mai 13, 2025
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AFRIQUE FRANCOPHONE : Le rôle de la presse française dans les coups d’Etat

  • Mme Aissata TALL SALL, alors, Ministre des Affaires Etrangères, avait interpelé Mme Marie Christine SARAGOSSE Présidente de «France Média Monde» en présence du président de France24 et de RFIsur le traitement infligé au Sénégal par la presse française
  1. Sylvain Itté  ex-ambassadeur de France au Niger a dit : «Au sujet du discours anti-français, je le dis sans ambages, l’attitude de France 24 et RFI est parfois sujette à interrogations».

Mohamed BAZOUM ex président du Niger : « J’autoriserai les manifestations le jour où France 24 arrêtera de présenter les manifestations…comme étant la réalité de la société nigérienne ».

De Juin  à Juillet 2023, France24 a accordé des entretiens exclusifs à Ousmane SONKO. Ces média français lui tendaient leur micro pour qu’il lance un appel pour un coup d’Etat, un soulèvement populaire, un renversement du gouvernement démocratiquement élu et à l’insurrection au Sénégal. Et récemment, après la déclaration du président de la République Macky SALL annonçant le report de la présidentielle, France24, avait encore donné la parole  en exclusivité d’abord, à des opposants membres de Pastef parti dissout, pour appeler à un coup d’Etat ou à une révolution. Ces agissements contraires à la pratique du journalisme professionnel et anti démocratiques ont été aussi dénoncés au Mali, au Niger et au Burkina Faso par les autorités. Ce sont, ces comportements de l’élite politico-médiatique française qui alimentent ce sentiment ou ces discours anti français en Afrique francophone. Ni la Russie, ni la Chine encore moins les pays arabes ne se comportent de la sorte avec les Africains.

Le  compte rendu de la Commission de la défense nationale et des forces armées a auditionné, à huis clos, de M. Sylvain Itté, ancien ambassadeur de France au Niger. L’audition s’est tenue le  Mercredi 29 novembre 2023. Les débats ont permis de comprendre le rôle amplificateur de la presse française dans les soulèvements populaires contre certains Etats en Afrique francophone.  Le comportement des média français encouragent des actes insurrectionnels et participent à la déstabilisation de certains pouvoirs politiques. Le Sénégal y résiste pour le moment.

Jusqu’à une période récente, Ousmane Sonko qui appelait au renversement de Macky SALL, au soulèvement de ma population, au coup d’Etat, à l’insurrection et à la désobéissance civile, était l’opposant le plus sollicité et le plus adulé  par les média d’Etat français : Rfi ; France24, LeMonde, TV5.

En Juillet 2023, Mme Aissata TALL SALL, alors Ministre des Affaires Etrangères du Sénégal, avait interpelé Mme Marie Christine SARAGOSSE Présidente de «France Média Monde» en présence du président de France24 et de RFI sur le traitement infligé au Sénégal dans les événements politiques organisés par Ousmane SONKO.

Les médias français avaient pris fait et cause pour le leader de l’opposition qui avait un projet de renversement du pouvoir démocratiquement élu.  Toute la machine médiatique de la République française était déployée contre Macky SALL et le Sénégal. Même en résidence surveillée chez lui, France24 avait trouvé les moyens d’accorder une interview à Sonko. Ce comportement des média français est à l’origine en partie du désamour entre la France et les peuples africains. Et, à chaque fois, les agissements malsains et anti démocratiques des média français sont renforcés par les communiqués de presse complices du Quai d’Orsay ou de l’Elysée, en des termes qui dopent les manifestants ou l’opposition. Il s’agit d’une complicité manifeste  entre l’Elysée, le Quai d’Orsay et les média (France24, RFI, LeMonde). Celle-ci obéit à une stratégie murement réfléchie qui vise à déstabiliser un pays. Le Sénégal en a échappé trois fois : en Juin 2023, en Juillet 2023 et en Février 2024. Ces média français reçoivent les mots d’ordre depuis le Quai d’Orsay ou la cellule Afrique de l’Elysée sous la surveillance de la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE) qui valide toute la chaine.

L’Ambassadeur de France au Niger depuis septembre 2022, M. Sylvain Itté, est rentré dans son pays en septembre 2023 à la suite du coup d’État contre le régime du président Bazoum, démocratiquement élu en mars 2021. Monsieur Itté a répondu à toutes les questions posées par les députés. Ses réponses livrent des détails importants qui permettent de mieux comprendre le rôle de la presse française dans les coups d’Etat en Afrique francophone et les raisons du rejet de la France par les populations africaines en langue française.

Dans l’une de ses réponses, M. Sylvain Itté, ancien ambassadeur de France au Niger a dit : «On parle souvent de «sentiment anti-français» et à mon sens, ce n’est pas le terme exact. Cela ne signifie pas qu’il n’existe pas un sentiment anti-français qui pourrait trouver sa source dans certains comportements de la France et d’autres, d’ailleurs ». L’ex ambassadeur de France au Niger a bien raison de souligner les «comportements de la France». Il s’agit bien du comportement des autorités, de l’élite et des média français sur l’Afrique. Pourquoi le comportement des autorités et des média russes ou chinois ne sont jamais décriés en Afrique ?

Poursuivant ses explication, l’ambassadeur Itté déclare : «Le président Bazoum me disait souvent : «Le problème, c’est que l’on vous reproche aujourd’hui une Françafrique qui n’existe plus depuis vingt ans ». C’est d’ailleurs pourquoi nous avons été chassés du Mali, du Burkina et du Niger : si nous avions utilisé les outils de la Françafrique, nous ne serions pas partis. Nier un sentiment anti-français serait ignorer la réalité, mais je préfère utiliser le terme « discours antifrançais ». Ce sentiment est né des comportements maladroits des autorités françaises à l’égard de leurs anciennes colonies.

  1. Sylvain Itté a indiqué qu’«au sujet du discours anti-français, je le dis sans ambages, l’attitude de France 24 et RFI est parfois sujette à interrogations».

Il poursuit pour dire : «J’avais demandé plusieurs fois au président Bazoum pourquoi il interdisait les manifestations de l’opposition, notamment du Mouvement M62 – prétendument un mouvement de citoyens et de défense de la société civile, mais dont les leaders ont en grande partie été achetés par les Russes. La raison est qu’il avait autorisé une manifestation du M62 le 19 septembre 2022, que vous pouvez retrouver sur les réseaux sociaux. Réunissant entre mille et 1 500 personnes, avec des drapeaux russes partout et une mise en scène clairement dirigée contre Bazoum, elle a été retransmise immédiatement par France 24 et RFI avec pour commentaire : « Le peuple nigérien se soulève contre le régime ». M. Attié ajoute : «Bazoum me disait : « J’autoriserai les manifestations le jour où France 24 arrêtera de présenter les manifestations avec des drapeaux russes comme étant la réalité de la société nigérienne ».

Donnant un autre exemple au cours de son audition, il dit «après le coup d’État, une équipe de France 2 est venue. Prise en charge par le directeur de la communication des putschistes qui n’est autre que le porte-parole de la junte – vous savez, cet aviateur à lunettes qui arbore fièrement l’insigne de l’École de guerre française – elle a été baladée partout par les militaires. Un jour, une première manifestation a été organisée dans le stade de Niamey, qui compte 28 000 places ; le stade était plein – ce qu’on ne dit pas, c’est que pour partie les gens ont été payés pour venir, mais certains étaient là volontairement. Quelques semaines plus tard, une deuxième manifestation a eu lieu dans le même stade, à laquelle les journalistes de France 2 avaient été invités, et amenés par les militaires. Ce jour-là, il y avait moins de 9 000 personnes. L’équipe de France 2 a filmé l’événement, les commentant en disant : « Grande manifestation à Niamey, le stade est plein, avec 22 000 personnes ». J’ai eu les journalistes au téléphone pour leur demander où ils avaient vu ces 22 000 personnes dans un stade de 28 000 places dont ils avaient pu constater qu’il était aux deux tiers vide. D’où avaient-ils sorti ce chiffre ? La réponse a été : « C’est celui que l’on nous a donné ». Modou FALL

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