Dans sa démarche participative, le Conseil National du Patronat dans le cadre de cette réflexion sur le Financement de l’économie nationale, a permis «de souligner l’importance de la contribution de tous les segments de l’économie dans notre quête d’émergence, et notamment l’exemple du secteur des assurances qui fait l’objet du symposium de ce matin » a indiqué le Ministre des Finances et du Budget.
Cette rencontre a aussi été une occasion pour le Ministre de réaffirmer sa «conviction profonde sur les stratégies de financement de nos économies, une conviction que j’ai eu à exprimer récemment lors du Sommet de Dakar sur le financement des infrastructures en Afrique qui s’est tenu ce mois de février 2023 ».
Dans un contexte international défavorable, marqué par des chocs exogènes multiples, le Sénégal en particulier et l’Afrique en général, sont obligés «de solliciter davantage ses ressources locales pour financer nos projets de développement ».
En effet, le Ministre a souligné que «si notre pays semble résolument inscrit dans une dynamique de progrès, c’est bien parce que nous avons réussi à bâtir une politique macroéconomique saine, assortie d’investissements publics et de diversification de notre production, et soutenue par une amélioration de l’environnement des affaires ».
Il a estimé que «fondamentalement, il s’agit de compter d’abord sur soi-même, ensuite de faire appel aux partenaires techniques et financiers ».
Selon lui toujours, «à côté des outils classiques de collecte des ressources intérieures tels que les impôts et taxes, la mobilisation de l’épargne nationale constitue un levier important sur lequel il faudra davantage compter pour le financement de notre économie ».
«Et c’est à ce niveau que le secteur de l’assurance, dans son rôle de collecteur d’épargne, est très attendu » dira-t-il.
Alors, «s’agissant de l’apport des assurances dans l’économie nationale, je voudrais rappeler que si la fonction principale de l’Assureur reste celle de preneur et gestionnaire de risques, il n’en demeure pas moins que de par la spécificité de son modèle économique, caractérisé par une inversion du cycle de production, il constitue un investisseur institutionnel important » a-t-il souligné.
A en croire Monsieur le Ministre, «les Assureurs disposent de ressources financières, devant être investies selon la règlementation du secteur sous forme d’actifs, qui doivent leur permettre de faire face, le moment venu, à leurs engagements envers les assurés et bénéficiaires de contrats, engagements matérialisés principalement à travers des provisions techniques ».
En outre, «les actifs représentatifs de ces provisions constituées sont mis à la disposition des différents secteurs de l’économie, à travers des choix d’investissement permettant le financement de projets créateurs de richesses et porteurs de croissance ».
Pour lui, «c’est justement en raison de cette capacité à financer l’économie que les Assureurs sont qualifiés d’investisseurs institutionnels ».
Il a conclu que «les investissements des assureurs jouent un rôle certain dans l’économie nationale ».
«En termes de développement, cette relation entre l’assurance et l’économie constitue un cercle vertueux ; autant l’assurance contribue à la croissance de l’économie, autant le développement économique renforce la croissance de l’industrie d’assurance » a-t-il déclaré.
Le Ministre a souligné que «la création de richesses occasionne l’émergence de nouvelles entreprises, ainsi que la création d’emplois, une situation qui va se refléter dans l’industrie des assurances par davantage de matière assurables et donc une plus grande capacité de mobilisation de l’épargne des agents économiques, concernant votre sous-secteur ».
Il a soutenu que «ce corollaire incontestable entre le développement de l’économie et la croissance de l’industrie des assurances mérite que nous réfléchissions un peu plus sur les différentes formes de soutien que les pouvoirs publics pourraient apporter ».
Au Sénégal ; «l’assurance sénégalaise s’est inscrite dans une bonne dynamique de croissance depuis 2014, année durant laquelle elle a atteint le seuil symbolique de 100 Milliards de chiffre d’affaires, suivant en cela la trajectoire de l’économie sénégalaise avec les débuts de mise en œuvre du Plan Sénégal Emergent ».
Sur la question : «Que pèse le secteur des assurances dans le financement de notre économie, et comment intervient – il ? », il a soutenu que «si l’on prend en compte uniquement la contribution de l’assurance au Produit Intérieur Brut du Sénégal, je suis tenté de répondre que beaucoup de progrès restent encore à faire ».
Le Ministre a indiqué que «cette contribution au PIB, qui mesure également le taux de pénétration de l’assurance, est à peine de 1,47% au Sénégal en 2021, contre une moyenne africaine de 2,70% et une moyenne mondiale de 7,00%. Il faut cependant souligner que depuis quelques années déjà, cette contribution du secteur au PIB est en constante progression ; elle était de 1,15% en 2017 ».
Dans la zone de la Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurance communément appelée CIMA, qui regroupe les pays de l’UEMOA et ceux de la zone CEMAC d’Afrique centrale, «ce taux de pénétration de l’assurance reste globalement faible, stagnant à 1% ces dernières années».
Par ailleurs selon le Ministre, «au 31 décembre 2021, le stock des placements effectués par l’Assurance sénégalaise dans l’économie s’est établi à 443 Milliards de FCFA, en progression de 1,8% par rapport à l’année 2020 ».
Ainsi, il soutient que «ces placements restent dominés par les dépôts bancaires (avec une part de 41,62%), les valeurs mobilières (25,59%), les titres de participation (12,74%) et l’immobilier (9,37%) ».
A propos des obligations et valeurs d’Etat, des organismes internationaux et institutions financières, les investissements du secteur des assurances sont ainsi répartis :
- 63,93 Milliards d’obligations de l’Etat du Sénégal,
- 30,51 Milliards d’obligations d’autres Etats de la zone CIMA,
- 7,46 Milliards d’obligations des organismes.
«Au titre de la participation à l’endettement de l’Etat, le montant des placements du secteur en 2021 ne représente que 0,6% du total de l’endettement et 2,39% de l’endettement intérieur de l’Etat » a-t-il indiqué.
Selon lui, le taux de pénétration de l’assurance reste encore très limité. Ainsi, «cette relative faiblesse de l’investissement des Assureurs dans l’économie nationale s’explique aussi par la faible expansion de l’assurance Vie, caractérisée par une présence sur des investissements de long terme, contrairement à l’Assurance non Vie dont les ressources collectées constituent des moyens de financement à court terme, avec une fréquence de décaissement très rapide pour couvrir les engagements souscrits ».
Il a ajouté «qu’avec 37% de parts de marché dans l’activité d’assurance nationale, l’assurance vie concentre cependant 63% des placements en 2021 ».
Selon le Ministre, «l’Etat du Sénégal a consenti beaucoup d’efforts en termes d’incitations fiscales afin d’accompagner le développement de l’assurance vie et capter davantage d’épargne provenant de l’industrie des assurances ». Comme exemple, il a cité «l’exonération de l’assurance vie groupe de la taxe de 3%, la déductibilité de la prime de retraite groupe, des primes d’assurance maladie ainsi que de la prime unique de rachat du passif social de l’Indemnité Fin de Carrière à raison de 20% par an ».
«Il est cependant important de ne pas perdre de vue que les sommes investies par le secteur des assurances sont gérées pour le compte des assurés et bénéficiaires de contrats. C’est en effet un impératif pour les Assureurs de garantir le remboursement de l’ensemble des engagements souscrits » dira-t-il.
Pour le Ministre, «les prestations payées par l’industrie des assurances en 2021 s’élèvent à 114 Milliards de FCFA, en progression de 24 Milliards de FCFA par rapport à l’année précédente ».
Citant l’industriel Henry FORD, parlant de l’industrie de l’assurance, le Ministre dit : « New York n’est pas la création des Hommes, mais celle des Assureurs…sans les assurances, il n’y aurait pas eu de gratte-ciel, car aucun ouvrier n’accepterait de travailler à pareille hauteur en risquant de faire une chute mortelle et de laisser sa famille dans la misère…sans les assurances, aucun capitaliste n’investirait des millions pour construire de pareils buildings qu’un simple mégot de cigarettes peut réduire en cendres ».
Le Ministre a remercié Monsieur Baïdy AGNE, Président du Conseil National du Patronat et les membres de l’organisation qui l’ont permis de présider les Assisses de l’Entreprise et symposium sur « l’apport des assurances dans l’économie nationale ». Ces remerciements s’adressent également à la Présidente de l’Association des Assureurs du Sénégal, Madame Oumou Niang Touré et à l’ensemble de ses collègues dirigeants du secteur des assurances. Soda SALL