Depuis 2018, la prévalence de l’insécurité alimentaire modérée ou grave est sous le seuil de 20%4, mais elle a évolué en dents de scie, passant de 19,1 % en 2019 (2 511 051 personnes) à 23,1% (3 228 696 personnes) en 2020, ce qui représente une hausse de 20,9%, avant de revenir à 17,4% en 2021 (-25% entre 2020 et 2021). Par ailleurs, la consommation alimentaire est caractérisée par un taux d’autosuffisance de 84%. Les niveaux d’importation de riz blanc (1 300 000 tonnes, représentant environ 286 milliards de FCFA), de maïs (398 500 tonnes, 68 milliards de FCFA) et de blé (700 000 tonnes, 149 milliards de FCFA) témoignent encore de la dépendance du pays envers l’extérieur, en particulier pour la consommation céréalière qui enregistre un taux d’autosuffisance de 57%. En 2019, la prévalence du retard de croissance ressort à 17,9%, celle de la malnutrition aigüe à 8,1% et l’insuffisance pondérale à 14,4%. 50 millions dollars pour le développement des chaînes de valeur du secteur de la pêche et de l’aquaculture (phase II du PASPA).
Balance commerciale du Sénégal
Les importations de produits agricoles sont passées de 405,2 milliards de FCFA en 2014 à 634,45 milliards en 2021, soit une hausse moyenne de 5,8% par an, aggravant le déficit de la balance commerciale des produits agricoles (de 308,2 à 334,9 milliards de FCFA). Ce déficit est aggravé par les importations du riz, passées de 205,6 milliards à 262,25 milliards de FCFA sur la même période. Les importations de produits animaux ont plus que doublé entre 2014 et 2021 (10,2 milliards à 21 milliards de FCFA), essentiellement tirée par les importations de viande et de peaux brutes. En revanche, les exportations de produits de la pêche sont nettement supérieures à celles des importations, passant de 195 à 316 milliards de FCFA sur la période (+6,2% en moyenne annuelle). Cette détérioration de la balance commerciale agricole est expliquée en partie par l’augmentation des prix sur le marché international. En effet, les prix des produits à l’importation ont augmenté de 8% en 2021 par rapport à l’année précédente (NACE 2021, ANSD).
Effort d’investissement public
Pour assurer la croissance et une transformation accélérée de l’agriculture sénégalaise pour une prospérité partagée et de meilleures conditions de vie, l’État a réalisé des efforts très importants, le budget étant passé de 138,5 milliards de FCFA en 2013 à une moyenne de 204,5 milliards de FCFA sur la période 2014-2021. Cependant, il faut noter que depuis 2016, à l’exception de 2018, la part des dépenses de l’agriculture dans le budget général, hors charges communes, est inférieur à l’engagement de Malabo (10%). Cette évaluation ne prend pas en compte les interventions des projets et programmes hors ministère sectoriel de l’Agriculture (agriculture, élevage, pêche).
Mesures prises et réformes engagées
Le Sénégal a initié des réformes structurelles afin d’améliorer le climat des affaires, en général, et celui du développement du secteur agro-sylvo-pastoral et halieutique, en particulier. C’est dans ce cadre que s’inscrivent les mesures suivantes : i) la suppression de la prime fixe sur l’électricité au niveau des stations de pompage et des rizeries au Conseil des ministres du 30 septembre 2020 ; ii) une subvention de 32 FCFA sur le kilo de riz paddy, soit 30 FCFA pour le producteur et deux FCFA pour le transformateur pour la prise en charge des frais liés à la tierce détention (Conseil des ministres du 24 février 2022) ; iii) la mise en place du Fonds de commercialisation de cinq milliards de FCFA abrité à la Banque agricole ; iv) le renforcement de la surveillance de la qualité phytosanitaire des produits agricoles à l’exportation ; v) la promulgation du Code de l’aquaculture le 15 avril 2022 ; vi) la fermeture de la pêche industrielle démersale côtière du 1er au 31 octobre 2018 (arrêté n°021497 du 27 septembre 2018) ; vii) l’exonération de TVA du lait pasteurisé produit à partir du lait cru local : application d’un prorata de 2,5% sur le lait pasteurisé en lieu et place de la TVA de 18% ; viii) l’adoption du Code de l’aquaculture et l’application de la mesure incitative relative à la subvention sur les aliments de poisson.
Réalisations et lacunes du PNIA
Même si les cibles projetées n’ont pas toutes été atteintes, des progrès remarquables ont été enregistrés dans certaines filières stratégiques comme le riz, l’arachide, l’oignon, le lait et l’aviculture. Les forces ayant contribué à l’atteinte des objectifs ont trait au processus de formulation inclusif, et à la mise en place du Groupe de dialogue social et politique qui a facilité la mobilisation et l’implication des OSC. Toutefois, des faiblesses ont été notée en lien avec : i) les ressources financières limitées pour la réalisation de certaines activités de coordination ; ii) la faible dotation en ressources financières de l’unité de coordination pour le financement des études d’impact S&E du PNIASAN ; iii) l’absence de programmes mobilisateurs et de rendezvous d’affaires. Cet état des choses s’est fait sentir dans sa mise en œuvre à travers le dysfonctionnement d’organes clés de son architecture institutionnelle, suggérant une véritable évaluation des politiques publiques pour permettre d’en tirer les leçons.
Plan d’action pour la transformation des systèmes alimentaires
Le Sénégal, à l’instar d’autres pays, a conduit le processus de formulation d’un plan d’actions pour la transformation des systèmes alimentaires. Les premières mesures envisagées sont relatives à l’environnement fiscal : i) la réduction de la TVA sur les échanges de facteurs productifs (intrants, équipements, services) et de produits destinés à la prise en charge de la malnutrition aiguë et à la fortification des aliments (lait notamment) ; ii) la subvention ou l’allègement fiscal et tarifaire des acquisitions technologiques innovantes des micro, petites et moyennes unités de production et de transformation des chaînes de valeur agroalimentaires ; iii) les exonérations et allégements fiscaux des approvisionnements des systèmes de production agroécologique et d’agriculture biologique en énergies renouvelables, intrants et équipements ; iv) les exonérations et allégements fiscaux des projets d’insertion (startup) de jeunes dans le secteur tertiaire en milieu rural. Les autres mesures auront trait i) au renforcement et à l’application de la législation sur la régulation des importations et le contrôle du système de distribution de produits alimentaires ; ii) à l’adaptation des dispositions juridiques sur le foncier aux préoccupations de sauvegarde de la base productive des exploitations familiales ; iii) à l’évaluation et à la révision de la LOASP ; iv) à la prise de dispositions de discrimination positive en faveur des jeunes et des femmes dans tous les programmes de développement agroalimentaire et rural ; v) au renforcement de la formation, de la recherche, du conseil agricole dans les domaines ASPH et de la nutrition ; vi) à la reconstitution du capital semencier. Après la concertation sur les systèmes alimentaires durables, il était prévu d’élaborer et de mettre en œuvre un plan d’actions des différents engagements et mesures politiques formulés par les parties prenantes. Cet exercice est reprogrammé pour 2023 avec l’ensemble des acteurs concernés et pourra être lié au processus de finalisation de SAS.
Impacts sur la pauvreté et SAN
En 2018, la pauvreté a baissé de deux points de pourcentage en milieu urbain et de cinq points de pourcentage en milieu rural, mais elle reste deux fois plus importante en milieu rural qu’en milieu urbain. La pauvreté est plus accrue dans les ménages dirigés par des hommes, mais la baisse de la pauvreté au cours de la période est presque identique selon le sexe du chef de ménage. Selon une étude réalisée par le BOS/PSE sur l’évolution de la pauvreté et des inégalités au Sénégal, il ressort que : i) entre 2011 et 2018, la proportion de la population sortant de la pauvreté (5,53 %) est supérieure à celle basculant dans la pauvreté (0,19 %).
L’évolution des indicateurs de nutrition chez les enfants de moins de cinq ans au Sénégal (insuffisance pondérale, malnutrition aigüe et chronique, mesurées lors des enquêtes EDS) durant la période 2010-2019 est marquée par une baisse continue. Cependant, cette tendance baissière a été ponctuée par des périodes de dégradation plus ou moins prononcées en fonction des indicateurs, et consécutifs à des chocs exogènes ou endogènes.
Cette situation indique un impact certain des interventions mises en œuvre, mais souligne néanmoins la nécessité de consolider les efforts pour accentuer la tendance à la baisse des indicateurs de nutrition et stabiliser la situation en accroissant la résilience des populations les plus vulnérables à la malnutrition. La situation reste toutefois contrastée, certaines régions du pays étant plus affectées que d’autres par des formes particulières de malnutrition.
S’agissant des carences en micronutriments, la situation est moins favorable, comme pour l’anémie, malgré les interventions mises en œuvre. Toutefois, des initiatives sont en cours pour améliorer l’impact des interventions actuelles et mieux cerner les déterminants de cette situation.
Pour réduire le fardeau des importations, et combler la différence dans un délai relativement court de cinq ans, le Sénégal doit d’abord tirer les leçons des limites des politiques mises en œuvre depuis des décennies et s’inspirer des bonnes pratiques au niveau international.
Les principales leçons tirées des expériences nationales et internationales montrent que la réussite d’un programme de souveraineté alimentaire est lié aux facteurs suivants : i) un portage politique fort avec un engagement de ressources financières internes ; ii) l’adoption d’une approche fondée sur les chaînes de valeur et des investissement massifs dans les infrastructures et équipements ruraux (hydraulique, mobilité, électrification, formation, services sociaux de base) pour soutenir la production et la transformation ; iii) un juste équilibre entre les systèmes basés sur les exploitations agricoles familiales et les exploitations modernes ; iv) des réformes administratives impliquant une bonne planification, une coordination et un engagement fort des pouvoirs publics, notamment pour la réalisation et l’entretien des infrastructures ; v) l’implication de tous les acteurs, en particulier des organisations de producteurs (OP) et du secteur privé, dans la gouvernance des programmes ; vi) une concentration sur des programmes phares ayant des effets d’entraînement.
Toutefois, il a été noté qu’au Sénégal, la mise en œuvre de trop nombreux projets, chacun présentant une faible couverture, des avantages limités, des systèmes de gestion et de gouvernance inadéquats (entraînant des chevauchements) et une coordination insuffisante, n’a pas permis d’obtenir des résultats durables. Le Compact poursuit les objectifs quantitatifs suivantes : i) la réalisation d’aménagements hydroagricoles de 75 000 hectares, dont 25 000 en réhabilitation et 50 000 en nouvelles créations dans la vallée du fleuve Sénégal et 3 500 dans l’Anambé, l’appui à la production et à la transformation dans les chaînes de valeur ciblées ; ii) la mise en place de 500 fermes laitières, de 5 000 bergeries individuelles pour femmes et jeunes, de 30 fermes de reproducteurs de volaille, et l’emblavure de 25 000 hectares de cultures fourragères ; iii) la construction d’infrastructures de production de poisson (neuf écloseries, 50 fermes aquacoles et le repeuplement d’au moins 25 plans d’eau).
Pour les productions végétales, le Compact mettra l’accent sur les chaînes de valeur prioritaires identifiées dans la SAS, à savoir les céréales (riz, blé et maïs)8 ; pour les oléagineux, l’accent sera mis sur l’arachide et le tournesol. Ces investissements auront des effets d’entraînement sur d’autres chaînes de valeur de la SAS, notamment la production d’aliments de bétail, l’aquaculture, l’industrie de transformation, y compris l’artisanat. Au niveau des productions animales, les filières avicoles, le lait et les petits ruminants sont ciblés, tandis que pour les productions aquacoles, l’accent sera mis sur la production sécurisée d’intrants (alevins et aliments de poisson), la réalisation de fermes aquacoles et l’aménagement et le repeuplement de plans d’eau. Les investissements dans les infrastructures, les aménagements hydroagricoles, les pistes de production et l’équipement agricole ont des effets sur l’ensemble des filières, même celles qui ne sont pas directement ciblées.
Les investissements du Compact sont également conçus pour cibler les populations structurellement défavorisées, en particulier les pauvres, les femmes et les jeunes, qui seront organisées en société coopératives et/ou en entreprises agricoles pour bénéficier pleinement des effets induits par ces investissements. Il est attendu de la part du secteur privé une meilleure organisation pour plus de robustesse et de capacité de participation, notamment dans la réalisation des infrastructures, l’exploitation, la transformation et la commercialisation.
Par ailleurs, le Compact comprend des activités d’appui et d’accompagnement des acteurs des chaînes de valeur, notamment le renforcement des capacités, l’organisation, la recherche-développement en synergie avec les autres programmes de l’État. Il est attendu du gouvernement des réformes pour plus d’efficacité et d’efficience afin de stimuler et soutenir une croissance durable en engageant des changements de doctrine d’intervention, notamment dans des modes opératoires, basée sur une approche de partenariat public-privé-producteurs (4P) dans un cadre d’engagements réciproque, qui responsabilise davantage le secteur privé et les producteurs et renforce les fonctions de régulation de l’État.
Description du Compact et des bénéficiaires
Le Compact se compose de sept programmes phares, chacun étant conçu pour répondre à l’une des priorités nationales de développement fixées par le gouvernement dans le cadre de la SAS et pour conduire à une autonomie de production alimentaire, tout en réduisant les importations. Les résultats permettront une croissance économique durable et une réduction de la pauvreté. Chaque programme est décliné en projets et éventuellement en sous-projets. Il s’agit des programmes suivants : i) le Programme national des chaînes de valeur du riz et du maïs ; ii) le Programme national de la chaîne de valeur du blé ; iii) le Programme national de la chaîne de valeur des huiles végétales (tournesol, huile d’arachide) ; iv) le Programme national de la chaîne de valeur du lait ; v) le Programme national de la chaîne de valeur de l’aviculture ; vi) le Programme national de mise à niveau des infrastructures et équipements d’abattage et de commercialisation ; vii) le Programme national de la chaîne de valeur de l’aquaculture.
Programme des chaînes de valeur du riz et du maïs
Le riz et le maïs constituent les deux principales céréales de consommation courante produites au Sénégal, pour lesquelles les différences sont importants et pèsent lourdement sur la balance commerciale.
Pour le riz, le taux de couverture des besoins est de 40%, avec des importations qui s’élèvent à 1,2 million de tonnes. L’objectif de la SAS est d’assurer d’ici à 2027, par la production locale, un taux de couverture des besoins d’approvisionnement du marché national en riz de 100%. Pour le maïs, le taux de couverture est de 58% des besoins, avec des importations estimées, en 2021, à 398 513 tonnes. Cette dépendance affecte fortement le secteur de la production animale et avicole qui devient vulnérable au moindre choc sur le marché extérieur.
Le programme des chaînes de valeur du riz et du maïs (annexe A.3) prévoit de contribuer à l’atteinte de ces objectifs en réalisant un important investissement dans la maîtrise totale de l’eau par l’État et/ou en partenariat avec des investisseurs privés, en fournissant un renforcement des capacités locales et une assistance technique, et en soutenant les réformes foncières, afin que ces interventions stimulent des investissements privés durables et inclusifs.
Pour rappel, les terres cultivées au Sénégal sont estimées à 2,5 millions d’hectares sur un potentiel de 3,8 millions d’hectares. Les terres potentiellement irrigables couvrent environ une superficie de 400 000 hectares, sur lesquelles 130 000 hectares sont exploitables dans la vallée du fleuve Sénégal (VFS). Les terres irriguées représentent 5% du potentiel irrigable, loin de la norme mondiale de 30% pour les pays ayant atteint une autosuffisance alimentaire élevée. Pour le riz, la SAS a identifié d’autres zones de production comme les plateaux irrigués, qui vont fortement contribuer à l’atteinte des objectifs d’autosuffisance.
Les efforts planifiés par l’État, sur la période de la mise en œuvre de la SAS, à travers d’importants investissements, auront un impact significatif sur la mise en valeur et la production agricole. Entre 2023 et 2028, la production de riz devra passer de 1 409 120 tonnes de paddy à 4 154 968 tonnes, soit près du triple de la production actuelle, ce qui correspond à un taux de couverture de 105%.
Programme national d’amélioration de la chaîne de valeur de l’huile Sur les cinq dernières années (2017-2021), 135 872 tonnes d’huile végétale ont été importées en moyenne par an, soit une sortie de devises de 658,77 milliards de FCFA.
Cette dépendance pourrait être résorbée par des actions complémentaires du Programme de compétitivité de l’agriculture et de l’élevage (PCAE), qui soutient la productivité durable (hausse des rendements) et la compétitivité (qualité et coût de production) du segment de production de la chaîne de valeur de l’arachide (annexe A.4). Pour combler le gap des importations, une production de 407 620 tonnes d’arachide coque est nécessaire, ce qui représente 25,4% de la production en 2021. Si la disponibilité de la matière première ne constitue pas une contrainte, la faisabilité de la couverture des besoins nationaux se heurte : i) à la compétitivité de l’huile d’arachide du fait du prix au kilo de l’arachide coque ; ii) au niveau de performance en matière de trituration des équipements des entreprises (PME et SONACOS).
La première contrainte est entièrement prise en charge par le PCAE. En conséquence, le Compact soutiendra des actions ciblées pour la seconde contrainte :
• La contractualisation entre les PME et les OP pour sécuriser, en volume et en qualité, l’approvisionnement des PME en arachide coque sur la base d’un cahier de charges incluant notamment l’usage par les OP de l’aflasafe pour réduire la contamination à l’aflatoxine.
• La mise à niveau des équipements de trituration, de raffinage et d’emballage des PME ainsi que le renforcement des capacités des personnels.
• Le renforcement institutionnel du Bureau de mise à niveau, de l’ITA, du laboratoire d’analyse de la Direction du commerce intérieur pour le contrôle de la qualité de l’huile ainsi que le respect des engagements ayant permis aux PME de bénéficier du concours du fonds concessionnel.
• L’appui à la mise en œuvre du plan d’investissement de la SONACOS.
• L’appui à l’introduction du tournesol par son intégration dans la contractualisation pour les producteurs disposés à introduire cette culture. Afin de conforter cette capacité de réponse aux besoins en huile végétale, le Compact soutiendra la diversification des sources de matières premières (tournesol).
Il a également été décidé de réformer les PME du secteur et d’entreprendre une transformation semi-industrielle.
Programme national de la chaîne de valeur du lait
Les importations de lait s’élèvent, en moyenne sur la dernière décennie, à 25 348 tonnes. Le taux de couverture de la consommation de lait par la production locale est évalué, en moyenne sur la période 2017–2021, à 47%. Le lait constitue une denrée essentielle pour les populations et un enjeu majeur pour la nutrition et la souveraineté alimentaire du pays. La différence comblée par les importations reste élevée et constitue un important facteur de déséquilibre de la balance commerciale du Sénégal. Avec la croissance démographique projetée à 3% dans le court terme, la demande en produits laitiers augmentera de façon significative avec le changement des modes de consommation. Les corollaires sont l’augmentation des importations de lait et produits dérivés et de la facture laitière parce que l’offre de lait local ne suit pas l’évolution des besoins. Ainsi, le développement d’une filière locale performante capable de résorber cette différence dans l’offre s’avère nécessaire.
Les exploitations familiales (systèmes pastoraux et agropastoraux) assurent, à travers la valorisation de races locales à faible potentiel laitier et de parcours naturels, 51% de la production, compte tenu de l’importance des effectifs. Dans ces exploitations familiales, le lait joue un rôle essentiel dans la réduction de la vulnérabilité des populations, en particulier pour des femmes en charge de la traite et de la commercialisation du produit. Le lait issu de ce type d’élevage est avant tout destiné à l’autoconsommation (30 à 80%). Les systèmes semi-intensifs, basés sur l’exploitation de métisses (36%) et, dans une moindre mesure, les systèmes intensifs, exploitant les races à haut rendement de production, assurent le reste de la production de lait cru (9%)
Programme national de la chaîne de valeur de l’aviculture
La chaîne de valeur avicole du Sénégal a été marquée par une expansion soutenue, consécutive à l’instauration par le gouvernement d’une interdiction ciblée des importations de viande de volaille et d’œufs de consommation ainsi que des équipements et matériels avicoles usagés à partir de novembre 2005. Cette interdiction résulte des mesures de lutte et de protection contre la grippe aviaire, hautement pathogène. Malgré les fluctuations conjoncturelles, une expansion importante a été constatée du fait d’investissements significatifs du secteur privé dans la production et la distribution d’aliments de volaille (provenderie), la reproduction, l’accouvage, les infrastructures d’abattage (industriels et tueries), de conservation-congélation et de packaging.
Programme national de mise à niveau des infrastructures et équipements d’abattage et de commercialisation (sous-secteur des protéines animales)
Le Sénégal dispose d’un cheptel important estimé à 3,7 millions de bovins, 89 millions de volailles, 471 000 porcins et 15,1 millions de petits ruminants, fournissant l’essentiel des protéines animales à sa population. En 2021, la production de viande est évaluée à 297 528 tonnes. Toutefois, le Sénégal fait face à un déficit criant de structures d’abattage. Les infrastructures de commercialisation du bétail vif sont pour la plupart désuètes, notamment dans la région de Dakar, qui constitue le marché de consommation le plus important et où, par ailleurs, la localisation des foirails pose un véritable problème de santé publique et de sécurité. Les abattoirs sont également dans le même état. Ces faits favorisent l’abattage clandestin et la vente frauduleuse de viande. Cependant, l’État, avec l’appui des PTF et de l’UEMOA, a mis en place un programme de construction de nouveaux marchés à bétail et de modernisation d’anciens marchés. Pour améliorer et mieux prendre en charge cette problématique, le présent programme vise à assainir les circuits de transformation des viandes rouges produites localement, pour une meilleure gestion des risques. La transformation des viandes est l’un des maillons qu’il convient d’améliorer de manière significative par la construction et la réhabilitation d’infrastructures d’abattage (abattoirs, aires d’abattage) conformes aux normes internationales. Ce choix constitue une condition sine qua non pour préserver la santé des consommateurs en mettant des viandes de qualité à leur disposition. Le programme de mise à niveau des infrastructures et équipements d’abattage et de commercialisation sera réalisé à travers deux projets : i) le Projet d’abattoir moderne de Dakar (capacité annuelle de 35 000 tonnes) ; ii) le Projet de renforcement de la valorisation des produits animaux, qui vise à mettre en place des infrastructures d’abattage dans huit régions du Sénégal ainsi que des boucheries et des infrastructures de commercialisation aux normes. Le coût du programme est de 32,661 milliards de FCFA.
Programme de la chaîne de valeur de l’aquaculture
Malgré l’importance du secteur de la pêche au Sénégal (70% des besoins en protéines animales essentielles pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle), la stagnation, voire la baisse des captures, combinée à la croissance démographique annuelle de 2,8%, la différence en produits halieutiques, estimée à 291 401 tonnes en 2023, peut se creuser davantage, même si les mesures d’interdiction d’exporter des petits pélagiques peuvent atténuer cette tendance et ramener le déficit à 229 024 tonnes. Cette différence peut être couverte par l’aquaculture, dont la production reste encore trop faible. En 2022, la production aquacole nationale, estimée à 1 500 tonnes, est négligeable par rapport aux besoins du Sénégal. Le programme vise à permettre aux sous-secteurs de l’aquaculture de contribuer davantage à la résorption du gap en fourniture de produits halieutiques. Il est composé de deux projets : i) le développement de l’aquaculture continentale ; ii) le développement de l’aquaculture marine.
Coût global du compact et plan de financement
Le coût total du Compact au Sénégal est estimé à 1 592 milliards de FCFA, réparti entre les sept programmes, décrits ci-dessus et en annexes. Le financement sera basé sur un modèle combinant le financement sécurisé de l’État, assurant environ 60% des besoins en lien avec ses partenaires, et la participation du secteur privé pour les 40% restants, dont 12 % à la charge des producteurs.