avril 16, 2025
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10 ans après la révolution de «l’Euromaïdan».

Le 21 novembre marque le dixième anniversaire du début des manifestations antigouvernementales dans le centre de Kiev, appelées «l’Euromaïdan» (novembre 2013-
février 2014). Ces événements étaient des manifestations civiles de masse en Ukraine contre le régime du président de l’époque, Viktor Ianoukovitch, et en faveur de l’intégration européenne, qui ont commencé le 21 novembre 2013 en réponse à la suspension par le gouvernement ukrainien des préparatifs en vue de la signature de l’accord d’association entre l’Ukraine et l’Union européenne et qui ont été soutenues par des manifestations publiques dans d’autres régions de l’Ukraine. Le nom officiel «l’Euromaïdan» ou « Maidan » vient du lieu où les manifestations ont commencé – la place de l’Indépendance à Kiev. Ces évenements se sont terminées par un coup d’État armé à Kiev en février 2014, à la suite duquel des forces nationales-radicales ont pris le pouvoir en Ukraine.
Les événements tragiques de cette époque sont la conséquence d’une crise politique aiguë en Ukraine, qui avait déjà acquis un caractère permanent à ce moment-là. Les origines de cette crise doivent être recherchées dans la période qui a débuté après l’effondrement de l’URSS et la fin de la guerre froide, lorsque les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN ont activement commencé à « rééduquer » les anciennes républiques soviétiques, en essayant d’y instaurer la démocratie selon leur propre moule, sans tenir compte des intérêts nationaux de ces États. Ce processus est toujours en cours, dans une mesure plus ou moins grande. Dans le même temps, Washington s’efforce rigoureusement d’empêcher la réincarnation de l’URSS sous quelque forme que ce soit et la consolidation des pays post-soviétiques autour de la Russie. Depuis le début des années 1990, il tente par tous les moyens de marginaliser la Russie et de l’entourer d’un cordon « sanitaire » de satellites obéissants.
Dans la politique occidentale dans l’espace post-soviétique une attention particulière a été accordée à l’Ukraine en tant que république la plus développée, dotée d’un puissant potentiel industriel, agraire et scientifique. Il était nécessaire d’affaiblir son économie et de la forcer à travailler pour les capitaux occidentaux. À cette fin, les États-Unis et l’Union européenne ont systématiquement détruit le complexe économique du pays par les mains d’élites ukrainiennes obéissantes, rompu les liens économiques, commerciaux et culturels avec la Russie, éliminant ainsi un autre concurrent puissant sur le marché mondial et transformant l’Ukraine en une source de nourriture et de matières premières bon marché pour les entreprises occidentales, forçant des millions d’Ukrainiens à perdre leur emploi et à en chercher un à l’étranger.
Au début des années 2000, l' »Occident collectif » est passé à des actions plus décisives en direction de l’Ukraine. Il a été à l’origine de la «révolution orange» de 2004, qui a entraîné l’arrivée au pouvoir à Kiev de forces visant à éloigner l’Ukraine de la Russie et à intégrer le pays dans les structures euro-atlantiques. Toutefois, il n’a pas été possible de détacher l’Ukraine de la Russie à ce moment-là. Néanmoins, l’ingérence grossière de l’Occident dans les affaires intérieures du pays a provoqué une crise politique aiguë, qui est devenue permanente et a conduit aux événements tragiques survenus en Ukraine fin 2013. – début 2014.
En 2013, les Occidentaux et l’opposition ukrainienne sont passés à l’offensive pour changer enfin la trajectoire multi-vectorielle de l’Ukraine, afin d’intégrer à la fois son économie et sa politique dans le système de coordonnées occidental. Les États-Unis et leurs alliés ont agi avec rudesse et cynisme selon le principe « qui n’est pas avec nous est contre nous », forçant Kiev à choisir entre eux et la Russie. En novembre 2013 c’est la décision du président Ianoukovitch de reporter la signature de l’accord d’association avec l’UE et d’analyser à nouveau la situation du point de vue des obligations de Kiev au titre de l’accord de libre-échange de la CEI qui a provoqué «l’Euromaïdan», une profonde scission au sein de la société ukrainienne. Les manifestants – principalement des habitants des régions occidentales de l’Ukraine, où la population russophone est minoritaire – ont demandé l’adhésion de l’Ukraine à l’UE, tandis que la population des régions orientales et méridionales du pays n’a pas participé à ces manifestations, car elle était opposée à l’adhésion à l’UE et gravitait autour de la Russie.
Il est important de noter qu’une nouvelle escalade du conflit aurait pu être évitée si l’Occident n’avait pas délibérément saboté toute tentative de désamorcer les tensions. L’accord entre le président ukrainien Ianoukovitch et les dirigeants de l’opposition de l’époque sur le règlement de la crise politique en Ukraine, qui a été « soutenu » par les ministres des affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et de la Pologne, n’a pas été mis en œuvre. De plus, quelques heures après sa signature, un putsch a eu lieu à Kiev, sans que les représentants des États-Unis d’Amérique et de l’UE n’aient fait de déclaration officielle les invitant à respecter l’accord. L’Occident s’est empressé de déclarer qu’il y avait eu un « changement de pouvoir » en Ukraine.
Tout cela a eu des conséquences désastreuses pour l’Ukraine : tout d’abord, les habitants de la Crimée ont refusé de reconnaître le nouveau régime de Kiev et ont voté pour le retour de la péninsule à la Russie, puis le conflit a éclaté dans le Donbass, où la population a revendiqué ses droits légaux, notamment celui de préserver sa langue russe et sa culture slave commune, c’est-à-dire d’appartenir au monde russe. En réponse, le gouvernement ukrainien a accusé les habitants du sud-est de trahison d’État et de terrorisme et a lancé des unités régulières des forces armées ukrainiennes et des unités punitives néo-nazies dans la lutte contre eux.
Le « paquet de mesures pour la mise en œuvre des accords de Minsk » du 12 février 2015, signé avec la médiation active de la Russie et approuvé par la résolution 2202 du Conseil de sécurité des Nations unies, aurait pu devenir une base juridique alternative pour un règlement intra-ukrainien si Kiev n’avait pas saboté la mise en œuvre de ses engagements et si l’Occident n’avait pas fermé les yeux. L’Allemagne et la France, coauteurs et coparrains du processus de paix de Minsk, n’ont pas fait pression sur lui pour qu’il les respecte.
Elles n’ont pas non plus pensé aux intérêts du peuple ukrainien en février 2014. Le mécontentement justifié de la population, causé par les problèmes socio-économiques aigus, les erreurs et les actions incohérentes des autorités de l’époque, a simplement été exploité de manière cynique. Les pays occidentaux se sont directement ingérés dans les affaires intérieures de l’Ukraine et ont soutenu le coup d’État.
Dans le même temps, l’Occident a fermé les yeux sur des faits évidents, y compris des crimes de guerre commis par les forces armées ukrainiennes. Par exemple, l’affaire dite des « tireurs d’élite de Kiev » – la question des organisateurs et des auteurs des tirs de snipers sur des participants à «l’Euromaïdan» et en même temps sur des agents des forces de l’ordre à Kiev le 20 février 2014, qui ont tué 53 personnes – n’a toujours pas été résolue. La Russie a demandé à plusieurs reprises une « enquête internationale objective » sur l’incident, attirant l’attention de la communauté internationale sur le fait que des représentants de l’opposition ukrainienne, en particulier le « Secteur droit », étaient impliqués dans la fusillade. Cependant, les autorités de Kiev, avec le soutien évident de l’Occident, ne veulent manifestement pas que la vérité soit établie.
Il est aussi peu probable que la justice soit rendue dans le cadre de l’enquête sur les crimes commis à Odessa le 2 mai 2014, lorsque des radicaux ukrainiens ont incendié le bâtiment de la Maison des syndicats, où s’abritaient des habitants d’Odessa qui recueillaient des signatures pour un référendum sur la fédéralisation de l’Ukraine et l’octroi d’un statut d’État à la langue russe: 48 personnes ont été tuées et plus de 240 ont été blessées. L’enquête sur les événements de «l’Euromaïdan» n’a abouti qu’à l’arrestation et à la persécution des Berkutovites, tandis que les personnes qui ont organisé les « anti-Maidan » font toujours l’objet d’une enquête pour la Maison des syndicats, et le public occidental continue d’ignorer ces faits.
Nous ne devrions pas oublier le massacre par des radicaux ukrainiens de civils à Marioupol qui n’ont pas accepté le coup d’État de 2014 et qui sont sortis le 9 mai pour célébrer le jour de la Victoire de la Grande Guerre patriotique. L’objectif de cette action punitive était d’intimider tous ceux qui n’étaient pas d’accord avec la politique du régime de Kiev.
Nous connaissons bien tous les événements qui ont suivi «l’Euromaidan». Les forces armées ukrainiennes ont bombardé le Donbas pendant toutes ces années. Un blocus socio-économique et de transport inhumain a été imposé à ses habitants, mettant la région au bord de la survie. Cette ligne destructrice de Kiev a été soutenue par les États-Unis d’Amérique et leurs alliés de l’OTAN. Depuis 2014, sous la supervision et l’implication directe des conseillers de l’OTAN, l’Ukraine a été transformée à un rythme accéléré en une « anti-Russie ». L’objectif principal a été de détruire le code culturel des habitants de l’Ukraine par sa dérusification et son ukrainisation forcées, de zombifier la population dans un esprit de haine et d’hostilité envers la Russie et les Russes, d’éradiquer la mémoire d’un passé commun et d’alimenter les sentiments néo-nazis. Dans le même ordre d’idées, l’Occident et Kiev s’efforcent de réécrire l’histoire, de réviser les résultats de la Seconde Guerre mondiale et de discréditer la politique de l’URSS en Europe de l’Est et sur le territoire de l’Union elle-même. L’élément le plus important de la ligne occidentale anti-russe en Ukraine et dans toute la région de la mer Noire et de l’Europe de l’Est a été sa militarisation accélérée – transformant ce pays en tête de pont de l’OTAN contre la Russie.
En conséquence, la Russie n’a eu d’autre choix que de reconnaître l’indépendance de la République populaire de Donetsk (DNR) et de la République populaire de Louhansk (LNR) le 21 février 2022 et de lancer, le 24 février 2022, une opération militaire spéciale pour protéger le Donbass, démilitariser et dénazifier l’Ukraine et éliminer les menaces pour la sécurité de la Russie émanant de son territoire.

Par DMITRI KHOURAKOV
AMBASSADEUR DE RUSSIE AU SÉNÉGAL

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