mai 10, 2025
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JOURNALISME ET FAKE NEWS : Comment lutter contre le problème de la désinformation ? 

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Le journalisme est de plus en plus miné par des démons qui ont poussé certains à parler de la décadence de ce noble métier. Dans une publication qui constitue la production la plus récente parmi toute une série de ressources avancées proposées dans le cadre de l’action de l’UNESCO en matière d’enseignement du journalisme, ladite organisation onusienne en collaboration avec la Fondation Hirondelle ont produit le document « Journalisme, fake news et désinformation ». Le but de ce manuel est d’aider à lutter contre le problème de la désinformation. Cette publication fait partie de « l’Initiative mondiale d’excellence dans l’enseignement du journalisme » l’un des points les plus importants du Programme international pour le développement de la communication (PIDC) de l’UNESCO.

Le but principal de cette publication est l’approfondissement des capacités de réflexion critique et le renforcement des défenses des étudiants en journalisme, des journalistes professionnels et des autres personnes qui « pratiquent le journalisme ». Les critères d’évaluation essentiels doivent être l’exactitude et la vérification des faits ainsi que le respect des principes d’éthique fondamentaux, l’approfondissement de la recherche et l’analyse critique.

En tant que modèle de programme, c’est un manuel qui a été conçu comme un cadre, destiné aux enseignants et aux formateurs ainsi qu’aux étudiants en journalisme, et comme un ensemble de leçons sur les différents aspects liés au phénomène des « fake news ». Nous espérons qu’il servira également de guide pour les journalistes professionnels en activité.

Ce manuel rassemble les contributions d’enseignants en journalisme, chercheurs et intellectuels de haut niveau, provenant de différents pays, qui nous aident à actualiser les méthodes et les pratiques journalistiques face aux défis de la mésinformation et de la désinformation. Les leçons sont contextuelles, théoriques et, dans le cas de la vérification en ligne, extrêmement pratiques. Utilisées comme cours collectifs ou individuellement, elles peuvent contribuer à rafraîchir les connaissances relatives aux différents modules d’enseignement déjà existants ou à créer de nouveaux modules. Vous trouverez, après cette introduction, des suggestions sur Comment utiliser ce manuel en tant que modèle de programme.

L’utilisation du terme « fake news » dans le titre et dans les leçons a été source de débat. Aujourd’hui, le terme « fakenews » est bien plus qu’une étiquette servant à désigner des informations fausses ou trompeuses, déguisées en vraies nouvelles et diffusées comme telles. Ce terme possède une charge émotionnelle et est utilisé comme arme pour discréditer et décrédibiliser le journalisme. C’est la raison pour laquelle nous préférons employer les termes mésinformation, désinformation et « désordres de l’information » tels que suggérés par Wardle et Derakhshan19, bien que leur utilisation ne soit pas obligatoire.

Pourquoi la désinformation ? 

La désinformation ne date pas d’aujourd’hui, mais elle est maintenant alimentée par les nouvelles technologies La manipulation de l’information est un phénomène historique, qui a commencé bien avant la naissance du journalisme moderne et des règles établies par ce dernier en matière d’intégrité de l’information. Un exemple intéressant remonte à la Rome antique23 et à la rencontre entre Antoine et Cléopâtre : l’adversaire politique d’Antoine, Octavien, orchestre la diffusion de rumeurs à l’encontre du premier par de « brefs slogans caustiques, imprimés sur des pièces de monnaie, comme des sortes d’ancêtres des Tweets. »24 L’auteur de cette campagne de dénigrement deviendra le premier empereur romain : c’est, donc, grâce aux fausses nouvelles qu’Octavien réussit à mettre fin, une fois pour toutes, au régime républicain ».

Toutefois, au 21e siècle, l’information est devenue une véritable arme, comme cela n’avait pas encore été le cas auparavant. De nouvelles technologies puissantes facilitent la manipulation et la fabrication des contenus, tandis que les réseaux sociaux amplifient de façon spectaculaire les fausses nouvelles diffusées par des Etats, des responsables politiques populistes et des entreprises malhonnêtes, car elles touchent un public dépourvu de sens critique et du discernement nécessaire.

Les plateformes sont devenues un terrain fertile pour la propagande numérique26, le « trolling » et les « armées de trolls »; les « réseaux de faux-nez » (personne utilisant des identités multiples par souci dediscrétion ou dans le but de tromper, d’abuser.29), et les « spoofers » (usurpateur d’identité électronique). Puis, pendant les campagnes électorales, nous avons assisté à l’arrivée de « fermes à trolls ».

Bien que l’époque et les technologies soient différentes, l’histoire peut nous aider à comprendre les causes et les conséquences du phénomène contemporain des « désordres de l’information » que nous cherchons à analyser dans ce manuel. Afin d’apporter une information nuancée sur ce phénomène, les journalistes, les formateurs et les enseignants en journalisme (ainsi que leurs étudiants) sont encouragés à étudier la désinformation, la propagande, les canulars et la satire en tant que facteurs historiques de l’écosystème de la communication.

Le développement de stratégies journalistiques pour lutter contre la désinformation doit s’accompagner de la prise de conscience du fait que la manipulation de l’information remonte à des milliers d’années, alors que le journalisme professionnel est relativement récent. Au fur et à mesure que le journalisme évoluait, en remplissant un rôle normatif dans la société contemporaine, les médias d’information ont pu opérer, dans la plupart des cas, loin des officines de fausses informations et des attaques déguisées, protégés par des journalistes attachés à l’éthique professionnelle de la vérité et de l’intérêt général employant des méthodes de vérification. Le journalisme a traversé différentes phases et cycles au cours desquels il a « cherché ses marques ».

Aujourd’hui, malgré le caractère pluriel du « journalisme » il est encore possible d’identifier la diversité des récits, dans l’information, comme s’il s’agissait des membres d’une famille commune de méthodes de communication distinctes, fondées sur l’éthique, qui recherchent également l’indépendance, du point de vue éditorial, par rapport aux intérêts politiques et économiques. Avant l’établissement de ces normes d’éthique, toutefois, il existait peu de règles concernant l’intégrité de l’information dans la communication de masse.

La diffusion de la presse à imprimer de Gutenberg, à partir de la moitié du 15e siècle, a été un facteur indispensable à l’établissement et au développement du journalisme professionnel ; cependant, la technologie a également favorisé l’amplification de la propagande et des canulars, dont les auteurs étaient, parfois, les médias d’information eux-mêmes. La radiodiffusion a offert à la propagande, aux canulars et à la manipulation des données de nouvelles possibilités, comme l’a montré, en 1938, le feuilleton radiophonique la Guerre des Mondes, devenu tristement célèbre. Le développement de la radiodiffusion à l’échelle internationale a également donné lieu à une instrumentalisation de l’information allant bien au-delà des paramètres de l’information professionnelle et indépendante, bien que les pures « inventions » et les falsifications totales aient été, en général, plutôt l’exception que la règle dans l’information diffusée par les différents acteurs de la communication.

Nous pouvons également apprendre quelque chose de la longue histoire de tous ceux qui ont cru à des « poissons d’avril » y compris des journalistes occasionnels36. Il n’est pas rare, encore aujourd’hui, que l’information satirique– qui a joué un rôle important au service du journalisme responsable – ne soit pas comprise par les utilisateurs des réseaux sociaux, qui la répandent comme s’il s’agissait de vraies informations.

Dans certains cas, faisant écho à des exemples historiques, des sites supposés satiriques opèrent au sein d’un plus vaste réseau conçu pour rafler les bénéfices des campagnes publicitaires sur Internet grâce à des consommateurs crédules, qui se limitent à cliquer et à partager des contenus, sans réfléchir. Ceci concerne non seulement les contenus affichés par des « usurpateurs » mais aussi la crédibilité des informations39, ce qui est une raison de plus pour encourager les journalistes à redoubler d’efforts pour assurer la précision des informations diffusées, en premier lieu. Cela doit également inciter la société à faire en sorte que le public dispose des compétences nécessaires pour l’éducation aux médias et à l’information et soit en mesure d’évaluer et d’analyser clairement, de manière critique, l’évolution des genres et des conventions dans les médias d’information, dans la publicité, le divertissement et sur les réseaux sociaux.

L’histoire nous enseigne également que les forces qui se cachent derrière la désinformation ne veulent pas forcément persuader les journalistes ou un plus vaste public de la véridicité des fausses informations, mais elles essaient, plutôt, de semer le doute sur l’état des informations vérifiables produites par les professionnels. Cette confusion amène de nombreux nouveaux consommateurs à croire, de plus en plus souvent, qu’ils peuvent choisir ou créer librement leurs propres « faits » parfois avec l’aide de politiciens qui cherchent à se protéger face à des critiques légitimes.

Nous allons maintenant faire un bond en avant, en 2018, pour assister à la prolifération de nouveaux outils technologiques puissants. Ces outils ainsi que les critères extrêmement limités, en matière de contrôle de la qualité, en vigueur sur les réseaux sociaux et les plateformes de messagerie en vue de la détermination des caractéristiques requises pour l’information, facilitent la contrefaçon et permettent d’imiter des médias d’information crédibles pour faire passer pour vraies des informations frauduleuses. Il est également possible de plus en plus souvent, de manipuler le son et l’image, au-delà des techniques de montage autorisées, pour faire croire que quelqu’un a dit ou fait quelque chose à un certain endroit, et faire passer pour vraie une fausse information, en la rendant virale sur les réseaux sociaux.

Aujourd’hui, les réseaux sociaux sont alimentés par différents types de contenus, de nature personnelle et politique. Il y a de nombreux exemples, produits ouvertement ou de manière cachée par des gouvernements ou par des sociétés du secteur des relations publiques travaillant pour des acteurs du monde politique ou des affaires. Dans ce contexte, d’innombrables blogueurs, influenceurs sur Instagram et Youtubeurs font la promotion de produits ou d’hommes politiques sans déclarer qu’ils sont payés pour le faire. Des paiements occultes ont également été effectués en faveur de commentateurs (souvent sous de fausses identités) qui cherchent à s’imposer, à intimider ou à discréditer des journalistes sur des forums en ligne. Dans ce contexte, le journalisme perd du terrain pour devenir l’objet non seulement de critiques équitables, mais aussi d’attaques contre sa propre existence.

Maintenant, le danger est représenté par la « course à l’armement » de ceux qui répandent la désinformation à travers des médias d’information et des réseaux sociaux partisans, qui polluent l’environnement de l’information par des moyens qui peuvent se retourner contre les auteurs de la désinformation eux-mêmes. Lorsque des campagnes de désinformation ont été dévoilées au grand jour, cela a porté un grave préjudice aux acteurs impliqués dans ces faits, que ce soit les agences ou leurs clients du monde politique (cf. par exemple, les récentes affaires Bell-Pottinger et Cambridge Analytica).

Il s’ensuit que, dans un contexte de polarisation, la désinformation alimentée par les outils numériques risque d’éclipser le rôle du journalisme et, pire encore, le journalisme fondé sur des faits vérifiables divulgués dans l’intérêt général – un accomplissement historique récent qui n’est nullement garanti– risque d’être décrédibilisé si l’on n’adopte pas les précautions nécessaires pour éviter la manipulation de l’information. Lorsque le journalisme se transforme en un véhicule de désinformation, la confiance du public dans les moyens d’information baisse et l’opinion cynique selon laquelle il n’y a pas de différence entre les récits divulgués par les journalistes et ceux diffusés par les acteurs de la désinformation se répand. C’est la raison pour laquelle l’historique relatif à l’emploi controversé des contenus et à ses différentes formes est instructif. En effet, l’analyse de l’évolution multiforme des « désordres de l’information » au 21e siècle doit aider à mieux comprendre les causes et les effets d’une menace mondiale sans précédents – allant du harcèlement des journalistes par des « armées de trolls » cautionnées par les Etats à la manipulation des élections, des dommages pour la santé publique à l’ignorance coupable des risques du changement climatique.

TRANSFORMATION DE L’INDUSTRIE DE L’INFORMATION : TECHNOLOGIE NUMERIQUE, RESEAUX SOCIAUX ET DIFFUSION DE LA MESINFORMATION ET DE LA DESINFORMATION

L’on a dit que l’ère du numérique était « l’âge d’or du journalisme ». En effet, le numérique a permis d’accéder à des mines de données, qui ont pu être exploitées par le journalisme d’investigation, en favorisant le développement de nouveaux modèles de collaboration, à l’échelle internationale, dans le domaine de l’information et l’accès à des trésors de connaissances et à des sources variées disponibles par un simple clic. Cependant, la technologie numérique a également donné lieu à des défis sans précédents, toujours en cours, et à une modification structurelle de l’industrie de l’information.

Le journalisme est « attaqué de toutes parts, il se trouve à devoir affronter une « véritable tempête » virtuelle déclenchée par des pressions convergentes qui alimentent les « désordres de l’information. Ceci inclut : La naissance de la propagande sur internet5 et la transformation de la méfiance en véritable arme ; la perturbation créée par le numérique dans le monde de la publicité et de l’information a provoqué la chute du modèle traditionnel et un chômage de masse dans ces secteurs économiques ; l’échec de l’utilisation de la publicité numérique à l’appui du journalisme en remplacement de la publicité imprimée (Google et Facebook sont maintenant les principaux bénéficiaires des ventes de publicité sur Internet) ; La convergence numérique qui a transformé la production, la publication et la distribution des contenus, en accroissant de manière significative la pression en termes de délais et en entraînant des pertes d’emplois supplémentaires ; Le harcèlement ciblé, en ligne, des journalistes (en particulier des femmes), de leurs sources et de leurs lecteurs

Les plateformes des réseaux sociaux qui placent le public en première ligne dans la recherche et la distribution des contenus9, en faisant du lecteur/spectateur/de l’auditeur, un collaborateur dans la production des nouvelles (ce qui apporte de nombreux avantages, mais qui déstabilise, aussi, la fonction de garde-fou des médias d’information traditionnels et a un impact sur les critères de vérification).

La demande d’information « prête à consommer » du public, diffusée sur des réseaux mobiles et de participation en temps réel sur les réseaux sociaux accroît ultérieurement la pression sur les professionnels de l’information, qui doivent faire face, par ailleurs, à une réduction des ressources dans un cycle d’information en continu.

Les éditeurs des médias d’information doivent lutter pour conserver leurs lecteurs et leurs spectateurs/auditeurs au fur et à mesure que les barrières à la publication sont supprimées et que n’importe quelle personne ou entité – et notamment des politiciens puissants qui cherchent à décrédibiliser les critiques qui leur sont adressées – est libre de produire des contenus en contournant les garde-fous traditionnels et en concurrençant les moyens d’information officiels.

L’impact limité et la rentabilité de nombreuses nouvelles start-ups opérant uniquement en ligne dans le domaine de l’information, qui comblent le vide créé par la faillite des journaux.

L’érosion de la confiance dans le journalisme et les médias traditionnels, qui provoque une ultérieure dispersion du public, réduisant encore davantage les bénéfices et alimentant la diffusion des « désordres de l’information ».

Suite à cela, les lignes de démarcation entre les faits, le divertissement, la publicité, la pure invention et la fiction sont de moins en moins claires. Et lorsque la désinformation et la mésinformation circulent, le système de diffusion des nouvelles sur les réseaux sociaux, basé sur un partage « de pair à pair » rend souvent viral le contenu ce qui empêche de le retirer, même si des journalistes et d’autres vérificateurs des faits essaient de le réfuter.

Ce module explique aux participants de quelle manière l’échec des modèles économiques de nombreux médias d’information commerciaux à l’ère du numérique, associé aux processus de transformation numérique et à l’avènement des réseaux sociaux, a permis de légitimer et de diffuser de manière virale la désinformation et la mésinformation. Ce module aidera également les participants à analyser de manière critique les réponses opposées par les médias d’information aux « désordres de l’information ». De plus, il fournira aux participants des informations sur les bonnes pratiques mises en œuvre dans le secteur pour gérer ce problème.

L’arrivée des réseaux sociaux A la fin des années 2000, dans de nombreux pays, Twitter et Facebook avaient rejoint YouTube parmi les piliers des réseaux sociaux, qui influençaient les pratiques et l’identité professionnelle des journalistes (surtout en ce qui concerne la vérification, le contact avec le public et la collision entre la sphère publique et la sphère privée qui s’est produite sur les réseaux sociaux20), ainsi que la distribution des contenus. Au fur et à mesure que des individus construisaient des réseaux axés sur la confiance, la distribution des contenus « de pair à pair » (notamment sur Facebook) a provoqué la remise en question des méthodes traditionnelles de diffusion des contenus.

Les utilisateurs traitaient leurs propres flux de contenus – y compris ceux provenant de nouveaux services, des journalistes et d’autres sources d’information fiables – sans intermédiaires. Suite à leur diffusion par le biais de ces « réseaux de confiance » (utilisateurs et homologues), des contenus faux, inexacts, malveillants et de propagande déguisés en information ont trouvé un plus grand écho. Les chercheurs ont découvert que les contenus dotés d’une connotation émotionnelle et les contenus partagés par un ami ou un membre de la famille étaient davantage susceptibles d’être partagés sur les réseaux sociaux.

Alors que les journalistes et les organes d’information ont été obligés d’intégrer ces plateformes dans le but de collecter des informations, d’échanger avec le public et de diffuser des contenus (ils devaient être présents là où se trouvaient leurs lecteurs), des « bulles de filtres » ou des « chambres de résonanc e » se sont développées (même si elles n’étaient pas aussi hermétiques et isolées que l’on a voulu, parfois, le faire croire). Ce phénomène a reduit l’accès de nombreux utilisateurs à des points de vue différents et à des informations vérifiées. Cette évolution a accru les risques associés aux « désordres de l’information ».

Les avantages du journalisme en ligne et en réseau incluent la possibilité de s’approvisionner de manière collaborative auprès de différentes sources, de procéder à une vérification collaborative (afin de corriger la mésinformation, de dévoiler la désinformation et de démasquer les acteurs malveillants) et de créer un public fidèle (soutenu par un dialogue direct entre le journaliste et le consommateur d’information). Il permet également aux utilisateurs de « répondre » pour corriger les erreurs éventuellement commises par les auteurs ou de contribuer à la recherche. La participation des utilisateurs sur les réseaux sociaux aide également les journalistes et les lecteurs à contourner des restrictions arbitraires et la censure (par ex. plusieurs couches de « spin doctors » les conseillers en communication et marketing politique), qui peuvent empêcher l’accès à l’information et aux sociétés ouvertes.

Les échanges entre les journalistes, les utilisateurs et les sources d’information sur les réseaux sociaux peuvent également être considérés comme un nouveau dispositif visant à assurer la fiabilité et à contribuer à l’autorégulation. Ces interactions permettent aux journalistes de répondre rapidement et publiquement à des critiques justifiées concernant leur travail, de corriger immédiatement les erreurs et d’accroître la transparence de leur pratique en « séparant le contenu du processus ».

Conséquences des « désordres de l’information » pour le journalisme et l’industrie de l’information :

ɒ Une érosion ultérieure de la confiance dans les médias d’information, dans le journalisme et dans les journalistes qui publient des informations inexactes, fabriquées ou trompeuses.

ɒ Une confusion entre l’information de qualité, d’une part, et la désinformation et les contenus de la publicité « native » (payante) – insuffisamment signalée comme telle et déguisée en information -, d’autre part, qui a accru une méfiance généralisée.

ɒ Une pression ultérieure sur le modèle économique du journalisme ; le public ne peut plus se tourner vers les médias d’information en cas de crise et de catastrophe, en pensant qu’il disposera de nouvelles fiables, préalablement vérifiées, publiées dans l’intérêt général. Cette confiance sous-tend la fidélité à un journal, ce qui est tout à fait essentiel à la création d’un modèle économique viable pour l’information.

ɒ L’affaiblissement du rôle des journalistes en tant qu’intermédiaires fiables (par ex. dans le cadre du journalisme d’investigation), avec un effet de ruissellement sur la société dans son ensemble.

ɒ Des mesures répressives (parfois justifiées sous prétexte qu’elles sont nécessaires pour éradiquer les « fake news »), qui portent atteinte à la liberté d’expression et à celle de la presse, y compris, entre autres, la fermeture du réseau Internet, le blocage des plateformes et la censure.

ɒ Le ciblage malveillant des journalistes (en particulier s’il s’agit de femmes) par les pourvoyeurs de désinformation exploitant le harcèlement en ligne pour jeter le discrédit sur le journalisme critique, en même temps que des tentatives délibérées de piéger les journalistes dans la diffusion de la désinformation et de la mésinformation.

LUTTER CONTRE LA DESINFORMATION ET LA MESINFORMATION PAR L’EDUCATION AUX MEDIA ET A L’INFORMATION

Ce module présente aux participants le concept d’éducation aux médias et à l’information1 (EMI), afin qu’ils apprennent à voir l’information comme un moyen de détecter les « désordres de l’information » dans des messages subliminaux tout à fait banals. Ce concept est utilisé par l’UNESCO pour souligner la corrélation existante entre les compétences relatives à l’information au sens large et les médias en particulier. Cela inclut la compréhension des droits de l’homme (en particulier du droit à la liberté d’expression en tant que droit de chaque individu de rechercher, recevoir et fournir des informations et exprimer des opinions) ; la maîtrise de l’information (notamment en ce qui concerne les normes et l’éthique journalistiques) ; la connaissance de la publicité et de l’informatique ; la compréhension du concept d ’« économie de l’attention » ; la maîtrise des relations interculturelles ; la compréhension de la protection des données personnelles et de la vie privée etc. Cela comporte également la compréhension de l’interaction entre les communications et l’évolution de l’identité individuelle et sociale. La maîtrise des médias et de l’information devient une compétence de plus en plus essentielle : elle est nécessaire pour connaître les éléments qui contribuent à former notre identité et comprendre comment naviguer dans le brouillard de l’information, en évitant les écueils. Elle caractérise notre consommation, production, découverte, évaluation de l’information et notre manière de la partager, ainsi que notre compréhension de nous-mêmes et des autres dans la société de l’information.

La maîtrise de l’information est la compétence spécifique qui permet de comprendre le langage et les conventions utilisés dans le traitement d’une certaine nouvelle, en termes de typologie, et de reconnaître de quelle manière ces caractéristiques peuvent être exploitées de manière malveillante. Bien que ce soit très important, il est très improbable, toutefois, que cela génère une véritable résilience face à la désinformation déguisée en information. Ceci, parce que les humains communiquent non seulement avec leurs têtes, mais aussi avec leurs cœurs. Par conséquent, l’éducation aux médias et à l’information doit également se concentrer sur la sensibilisation des individus à leur manière de réagir aux contenus de l’information et à leur propension à croire ou non une certaine information, même indépendamment des indicateurs du « genre ».

Par conséquent l’EMI doit aider, avant tout, les individus à comprendre leur propre identité : qui ils sont et qui ils vont devenir et de quelle manière cette identité affecte leur comportement en matière d’information et d’autres types de communication. Ce module vise à aider les participants à reconnaître et distinguer le journalisme d’une part et l’information déguisée en journalisme de l’autre. Cela rend l’individu maître de sa propre identité et lui permet de reconnaître la manipulation et d’y résister face à la désinformation déguisée en information.

Les participants apprendront à développer et utiliser la réflexion critique,2 qui comporte le recours à l’analyse, à l’interprétation, à l’évaluation, à l’autorégulation, à l’esprit de déduction et à l’explication.

Les participants doivent, d’abord, analyser les nouvelles diffusées dans la presse imprimée, à la télévision et à la radio, en ligne et sur les réseaux sociaux, en décomposant les messages dans leurs différentes composantes et en découvrant leurs sources et la crédibilité (ou le manque de crédibilité) de celles-ci.

Ils apprendront que la véracité de l’information n’est pas une science exacte, mais qu’elle est présente dans des récits qui, bien qu’étant différents, sont généralement conformes à certaines méthodes professionnelles et à certains principes d’éthique qui contribuent à limiter les erreurs et à éviter la falsification. Les journalistes doivent signaler les mensonges répandus par différentes sources et ne doivent jamais prendre les déclarations pour des faits ou faire croire au public le contraire.

Dans ce module, les étudiants apprendront aussi qu’il est très facile d’exploiter le « jargon journalistique » pour produire un récit apparemment crédible et convaincant à partir de bribes d’informations incomplètes, trompeuses et purement inventées.3

Le matériel pédagogique relatif à ce module se concentre sur la sensibilisation croissante à l’importance de l’éducation aux médias et à l’information dans la lutte contre la mésinformation et la désinformation. Ceci inclut le recours à la réflexion critique pour détecter les « nouvelles » qui ont été fabriquées et incite les participants à exercer leur jugement critique dans leur vie de tous les jours, tout en les aidant à comprendre de quelle manière l’EMI peut renforcer leurs droits et ceux des autres et combien il est important d’empêcher la diffusion de la désinformation et du mensonge.4

Le cours doit se dérouler dans une classe équipée d’ordinateurs et d’un espace d’apprentissage avec connexion Internet. Les participants peuvent utiliser les applications de chat de leurs dispositifs mobiles personnels pendant la partie pratique. La connexion Internet est nécessaire pour accéder aux sources en ligne externes au campus, tandis que l’Intranet du campus (lorsque ce module est proposé dans l’enseignement supérieur) est utilisé pour accéder à la bibliothèque et aux autres centres de ressources d’information dédiés présents sur le campus.

Synthèse de Rokhaya KEBE

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