est pas notre vrai combat ! Comme la Franc Maçonnerie, d’ailleurs. Elles nous éloignent du vrai combat. C’est un hameçon sans appât, un piège ! Allons jusqu’au bout : oui, nous rejetons et ne tolérerons pas l’homosexualité ! Oui, nous sommes un pays laïque qui n’a pas encore voté des lois pour fusiller ou pendre ceux qui pratiquent l’homosexualité ! Des Sénégalais qui ont osé le faire, ont été arrêtés et punis. Tiens, qui est allé à ce jour les libérer de prison ou demander leur élargissement par des meetings et des marches publiques ? Oui, pouvons-nous également décider, pour être en phase avec notre combat, de ne pas vivre, échanger, commercer avec des pays qui eux, ont choisi de défendre, de protéger et de faire vivre l’homosexualité ? Si Biden, Macron, Poutine, Xi Jinping étaient des homosexuels, refuserait-on de les recevoir au Sénégal ? Ne pas manger le scorpion, mais s’empiffrer de sa sauce, reste énigmatique !  Depuis l’aube de l’humanité, l’homosexualité existe. Visible ou invisible, elle existera.

Si nous restons ensemble uni sur l’essentiel face cette jeunesse colossale et déferlante laissée à elle-même, à qui on a promis des croissants alors que la farine elle-même manque, face à nos réels obstacles, nos faiblesses, notre indiscipline, nos crachats, notre déficit de vision et de prospective, notre défiance des lois, nos vanités, notre cécité, nos faillites civiques, notre venin que nous secrétons nous-mêmes, alors, alors seulement nous gagnerons. Promettons-le : nous ne pouvons ne pas gagner ! Nous sommes un peuple de victoire, d’émotion certes, mais de raison, quand l’orage devient menaçant et meurtrier ! Il l’est !

Amadoux Lamine Sall

Poète

Lauréat du Grand Prix International de Poésie africaine, Rabat, Maroc.

 

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