Le Maroc et la Mauritanie entretiennent des liens sécuritaires, économiques et politiques, tels que la coopération dans le commerce frontalier et les accords bilatéraux. En outre, Nouakchott cherche à entretenir de bonnes relations avec l’Algérie afin de maintenir un équilibre diplomatique dans la région.
Une récente rencontre entre le roi du Maroc Mohammed VI et le président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani a marqué une amélioration des relations entre les deux pays, selon des experts nord-africains.
Le Dr Jamal Ait Adam, spécialiste des affaires nord-africaines, mentionne dans un rapport publié par Modern Policy que les relations entre le Maroc et la Mauritanie incarnent un concept crucial de l’intégration régionale en raison de leur histoire et de leur coopération mutuelle.
L’un des points clés de ce partenariat est la proximité géographique entre la région sahélo-saharienne et l’Afrique du nord, qui les place en première ligne face aux menaces sécuritaires telles que le terrorisme, le crime organisé, le trafic d’êtres humains et la migration illégale.
Le conflit du Sahara occidental
Après l’indépendance du Maroc en 1956, le pays a revendiqué le Sahara occidental comme faisant partie de son territoire. En 1975, la Marche verte a été organisée : 350 000 citoyens se sont mobilisés pacifiquement vers le Sahara pour faire pression sur l’Espagne afin qu’elle quitte le territoire.
Les protagonistes du conflit sont le Maroc, la Mauritanie et le Front Polisario. Ce dernier est un mouvement indépendantiste qui lutte pour la création d’un État sahraoui et est soutenu par l’Algérie, qui a établi le gouvernement en exil de la République arabe sahraouie démocratique en 1976.
La Mauritanie est également un acteur clé, car elle revendique, comme le Maroc, une partie du Sahara occidental qui a été divisée lors des accords de Madrid, le Maroc prenant le nord et la Mauritanie le sud.
Pendant l’administration du Sahara méridional, le gouvernement mauritanien a été attaqué par le Front Polisario et a signé un accord de paix avec le Front, renonçant ainsi à sa revendication territoriale sur le Sahara en 1979.
La Mauritanie et sa position géographique
La Mauritanie se trouve donc dans une situation géopolitique critique en raison de ses relations frontalières avec l’Algérie à l’est et le Sahara marocain au nord. Malgré les tensions, Nouakchott maintient une position neutre dans ce conflit et participe à des initiatives qui contribuent à créer un nouveau climat politique et économique dans la région, comme sa participation au gazoduc reliant le Nigeria aux pays d’Afrique de l’ouest et à l’Europe.
Les défis géopolitiques et sécuritaires auxquels sont confrontés le Sahel et la région subsaharienne permettent à la Mauritanie de jouer un rôle actif dans l’apaisement de la crise politique croissante entre le Maroc et l’Algérie.
C’est pourquoi les relations maroco-mauritaniennes reflètent un consensus de vues stratégiques, axées sur l’intégration régionale et le développement durable, le développement des provinces du sud du Maroc étant la clé de voûte de la stratégie économique.
L’initiative autonome lancée par le Maroc adopte une approche unifiée pour transformer les provinces du sud en un corridor économique crucial reliant l’Afrique et l’Europe. Des infrastructures modernes, des zones industrielles et des énergies renouvelables soulignent le potentiel de ces régions à devenir des centres mondiaux d’investissement et de commerce.
L’un des plans stratégiques qui donnent vie à ce concept est le port maritime atlantique de Dakhla. Il représente le renforcement de la connectivité maritime entre l’Afrique, l’Europe et l’Amérique du sud, ce qui stimule le commerce régional.
L’importance des partenariats mauritano-marocains
Le gouvernement mauritanien voit dans ce projet une occasion de renforcer les relations économiques avec le Maroc, en plus de profiter du port de Dakhla pour atteindre les marchés internationaux.
Ce partenariat a le potentiel de promouvoir des initiatives conjointes qui renforcent le rôle des deux États en tant qu’acteurs clés dans l’équilibre régional des pouvoirs, que ce soit en contribuant à la sécurité régionale ou en lançant des projets qui encouragent l’intégration africaine.
En outre, il pourrait servir de modèle pour la coopération régionale, en renforçant la capacité des deux États et de la région à relever des défis communs aujourd’hui et à l’avenir.
Cette coopération favorise le développement durable dans plusieurs domaines, notamment la cybersécurité et les techniques avancées de surveillance et de recherche, ce qui permettra aux deux pays de renforcer leurs capacités de défense et de relever les nouveaux défis.
La coopération maritime et militaire développera un réseau plus large de partenariats régionaux impliquant les États du Sahel et de l’Afrique de l’ouest afin de créer un cadre de sécurité unifié. La formation conjointe et le partage d’expérience permettront aux forces armées des deux pays de faire face à des défis inattendus.
Les relations maroco-mauritaniennes nécessitent un cadre politique souple et ouvert pour la réalisation du partenariat stratégique et de ses capacités. Un cadre économique solide est également important, car il permettra un succès politique durable.
Ce partenariat doit avoir une vision globale qui renforce le développement mutuel de projets financiers clés et durables, tels que l’infrastructure régionale, afin de remodeler la situation géopolitique et économique de l’Afrique du nord et de la région du Maghreb pour construire un continent plus intégré.
Antonia P. Torres
