Le Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (Grip) a fait le point sur le marché des armes dans le monde. Ainsi les rapports 2022/3 sur les » dépenses militaires, production et transferts d’armes, compendium 2022 », publié dans le cadre du programme « Cellule de veille sur la production et les transferts d’armes dans le monde » subventionné par la Région wallonne, contient une synthèse des données et statistiques les plus récentes sur les dépenses militaires mondiales, la production et les transferts internationaux d’armements conventionnels publiées par le Stockholm International Peace ResearchInstitute (SIPRI). Ce Compendium 2022 annule et remplace toutes les données contenues dans les versionsantérieures. Selon le Grip, le document contient une analyse condensée des tendances en matière de dépenses militaires, de production et de commerce des armes. Il expose des faits et des statistiques de base directement exploitables par le lecteur et régulièrement mis à jour sur les sites Internet du SIPRI et du GRIP. Pour le lecteur qui souhaite approfondir la thématique, il constitue également un outil précieux qui facilitera l’accès et la compréhension des bases de données et analyses plus complètes du SIPRI.
TENDANCES DES DÉPENSES MILITAIRES MONDIALES, 2021
Dans ce chapitre du rapport, les auteurs Diego Lopes da Silva, Nan Tian, Lucie Béraud-Sudreau, Alexandra Marksteiner et Xiao Liang soulignent qu’en 2021, les dépenses militaires mondiales ont dépassé pour la première fois la barre des 2 000 milliards USD, pour atteindre 2 113 milliards USD. Les dépenses mondiales en 2021 étaient supérieures de 0,7 % à celles de 2020 et de 12 % à celles de 2012. Les effets économiques de la pandémie de Covid-19 n’ont pas inversé la tendance continue à la hausse des dépenses militaires mondiales observée depuis 2015. En raison de la forte reprise économique observée dans le monde entier en 2021, les dépenses militaires mondiales en pourcentage du produit intérieur brut (PIB) mondial – le fardeau militaire mondial – ont atteint 2,2 %, contre 2,3 % en 2020. La part moyenne des dépenses militaires dans les dépenses publiques en 2021 est restée la même qu’en 2020, à 5,9 %.
Cette Fact Sheet présente des données sur les dépenses militaires régionales et nationales pour 2021 et met en évidence les tendances de la décennie 2012-21. Les données proviennent de la base de données actualisée du SIPRI sur les dépenses militaires, qui fournit des données sur les dépenses militaires par pays pour les années 1949 à 2021.
Dépenses militaires mondiales, par région, 1988-2021

Les dépenses militaires des pays du top 15 ont atteint 1 717 milliards USD en 2021, soit 81 % des dépenses militaires mondiales. Les États-Unis (représentant 38 % des dépenses militaires mondiales en 2021) et la Chine (14 %) sont restés de loin les deux plus gros dépensiers. Il y a toutefois eu quelques changements notables dans ce classement entre 2020 et 2021. Le Royaume-Uni et la France ont chacun gagné deux rangs, devenant respectivement les 4e et 6e plus gros dépensiers en 2021. Après une baisse de 17 % de ses dépenses militaires, l’Arabie saoudite est passée du 4e (2020) au 8e rang (2021) des plus gros dépensiers. L’Iran a augmenté ses dépenses militaires de 11 % et devient ainsi le 14e plus grand dépensier en 2021. C’est la première fois en 20 ans que l’Iran se classe parmi les 15 plus grands dépensiers militaires.
Les dépenses militaires américaines ont totalisé 801 milliards USD en 2021. S’il s’agit d’une augmentation nominale de 2,9 % par rapport à 2020, cela représente une diminution de 1,4 % en termes réels. La différence peut être attribuée à la hausse du taux d’inflation aux États-Unis. Par exemple, le financement américain de la recherche et du développement (R&D) militaires a augmenté en termes nominaux en 2021, mais en tenant compte de l’inflation, on obtient une diminution de 1,2 % en termes réels par rapport à 2020. Néanmoins, le budget américain pour la R&D a augmenté de 24 % en termes réels depuis 2012. En revanche, le financement américain des achats d’armes a diminué de 6,4 % entre 2012 et 2021 et de 5,4 % entre 2020 et 2021. Le fait que les États-Unis continuent d’investir massivement dans la R&D (combiné à la réduction du financement des achats) semble indiquer qu’ils donnent actuellement la priorité au développement de nouvelles technologies plutôt qu’aux dépenses à grande échelle pour les systèmes existants. Les dépenses liées au nucléaire figurent parmi les postes budgétaires militaires qui ont connu la plus forte augmentation en 2021, ce qui reflète la révision et la modernisation prévues de l’arsenal nucléaire des États-Unis.
Dans le tableau 1 ci-contre, les chiffres des dépenses et le PIB sont en USD, aux prix et taux de change courants. Les variations sont en termes réels, sur la base d’USD constants (2020). Les pourcentages inférieurs à 10 sont arrondis à une décimale ; ceux supérieurs à 10 sont arrondis aux nombres entiers. Les chiffres et les pourcentages peuvent ne pas correspondre aux totaux ou sous-totaux indiqués en raison des conventions d’arrondi.
LES PLUS GRANDS DÉPENSIERS MILITAIRES EN 2021
Part des dépenses militaires mondiales des 15 pays aux dépenses les plus élevées en 2021

L’année 2021 marque également la fin de la présence militaire internationale en Afghanistan, qui dure depuis près de deux décennies. Entre 2001 et 2021, les États-Unis ont investi près de 85 milliards USD pour renforcer les forces de sécurité nationales afghanes.
La Chine, deuxième pays le plus dépensier du monde, a alloué un montant estimé à 293 milliards USD à son armée en 2021, soit une augmentation de 4,7 % par rapport à 2020 et de 72 % par rapport à 2012. Les dépenses militaires de la Chine ont augmenté pendant 27 années consécutives, ce qui constitue la plus longue séquence ininterrompue d’augmentations par un pays dans la base de données du SIPRI sur les dépenses militaires. Comme le PIB de la Chine a augmenté d’environ 8,4 % en 2021, son fardeau militaire a diminué de 0,1 point de pourcentage, pour atteindre 1,7 % du PIB, soit la même part qu’en 2012. Le budget militaire de la Chine pour 2021 a marqué la première année de son 14e plan quinquennal, qui s’étend jusqu’en 2025.
Le nouveau plan quinquennal vise à poursuivre la fusion entre le militaire et le civil en soutenant la collaboration scientifique et technologique militaire et civile dans des domaines tels que l’aérospatiale, le maritime et les technologies émergentes.
Les dépenses militaires de l’Inde, qui s’élevaient à 76,6 milliards USD en 2021, étaient les troisièmes plus élevées au monde. Elles ont augmenté de 0,9 % par rapport à 2020 et de 33 % par rapport à 2012. Dans un contexte de tensions et de différends frontaliers permanents avec la Chine et le Pakistan, qui débouchent parfois sur des affrontements armés, l’Inde a donné la priorité à la modernisation de ses forces armées et à l’autonomie en matière de production d’armes. Dans le but de renforcer l’industrie nationale de l’armement, 64 % des dépenses d’investissement du budget militaire indien de 2021 ont été affectées à l’acquisition d’armes produites dans le pays.
Les dépenses militaires du Royaume-Uni ont atteint 68,4 milliards USD en 2021, soit une hausse de 3,0 % par rapport à 2020 et de 3,7 % par rapport à 2012. Il s’agit de la quatrième année consécutive de croissance. Le fardeau militaire du Royaume-Uni représentait 2,2 % du PIB en 2021 et était donc supérieur à l’objectif de 2 % de l’OTAN. En 2021, le gouvernement britannique a publié une nouvelle politique qui vise, entre autres, à augmenter le budget du ministère de la Défense de 33,0 milliards USD sur quatre ans. Ces dépenses supplémentaires sont censées financer la R&D et un nouveau commandement spatial, soutenir la dissuasion nucléaire et appuyer la modernisation de la Royal Air Force et de la Royal Navy (forces aériennes et navales britanniques).
En hausse pour la troisième année consécutive en 2021, les dépenses militaires russes ont augmenté de 2,9 %, pour atteindre 65,9 milliards USD (soit 4,1 % de son PIB), soutenues par les prix élevés du pétrole et du gaz. La récente tendance à la hausse des dépenses militaires russes fait suite à une période de déclin due aux sanctions occidentales liées à l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014 et à une forte baisse des prix de l’énergie en 2015.
La ligne budgétaire « défense nationale », qui – selon l’estimation du SIPRI – représente les trois quarts des dépenses militaires russes totales et comprend le financement des coûts opérationnels ainsi que des achats d’armes, a été révisée à la hausse au cours de l’année. D’une valeur initiale de 42,3 milliards USD en décembre 2020, la ligne budgétaire est passée à 48,4 milliards USD à la fin de 2021, soit une augmentation de 14 % sur l’année, qui a probablement été principalement consacrée à des coûts opérationnels supplémentaires. Fin 2021, la Russie a rassemblé des troupes le long de la frontière ukrainienne, ce qui a précédé son invasion de l’Ukraine en février 2022.
LES TENDANCES RÉGIONALES
Ensemble, les Amériques (42 %), l’Asie et Océanie (28 %) et l’Europe (20 %) ont représenté environ 90 % des dépenses militaires mondiales en 2021 (voir tableau 2). On estime que le Moyen-Orient a représenté 8,8 % du total mondial. L’Afrique représentait la plus petite part, avec 1,9 %.
Afrique
Les dépenses militaires en Afrique ont augmenté de 1,2 % en 2021 pour atteindre un montant estimé à 39,7 milliards USD. Le total pour l’Afrique était réparti de façon presque égale entre l’Afrique du Nord (49 % du total régional) et l’Afrique subsaharienne (51 %). Au cours de la décennie 2012-21, les dépenses militaires africaines ont suivi trois tendances distinctes. Elles ont d’abord connu une hausse continue entre 2012 et 2014, suivie de quatre années de baisse jusqu’en 2018, puis de trois années consécutives de croissance jusqu’en 2021, pour donner une augmentation globale de 2,5 %.
En 2021, les dépenses militaires nord-africaines s’élèvent à 19,6 milliards USD, soit 1,7 % de moins qu’en 2020 (voir figure 3), mais 29 % de plus qu’en 2012. Les tensions de longue date entre les deux plus gros dépensiers d’Afrique du Nord – l’Algérie et le Maroc – se sont aggravées en 2021.
Les dépenses militaires de l’Algérie ont diminué de 6,1 % en 2021, pour atteindre 9,1 milliards USD. Celles du Maroc ont augmenté de 3,4 %, pour atteindre 5,4 milliards USD.
En 2021, les dépenses militaires en Afrique subsaharienne ont totalisé 20,1 milliards USD, soit 4,1 % de plus qu’en 2020, mais 14 % de moins qu’en 2012. L’augmentation en 2021 a été la première en Afrique subsaharienne depuis 2014 et a été principalement portée par le Nigeria, le plus grand dépensier de la sous-région. Entre 2020 et 2021, ce pays a augmenté ses dépenses militaires de 56 %, pour atteindre 4,5 milliards USD. La cause en est les différents défis sécuritaires, dont les attaques d’extrémistes islamistes et d’insurgés séparatistes. L’Afrique du Sud, deuxième pays le plus dépensier de la sous-région, a réduit ses dépenses militaires de 13 %, pour atteindre 3,3 milliards USD en 2021. La stagnation économique prolongée du pays a fortement impacté son budget militaire.
En 2021, le Kenya, l’Ouganda et l’Angola étaient respectivement les 3e, 4e et 5e plus gros dépensiers militaires d’Afrique subsaharienne. Au cours de la décennie 2012-21, le Kenya et l’Ouganda ont tous deux été confrontés à des insurrections qui ont influencé leurs dépenses militaires. Entre 2012 et 2021, les dépenses militaires ont augmenté de 203 % en Ouganda mais sont restées relativement stables au Kenya (en baisse de 4,5 %). Les dépenses militaires de l’Angola ont chuté de 66 % au cours de la même période. La détérioration des conditions économiques en Angola à partir de 2015 environ – en grande partie causée par la faiblesse des prix du pétrole et l’effondrement de sa production pétrolière – et la lenteur de la reprise économique au cours des années plus récentes ont joué un rôle central dans la forte baisse des dépenses militaires angolaises au cours de la décennie.
Les Amériques
Les dépenses militaires dans les Amériques se sont élevées à 883 milliards USD en 2021, soit une baisse de 1,2 % par rapport à 2020 et de 4,2 % par rapport à 2012. Les pays d’Amérique du Nord (c’est-à-dire les États-Unis et le Canada) ont représenté 94 % du total des dépenses régionales, suivis par l’Amérique du Sud (5,1 %) et l’Amérique centrale et les Caraïbes (1,2 %).
En 2021, les dépenses militaires en Amérique centrale et dans les Caraïbes ont totalisé 11,0 milliards USD, ce qui représente une baisse de 2,5 % par rapport à 2020, mais une augmentation de 58 % par rapport à 2012. L’utilisation des forces militaires pour lutter contre les activités criminelles reste le principal moteur des dépenses militaires de la sous-région. Les dépenses militaires du Mexique ont diminué de 3,4 % en 2021, pour atteindre 8,7 milliards USD. Néanmoins, les dépenses consacrées à la Garde nationale – une force de police militarisée créée pour lutter contre le crime organisé – ont augmenté de 35 % par rapport à 2020 et représentaient 16 % du budget militaire total en 2021.
En 2021, les dépenses militaires sud-américaines ont connu une baisse mineure de 0,6 %, ce qui a porté leur total à 45,3 milliards USD. Au cours de la décennie 2012-21, elles ont augmenté de 4,7 %. Bien que ses dépenses aient diminué de 4,3 % en 2021 pour atteindre 19,2 milliards USD, le Brésil est resté le plus grand dépensier militaire de la sous-région. En dépit de cette diminution, le Brésil a pu effectuer les paiements prévus pour ses programmes d’armement stratégique, qui comprennent l’acquisition de 36 avions de combat Gripen auprès de la Suède.
Les dépenses militaires de la Colombie ont augmenté de 4,7 % en 2021, pour atteindre 10,2 milliards USD, ce qui en fait le deuxième pays le plus dépensier d’Amérique du Sud. Ses dépenses en 2021 étaient de 30 % supérieures à celles de 2012. Depuis l’accord de paix de 2016 qui a mis fin au conflit entre le gouvernement et les Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée du peuple (Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia-Ejército del Pueblo, FARC-EP), les dépenses militaires de la Colombie ont augmenté chaque année, sauf en 2018. Cette tendance à la hausse peut être attribuée aux conflits en cours entre le gouvernement et les autres groupes armés.
Asie et Océanie
Les dépenses militaires en Asie et Océanie ont atteint 586 milliards USD en 2021, c’est-à-dire supérieures de 3,5 % à celles de 2020, poursuivant une tendance à la hausse ininterrompue depuis au moins à 1989. L’augmentation en 2021 est principalement due à la croissance des dépenses militaires chinoises et indiennes. Ensemble, ces deux pays ont représenté 63 % des dépenses militaires totales de la région en 2021.
En 2021, les dépenses militaires ont augmenté en Asie de l’Est (4,9 %), en Océanie (3,5 %) et en Asie du Sud (0,8 %), mais ont diminué en Asie centrale (-0,8 %) et en Asie du Sud-Est (-2,3 %). Toutefois, au cours de la décennie 2012-21, les dépenses militaires ont augmenté dans les cinq sous-régions, allant de 14 % en Asie centrale à 55 % en Asie de l’Est. Les dépenses militaires en Asie de l’Est ont atteint 411 milliards USD en 2021, 27e année consécutive de hausse des dépenses dans la sous-région. Après la Chine, le Japon et la Corée du Sud ont été les deux plus gros dépensiers d’Asie de l’Est.

Les dépenses militaires japonaises ont totalisé 54,1 milliards USD en 2021. En novembre 2021, le gouvernement a alloué 7,0 milliards USD supplémentaires à son budget militaire, ce qui a entraîné une augmentation de 7,3 % des dépenses militaires sur l’année, le taux de croissance annuel le plus élevé depuis 1972. À 1,1 % du PIB en 2021, le fardeau militaire du Japon a dépassé le seuil de 1 % du PIB pour la première fois depuis 1960.
Les dépenses militaires sud-coréennes ont atteint 50,2 milliards USD en 2021. Le gouvernement sud-coréen avait initialement proposé d’augmenter les dépenses militaires de 5,4 % en 2021, mais il a ensuite revu sa proposition à la baisse, avec une augmentation de 4,7 %. Les économies réalisées ont été réorientées vers un plan de relance économique lié à la pandémie de Covid-19, d’un montant de 30,6 milliards USD. C’est la deuxième année que la Corée du Sud revoit son budget militaire à la baisse en raison de la pandémie. En 2020, une partie du budget militaire a également été réorientée vers le secours économique.
Avec 35,3 milliards USD en 2021, les dépenses militaires de l’Océanie étaient supérieures de 3,5 % à celles de 2020 et de 43 % à celles de 2012. En 2021, les dépenses militaires australiennes étaient de 31,8 milliards USD, soit une augmentation de 4,0 % par rapport à 2020 et de 42 % par rapport à 2012. L’Australie a signé l’accord de sécurité trilatéral AUKUS avec le Royaume-Uni et les États-Unis en 2021. Dans le cadre de cet accord, le Royaume-Uni et les États-Unis ont proposé de fournir huit sous-marins à propulsion nucléaire à l’Australie pour un coût estimé à 128 milliards USD maximum. Bien que la Chine n’ait pas été mentionnée dans l’accord officiel AUKUS, l’Australie a déclaré publiquement – notamment dans sa mise à jour stratégique de la défense en 2020 – que l’assertivité croissante de la Chine et sa recherche d’une plus grande influence dans la région indopacifique affectent directement l’environnement de sécurité de l’Australie.
Europe
En 2021, les dépenses militaires totales en Europe s’élevaient à 418 milliards USD, soit 3,0 % de plus qu’en 2020 et 19 % de plus qu’en 2012. Les dépenses militaires agrégées de l’Europe centrale et occidentale – deux sous-régions qui comprennent ensemble la plupart des alliés de l’OTAN (voir encadré 1) et tous les États membres de l’Union européenne – se sont élevées à 342 milliards USD en 2021 (305 milliards USD pour l’Europe occidentale et 36,6 milliards USD pour l’Europe centrale). Les dépenses militaires combinées de ces sous-régions ont augmenté de 3,1 % en 2021. Les dépenses militaires en Europe occidentale ont augmenté à un taux plus élevé (3,4 %) qu’en Europe centrale (1,3 %). La croissance des dépenses militaires en Europe centrale et occidentale est principalement due à l’augmentation des dépenses pour les achats d’armes et la R&D militaire.
Les dépenses militaires françaises atteignent 56,6 milliards USD en 2021, soit 1,5 % de plus qu’en 2020 et 13 % de plus qu’en 2012. La France a consacré l’équivalent de 1,9 % de son PIB aux dépenses militaires en 2021. Cette allocation était conforme à la loi de programmation militaire 2019-25 de la France. Le gouvernement avait initialement prévu d’actualiser cette loi en 2021, mais cette opération a été reportée en raison de l’incertitude financière causée par la pandémie de Covid-19.
L’Allemagne – troisième plus grand dépensier d’Europe centrale et occidentale, après le Royaume-Uni et la France – a consacré 56,0 milliards USD à son armée en 2021, soit 1,3 % de son PIB. Ses dépenses militaires ont diminué de 1,4 % par rapport à 2020. Après sa formation en décembre 2021, le nouveau gouvernement allemand a annoncé son objectif d’investir 3 % du PIB de l’Allemagne dans la diplomatie, le développement et la défense. À la lumière de l’invasion russe en Ukraine en février 2022, le gouvernement a déclaré son intention d’augmenter encore les dépenses militaires dans les années à venir. On ignore toutefois comment cette récente promesse affectera les engagements antérieurs de l’Allemagne en matière de dépenses pour la diplomatie et le développement.
Les dépenses militaires en Europe de l’Est ont augmenté de 2,3 % en 2021, pour atteindre 76,3 milliards USD. Entre 2012 et 2021, les dépenses militaires de la sous-région ont augmenté de 15 %. Les dépenses de la Russie, qui ont représenté 86 % du total, ont été le principal moteur de cette tendance.
Les dépenses militaires de l’Ukraine ont fortement augmenté après l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014. Les dépenses ont augmenté de 72 % entre 2014 et 2021 et ont augmenté de 142 % depuis 2012. Cette tendance à la hausse a été interrompue en 2021, lorsque les dépenses militaires de l’Ukraine ont diminué de 8,5 %, pour atteindre 5,9 milliards USD, soit 3,2 % de son PIB.
Le Moyen-Orient
Les dépenses militaires au Moyen-Orient étaient estimées à 186 milliards USD en 2021 – en baisse de 3,3 % par rapport à 2020, mais en hausse de 5,6 % par rapport à 2012. Six des 10 pays ayant le fardeau militaire le plus élevé se trouvent au Moyen-Orient : Oman, qui a consacré 7,3 % de son PIB à l’armée (le plus élevé au monde), le Koweït (6,7 %), l’Arabie saoudite (6,6 %), Israël (5,2 %), la Jordanie (5,0 %) et le Qatar (4,8 %).
Les dépenses militaires de l’Arabie saoudite sont estimées à 55,6 milliards USD en 2021, ce qui représente une baisse de 17 % par rapport à 2020. Cette baisse a eu lieu alors que l’on rapportait que l’Arabie saoudite avait commencé à retirer ses forces militaires du Yémen, mais le gouvernement saoudien a rejeté ces affirmations et déclaré que les troupes étaient simplement redéployées. Les dépenses militaires de l’Arabie saoudite ont suivi une tendance à la baisse depuis 2015, en grande partie en raison d’une forte baisse des prix du pétrole, qui a mis son économie sous tension. L’économie saoudienne a montré des signes de reprise lorsque les prix du pétrole ont commencé à augmenter en 2020-21, mais cela n’a pas encore conduit à une augmentation correspondante des dépenses militaires.
En 2021, l’Iran a augmenté son budget militaire pour la première fois en quatre ans, à 24,6 milliards USD. Cette augmentation annuelle de 11 % a été approuvée malgré les problèmes économiques persistants de l’Iran dus aux effets de nombreuses années de sanctions. Elle s’inscrit également dans le contexte des relations de plus en plus tendues de l’Iran avec Israël et les États-Unis. En 2021, le budget du Corps des gardiens de la révolution islamique a continué de croître (de 14 %) et représentait 34 % des dépenses militaires totales de l’Iran.
En 2021, les dépenses militaires israéliennes ont augmenté de 3,1 %, pour atteindre 24,3 milliards USD, dans le contexte des opérations militaires en cours d’Israël contre le Hamas et de ses préoccupations croissantes concernant les capacités nucléaires potentielles de l’Iran. Israël n’a pas eu de budget d’État dûment approuvé en 2020 ou 2021 en raison d’une impasse politique au parlement. Les dépenses militaires de ces années-là étaient basées sur le budget de 2019 avec quelques allocations supplémentaires.
En 2021, les dépenses militaires turques ont diminué pour la deuxième année consécutive, pour atteindre 15,5 milliards USD, soit une baisse de 4,4 % par rapport à 2020. Malgré les récentes réductions, les dépenses militaires turques ont augmenté de 63 % au cours de la décennie 2012-21. Cette forte hausse des dépenses a coïncidé avec l’engagement militaire croissant de la Turquie au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, et ses efforts continus pour devenir autosuffisante en matière de production d’armes. Cependant, on ne sait toujours pas comment les récentes réductions des dépenses militaires affecteront l’objectif de la Turquie de réduire sa dépendance aux importations d’armes.
Avec 11,6 milliards USD en 2021, les dépenses militaires du Qatar étaient les cinquièmes plus élevées du Moyen-Orient. En 2021, le Qatar a publié des données sur son budget militaire pour la première fois depuis 2010. Le SIPRI estime que les dépenses qataries ont augmenté de 434 % entre 2010 et 2021. Au cours de cette période, le Qatar a été impliqué dans les conflits en Libye et en Syrie. Il a également développé ses forces armées et a commencé à améliorer son inventaire d’équipements militaires avec des armes importées.
DÉPENSES MILITAIRES EN POURCENTAGE DU PIB
Les dépenses militaires d’un pays en pourcentage du PIB – appelées aussi fardeau militaire – constituent la mesure la plus simple du poids économique relatif de l’armée sur le pays. Le fardeau militaire mondial est estimé à 2,2 % en 2021. En 2020, alors même que la plupart des pays devaient faire face aux graves retombées économiques de la pandémie de Covid-19, les dépenses militaires mondiales ont augmenté de 3,1 %. Il s’agissait de la plus forte augmentation annuelle du fardeau militaire mondial depuis la crise financière et économique de 2009. Un an après, l’année 2021 a marqué un revirement significatif. Alors que la plupart des pays ont continué à allouer davantage de ressources aux dépenses militaires, l’économie mondiale s’est redressée et devrait connaître une croissance de 5,9 % en 2021, selon les données disponibles auprès du Fonds monétaire international (FMI). En conséquence, le fardeau militaire mondial a diminué de 0,1 point de pourcentage en 2021, passant de 2,3 % du PIB en 2020.
En moyenne, les pays du Moyen-Orient avaient le fardeau militaire le plus élevé en 2021, soit 4,3 % du PIB. Ils étaient suivis par l’Europe (1,8 %), l’Asie et Océanie (1,7 %), l’Afrique (1,6 %) et les Amériques (1,4 %). Entre 2012 et 2021, le fardeau militaire moyen a augmenté pour les pays d’Europe, de 0,3 point de pourcentage, et pour ceux d’Asie et d’Océanie, de 0,1 point de pourcentage. Elle a diminué pour les pays du Moyen-Orient, de 0,3 point de pourcentage, en Afrique, de 0,1 point de pourcentage, et dans les Amériques, de 0,2 point de pourcentage.
DÉPENSES MILITAIRES EN PART DES DÉPENSES PUBLIQUES
L’allocation des ressources gouvernementales est devenue une question particulièrement importante pendant la pandémie de Covid-19. Les pays ont dû prendre des décisions cruciales sur la priorité à donner à différents types de dépenses, comme les plans de relance économique, les dépenses de santé et les achats militaires. Une façon claire d’évaluer ces préférences est de mesurer les dépenses militaires en tant que part des dépenses publiques.
Les pays ont alloué en moyenne 5,9 % de leur budget total à leur armée en 2021, soit la même part qu’en 2020, mais en baisse par rapport aux 6,4 % de 2012. Bien que la moyenne mondiale suive une tendance générale à la baisse, on note des différences importantes dans les tendances régionales. En moyenne, les pays des Amériques (4,0 %) et d’Europe (4,7 %) ont alloué la plus petite part de leur budget public à l’armée en 2021. Parmi les pays européens, la part moyenne en 2021 a augmenté de 0,1 point de pourcentage par rapport à l’année précédente, tandis que la part moyenne dans les Amériques est restée inchangée. Les pays d’Afrique ont alloué une moyenne de 6,1 % de leurs budgets publics à l’armée (0,3 point de pourcentage de moins qu’en 2020), tandis que les pays d’Asie et Océanie ont alloué 6,7 % (0,2 point de pourcentage de plus qu’en 2020). Les pays du Moyen-Orient ont alloué en moyenne 12 % de leur budget public à l’armée, ce qui est de loin la part moyenne la plus importante parmi les régions du monde. Par rapport à 2020, il s’agit toutefois d’une diminution de 0,3 point de pourcentage.
TENDANCES DES TRANSFERTS INTERNATIONAUX D’ARMES, 2021
Dans ce chapitre du rapport, Pieter D. Wezeman, Alexandra Kuimova et Siemon T. Wezeman montrent que Le volume des transferts internationaux d’armes majeures en 2017-21 était inférieur de 4,6 % à celui de 2012-16, mais supérieur de 3,9 % à celui de 2007-11 (voir Figure 1 cicontre)6. Les cinq plus grands exportateurs d’armes en 2017-21 étaient les États-Unis, la Russie, la France, la Chine et l’Allemagne (voir tableau 1). Les cinq plus grands importateurs d’armes étaient l’Inde, l’Arabie saoudite, l’Égypte, l’Australie et la Chine (voir tableau 2). Entre 2012-16 et 2017-21, les transferts d’armes vers l’Europe (19 %) et vers le Moyen-Orient (2,8 %) ont augmenté, tandis que les transferts vers les Amériques (-36 %), l’Afrique (-34 %) et l’Asie et Océanie (-4,7 %) ont diminué.
Depuis le 14 mars 2022, la base de données du SIPRI sur les transferts d’armes comprend des données actualisées sur les transferts d’armes majeures pour la période 1950-2021, qui remplacent toutes les données antérieures sur les transferts d’armes publiées par le SIPRI. Sur la base de ces nouvelles données, cette Fact Sheet présente les tendances mondiales en matière d’exportations et d’importations d’armes, et met en lumière certaines questions liées aux transferts d’armes majeures.
LES EXPORTATEURS, 2017-21
Le SIPRI a identifié 60 États comme exportateurs d’armes majeures en 2017-21. Les cinq principaux fournisseurs d’armes au cours de cette période – les États-Unis, la Russie, la France, la Chine et l’Allemagne – ont représenté 77 % de l’ensemble des exportations d’armes. Les exportations d’armes françaises et américaines ont augmenté entre 2012-16 et 2017-21, tandis que les exportations d’armes chinoises, russes et allemandes ont diminué (voir figure 3). Les 25 premiers exportateurs d’armes ont fourni 99 % des exportations d’armes dans le monde en 201721 (voir tableau 1). Les États d’Amérique du Nord et d’Europe ont représenté ensemble 87 % de toutes les exportations d’armes en 2017-21.
Les cinq principaux exportateurs d’armes d’Europe occidentale – la France, l’Allemagne, l’Italie, le Royaume-Uni et l’Espagne – ont fourni 24 % des exportations totales d’armes dans le monde en 2017-21 (voir figure 2), contre 21 % en 2012-16. Trois États en dehors de l’Europe et de l’Amérique du Nord figuraient parmi les 10 premiers exportateurs d’armes en 2017-21 : la Chine, la Corée du Sud et Israël. Si la pandémie de Covid-19 a entraîné une certaine perturbation des transferts d’armes en 2020-21, son impact global sur les exportations d’armes s’avère très limité pour l’ensemble du quinquennat 2017-21.
LES IMPORTATEURS, 2017-21
Le SIPRI a identifié 163 États comme importateurs d’armes majeures en 2017-21. Les cinq premiers importateurs d’armes – l’Inde, l’Arabie saoudite, l’Égypte, l’Australie et la Chine – ont reçu ensemble 38 % du total des importations mondiales d’armes en 2017-21 et les 10 premiers, 55 % (voir figure 4 et tableau 2). Au niveau régional, l’Asie et Océanie a représenté 43 % des importations d’armes en 2017-21 (voir figure 5), suivies par le Moyen-Orient (32 %), l’Europe (13 %), l’Afrique (5,8 %) et les Amériques (5,5 %).
Entre 2012-16 et 2017-21, les importations d’armes majeures par les États africains ont diminué de 34 %. La Russie était le plus grand fournisseur de l’Afrique en 2017-21, représentant 44 % des importations d’armes majeures dans la région, suivie par les Etats-Unis (17 %), la Chine (10 %) et la France (6,1 %).
La baisse globale des importations d’armes africaines est principalement due aux diminutions des importations de l’Algérie et du Maroc – les deux plus grands importateurs d’armes de la région. En 2017-21, l’Algérie représentait 44 % du total des importations d’armes africaines et 2,6 % du total mondial. Les importations d’armes par l’Algérie ont diminué de 37 % entre 2012-16 et 2017-21. Celles du Maroc, rival régional de l’Algérie, ont diminué de 27 % au cours de la même période. Les deux États ont toutefois d’importantes livraisons d’armes majeures en attente.

Toujours selon le rapport, les États d’Afrique subsaharienne ont représenté 2,0 % des importations mondiales totales d’armes majeures en 2017-21. Prises dans leur ensemble, leurs importations d’armes étaient inférieures de 35 % en 2017-21 qu’en 2012-16. En 2017-21, les cinq plus grands importateurs d’armes de la sous-région étaient l’Angola, le Nigeria, l’Éthiopie, le Mali et le Botswana. Les armes importées récemment ont joué un rôle dans les conflits armés actuels dans trois de ces États : Nigeria, Éthiopie et Mali. En 2017-21, ces trois États disposaient chacun d’une base de fournisseurs diversifiée et ne recevaient pas plus de 49 % de leurs principales armes d’un seul et même fournisseur.
Le plus grand fournisseur d’armes au Mali en 2017-21 a été la Russie
Le Nigeria a reçu des armes majeures de 13 fournisseurs en 2017-21. Il s’agissait notamment de 272 véhicules blindés de la Chine, 7 hélicoptères de combat de la Russie, 3 avions de combat du Pakistan, 12 avions de combat légers du Brésil (via les États-Unis) et 9 patrouilleurs de la France.
L’Éthiopie a reçu des équipements de défense aérienne de la Russie et de l’Ukraine au cours des trois premières années de la période 2017-21. Si aucun transfert d’armes majeures en provenance de ces deux États vers l’Éthiopie, déchirée par la guerre, n’a été identifié pour 2020-21, on sait que plusieurs livraisons d’autres fournisseurs ont eu lieu au cours de cette période, mais on ignore pas le nombre d’armes concernées. Il s’agissait notamment de lance-roquettes multiples livrés par la Chine et de drones fournis par la Turquie ainsi qu’un autre non identifié.
Le plus grand fournisseur d’armes au Mali en 2017-21 a été la Russie, qui a livré quatre hélicoptères de transport armés et quatre hélicoptères de combat. Au cours de la même période, le Mali a reçu 130 véhicules blindés des Émirats arabes unis et quatre avions de combat légers du Brésil. L’Afrique du Sud a également fourni 102 véhicules blindés, dont au moins 70 ont été payés par l’Allemagne au titre de l’aide militaire.
Enfin, le rapport du Grip a fait état du top 100 du SIPRI des entreprises de production d’armes et de services militaires en 2020. Et c’est pour que les ventes d’armes combinées des plus grandes entreprises mondiales de production d’armes et de services militaires (le Top 100 du SIPRI) ont atteint 531 milliards USD en 2020, soit une augmentation de 1,3 % par rapport à celles de 2019. Bien qu’il s’agisse de la plus faible augmentation des ventes d’armes du Top 100 en trois ans, les données indiquent une tendance continue à la hausse depuis 2015, en corrélation approximative avec la hausse des niveaux de dépenses militaires mondiales8. Les ventes d’armes du Top 100 en 2020 dépassaient de 17 % celles de 2015 (première année pour laquelle le SIPRI a inclus les entreprises chinoises dans son classement).
Synthèse de Rokhaya D. KEBE