Top c’est parti ! Le dialogue national tant attendu est lancé depuis hier au Palais de la République. Venu présider la cérémonie d’ouverture, Macky Sall a lancé les travaux de cette rencontre qui a rassemblé, malgré le boycott d’une bonne partie de l’opposition, toutes les franges de la population. Le chef de l’Etat est revenu dans son discours sur le sens de ce dialogue qui, à l’en croire, va permettre « de mener les concertations de façon à consolider nos acquis démocratiques par de nouveaux consensus sur le Code électoral, le processus électoral et les droits civiques et politiques. »
Macky sall a rappelé les concertations antérieures ayant porté notamment sur : l’avenir de l’Enseignement supérieur ; la réforme des Institutions ; les Collectivités territoriales ; le dialogue politique, entre autres. Pour le président, « le besoin de concertation est encore plus pressant, alors que le monde entier continue de subir les conséquences cumulées de la pandémie COVID-19 et d’une guerre majeure, dont personne ne peut prédire ni l’étendue, ni la fin. » Il a aussi évoqué « la menace immédiate liée à l’avancée du terrorisme dans le sahel, qui a fini d’atteindre des pays jusque-là épargnés. »
L’autre point que le chef de l’Etat a évoqué pour justifier ce dialogue est l’échéance électorale présidentielle de février 2024 qui, à l’en croire, « s’impose d’elle-même comme sujet de dialogue. » « Je voudrais dire ici que le gouvernement prendra toutes les dispositions nécessaires pour organiser une élection paisible, démocratique, libre et transparente, comme notre pays sait si bien le faire ; y compris en janvier et juillet 2022 », indique-t-il, sans omettre de mentionner « le défi de la jeunesse, de la formation, de l’emploi et de l’entreprenariat. » Et d’ajouter : « Nous avons beaucoup fait dans le cadre d’instruments comme les Centres de formation, la Convention Etat-Employeurs, la DER/FJ, le 3FPT, l’ANPEJ et le Programme XËYU NDAW ÑI. »
Macky Sall a reconnu que « toutes ces questions nous interpellent en tant que nation, au-delà de nos différences et de nos divergences. » A l’en croire, « il est donc de notre devoir de nous retrouver pour délibérer sur nos affaires communes, dans le respect de nos acquis démocratiques, le respect des règles qui fondent la nation sénégalaise, l’Etat de droit, la République et ses Institutions, le respect de notre Justice, le respect de nos Forces de défense et de sécurité, le respect des biens publics et de la propriété privée, le respect de nos confessions religieuses et de leurs guides. »
Parlant d’un régime de liberté qui va de pair avec l’exigence de responsabilité, le président souligne qu’ « il n’y a pas de démocratie sans liberté, comme il ne peut y avoir de liberté sans responsabilité. Toute liberté a comme contrepartie la responsabilité qui en limite les abus. »
Pour dire que « ce dialogue doit marquer notre engagement individuel et collectif de raviver les valeurs qui fondent notre vivre ensemble dans la paix, la stabilité et l’harmonie sociale. » Donc, pour Macky Sall, « adhérer à ces valeurs, c’est bannir la violence physique et verbale, ainsi que les discours haineux et la stigmatisation. »
« L’Etat est et restera debout, pour protéger la nation, la République et ses Institutions »
Le chef de l’Etat n’a pas manqué, dans son discours de prêcher pour la paix au Sénégal et d’appeler les populations à bannir toutes les formes de violence. Car, dira-t-il, « chaque violence physique, chaque violence verbale, chaque mot de haine, chaque bien privé ou public saccagé, et au-dessus de tout, chaque sénégalais tué laisse une blessure profonde à notre pays, à notre humanité, et à la nation sénégalaise. » Macky Sall en a profité pour renouveler ses « condoléances émues » aux familles endeuillées, et souhaiter « prompt rétablissement aux blessés ».
Mais, le président a mis en garde aux fauteurs de trouble. Il a rassuré les Sénégalais que « l’Etat est et restera debout, pour protéger la nation, la République et ses Institutions. » Avant de poursuivre : « Ensemble, avec toutes les composantes socio politiques éprises de paix, de stabilité et de cohésion nationale, nous avons le devoir solidaire de défendre notre modèle de société, qui nous ressemble et nous rassemble. » Pour le président, « c’est l’une des raisons d’être fondamentales de ce dialogue national. »
Macky Sall a parlé d’autres défis qui interpellent la Nation. Il s’agit, selon lui, l’exploitation des ressources pétrolières, gazières et minières du pays. Car, « l’expérience en Afrique prouve à suffisance que ces ressources suscitent souvent la convoitise, des rivalités géostratégiques et des actes malveillants, allant de la piraterie au sabotage, voire au terrorisme », a indiqué le président. Et de noter : « Comme gouverner c’est prévoir, nous souhaitons le meilleur en nous préparant au pire. » C’est dans cette dynamique que le chef de l’Etat dit renforcer considérablement » les capacités opérationnelles des Forces de défense et de sécurité, « afin qu’en tout temps et en tout lieu, elles soient à la hauteur de leur mission de veille sur nos ressources naturelles. »
« Je tiens à renouveler ici ma ferme détermination pour l’exploitation sécurisée, transparente, inclusive et durable de nos ressources », promet Macky Sall. Qui rappelle que selon les dispositions de la Constitution issue du référendum de mars 2016, « Les ressources naturelles appartiennent au peuple. Elles sont utilisées pour l’amélioration de ses conditions de vie. L’exploitation et la gestion des ressources naturelles doivent se faire dans la transparence et de façon à générer une croissance économique, à promouvoir le bien-être de la population en général et à être écologiquement durables ». Macky Sall a, à ce propos estimé, « l’État a également indiqué fait un effort considérable de réduction des dépenses publiques, en particulier sur son train de vie. » Revenant sur le dialogue, le président informe que la rencontre va être un cadre pour « échanger sur les voies et moyens de mieux soutenir le secteur privé, atténuer le coût de la vie et optimiser la dépense publique. »
« Consolider nos acquis démocratiques par de nouveaux consensus sur le Code électoral, le processus électoral et les droits civiques et politiques »
S’agissant du format du dialogue, Macky souligne, « tirant parti de l’expérience passée, nous pourrions reconduire les mêmes Commissions, à savoir : politique ; économique et sociale ; cadre de vie et environnement; paix et sécurité ; ressources naturelles ; bonne gouvernance et lutte contre la corruption ; administration, décentralisation et territorialisation des politiques publiques ; enfin, Commission de synthèse. »
Sur le volet dialogue politique qui, sans doute, attire plus les attentions, Macky Sall recommande « de mener les concertations de façon à consolider nos acquis démocratiques par de nouveaux consensus sur le Code électoral, le processus électoral et les droits civiques et politiques. » Moustapha Niasse, ancien Président de l’Assemblée nationale, est désigné par Macky Sall comme Haut Représentant pour le représenter au dialogue et « en assurer la conduite si vous en convenez. » S’agissant de sa structuration, le chef de l’Etat, dira : « je souhaite qu’elle soit inclusive, en intégrant aux blocs composés de la majorité présidentielle, de l’opposition et des non-alignés, les représentants des guides religieux et coutumiers, ainsi que ceux de la société civile ». Enfin, Macky Sall dit rester « attentif » aux conclusions qui seront issues de ces travaux.
Rokhaya KEBE