avril 16, 2025
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Conflit armé dans la capitale tchadienne : Yaya Dillo et Saley Deby Itno préparaient un coup d’Etat

Trois ans après la mort d’Idriss Deby, le pouvoir de Mahamat Idriss Deby, positionné et adoubé par la France, traverse une grave crise politique et militaire. Des affrontements à l’arme lourde ont replongé la capitale dans le cauchemar de la guerre. Débutés avant-hier soir, ces affrontements se sont aggravés hier matin où des combats à l’arme lourde s’y sont déroulés.


Que s’est-il passé ?

Il faut remonter à la mort d’Idriss Deby et à la prise de pouvoir par Mahamat Idriss Deby. Cette prise de pouvoir a été acceptée du bout des lèvres par une grande partie des Zaghawas, l’ethnie des Deby. Le pouvoir leur permet de garder leurs énormes privilèges. Mais, ne le reconnaissant pas comme un fils de feu Idriss Deby, beaucoup ne lui faisaient pas confiance à moyen terme. Ils étaient persuadés qu’il cherchera à construire un pouvoir avec d’autres soutiens et à s’extraire de leur influence et partant à limiter leur pouvoir.


Beaucoup de frictions se sont produites avec l’entourage de la famille Deby. Quelques exemples ! Le frère de feu Idriss Deby, Saley Deby, ancien Directeur Général des Douanes a fait un audio explosif pour accuser le Président de Transition de faire partie du complot et d’être parmi ceux qui ont tué Idriss Deby.


Le fils d’Idriss Deby, Zakaria, ambassadeur du Tchad au Qatar a été destitué par Mahamat Idriss Deby parce qu’il a refusé de mettre la photo du Président de transition dans les locaux de l’ambassade du Tchad au Qatar, ne le reconnaissant pas comme président du Tchad.


On en vient à M Yaya Dillo, parent proche d’Idriss Deby. Il avait été nommé à la CEEAC (Commission économique des États de l’Afrique Centrale). Tenant un blog, il a sans cesse critiqué la Fondation de l’ancienne première Dame du Tchad, Mme Hinda Deby. Celle-ci le fait virer et mets sa sœur à sa place. Yaya Dillo rentre au pays et développe des critiques sans cesse autour des détournements des revenus pétroliers par Mme Idriss DEBY, Hinda DEBY. Rappelons que cette dernière avaitpositionné son frère à la tête de la SHT (Société des hydrocarbures du Tchad).

Idriss Deby demandera à Dillo d’arrêter des critiques contre son épouse et son pouvoir. Mais, blessé par son renvoi à la CEEAC, il refuse d’obéir et continue sa campagne au sein du clan. Pour le corriger, Idriss Deby envoie un commando pour l’arrêter et en cas de refus, le tuer. Tout simplement. Des éléments de la garde présidentielle, parents proches de Deby estiment qu’ils ne peuvent assassiner un parent proche. Parce que Idriss DEBY et Yaya Dillo appartiennent à la même famille. De concert, ils font échouer l’opération et favorisent l’exfiltration de Yaya Dillo vers le Cameroun.

Nous sommes dans une période de tensions car le FACT de Mahdi avait commencé sa progression vers Ndjamena. Idriss Deby sera tué lors des combats. Mais aussi curieusement, avant sa mort, les membres du commando qui avait refusé d’éliminer Yaya Dillo, vont eux aussi, mourir dans la zone des combats avant Idriss Deby.


Yaya Dillo de retour au pays, cherche à avoir un parti politique. Il sait qu’on ne lui donnera pas de récépissé. Alors, il va utiliser un subterfuge, moyennant finances, il adhère dans un petit parti et après un congrès extraordinaire, il est désigné Secrétaire général du dit parti politique. Il s’inscrit dans une opposition radicale contre le Président de Transition.


Les choses deviennent graves quand il scelle une alliance avec Timane Erdimi, neveu d’Idriss Deby, qui avait créé un groupe politico-militaire et qui est rentré à la faveur des Accords de Doha. Les frères Erdimi n’ont pas manqué de critiques envers le Président de transition. Il était tout simplement impensable pour eux que le pouvoir, à la mort de Deby, ne leur revienne pas. Aussi n’ont-ils eu de cesse de pousser à l’affrontement et à reprendre le pouvoir de l’usurpateur Président de transition. Le duo Timane Erdimi -Yaya Dillo a été renforcé, il y a une dizaine de jours par le ralliement à eux, du frère d’Idriss Deby, Saley Deby. D’ailleurs, ce dernier a offert une grande villa pour le siège du parti de Yaya Dillo qui se préparait aux présidentielles.


Au-delà du jeu politique de la présidentielle, ce qui se préparait, c’est un conflit armé pour destituer le Président de transition, organisé par le groupe de Yaya Diallo et compagnie. Sans compter que M Yaya Dillo a fait aussi alliance avec Succès Masra, et, ses troupes ont été impliquées dans les événements du 20 octobre 2022. Succès Masra ayant pris la fuite, l’Etat a évité de faire arrêter Yaya Dillo.

Force est de constater la mise en place de nombreuses alliances ayant pour objectif l’encerclement du pouvoir de Mahamat Idriss Deby, pour le faire tomber par tous les moyens. La stratégie de la violence est jugée par ces hommes politiques comme étant la plus efficace compte tenu d’un rapport de forces au sein des casernes militaires qu’il considère comme étant en leur faveur. Ce qui n’est pas toujours vrai. Tant les lois de la guerre dépendent de beaucoup d’autres paramètres.

La stratégie des généraux Zaghawa coachés par les intellectuels du clan est de conserver fermement les camps militaires, les dépôts d’armes et de munitions, de n’accepter aucune nomination, aucun changement. C’est ainsi qu’un autre frère d’Idirss Deby, le général Oumar Deby Itno, Directeur de la réserve stratégique (armement) a refusé de céder sa place à un autre nommé par décret. Il a déclaré être prêt à tuer tout remplaçant qui entrerait dans son bureau. Le décret a ainsi été annulé.


Le Président de transition qui a laissé les Zaghawaoccuper les 50 postes les plus juteux au sein de l’Etat, à eux seuls, a aussi permis à leurs chefs militaires de rester à la tête des garnisons et des réserves d’armement . Il a compris que la remise en cause de son pouvoir ne prendrait fin que dans un bain de sang. Et ce, malgré les privilèges, les esprits étaient toujours surchauffés et poussés à lui désobéir.


Accentuant la pression sur lui, M Timane Erdimi a voulu tenir un point de presse pour dénoncer la non-application de points importants des accords de Doha concernant le regroupement de leurs hommes armés qui étaient toujours campés sur les frontières. Son ordinateur a été piraté et le texte de sa déclaration fut balancé sur le net, lui coupant ainsi l’herbe sous les pieds.


Le Président de Transition voyant l’étau se resserrer autour de lui tous les jours, décida de créer 03 nouvelles unités militaires, d’acheter de nouvelles armes et de les équiper. On peut comprendre dès lors, que le camp d’en face avait compris que la situation se corsait. Rendant coup pour coup, le président fondateur du parti de Yaya Dillo fut approché par le Président de la Cour Suprême pour qu’il récupère son poste au détriment de Yaya Dillo. Destitué, ce dernier ne pouvait plus être candidat à la présidentielle. La riposte n’a pas manqué. Des hommes furent envoyés à la Cour suprême pour tuer le Présidentde l’institution judiciaire. Heureusement pour lui, il était absent.


Les services de sécurité ont identifié le responsable du parti de Yaya Dillo qui a monté l’opération à la Cour suprême et l’ont froidement abattu en pleine rue. Sa dépouille a été emportée. En pleine nuit, le même jour, des hommes en armes ont attaqué les locaux des services de renseignements d’où étaient partis les hommes qui ont liquidé le responsable du parti de Yaya Dillo impliqué dans la tentative d’assassinat du Président de la Cour Suprême.


Hier matin, les trois unités mises en place par le Président de transition ont lancé trois opérations. La première pour encercler totalement et boucler le quartier où logent Yaya Dillo et ses alliés. La seconde a bouclé les camps militaires pour empêcher l’arrivée des renforts militaires par exemple des Zaghawas qui viendraient en aide à Yaya Dillo et ses soutiens. La troisième a été déployée à la Présidence à la place de l’ancienne équipe soumise aux ordres des généraux Zaghawas, pour assurer la sécurité du Président de la transition.


La situation est allée crescendo chaque jour un peu plus.

Malgré la mainmise totale sur les sociétés, les marchés, le clan Zaghawa poussé par leurs hommes politiques Zaghawas veulent la tête du Président de la transition.Cela, malgré le maintien de tous leurs privilèges audétriment des autres tchadiens. Ce n’était pas suffisant. Les gens veulent s’asseoir sur le trône, quittent à embraser le Tchad. C’était aussi le discours d’Idriss Deby à leur endroit. C’est à dire, les pousser à s’accaparer de tout mais aussi d’appauvrir les autres tchadiens pour les dominer. «Le pouvoir appartient à ceux qui sont prêts à mourir pour le conquérir» disait-il à son clan. Mahamat Idriss Deby n’est pas des leurs. Ils ne lui font pas confiance pour pérenniser leur pouvoir.L’ambition des hommes politiques du clan explique le rejet total du Président de la transition. Ils estiment qu’il n’a ni légitimité ni légalité puisque mis en place par la France.


La crise et la guerre au Soudan a été aussi une pomme de discorde. Le Qatar a utilisé l’aéroport international d’Amdjaress pour faire de nombreuses rotations en stockant des équipements, d’armes pour l’un des belligérants de la guerre au Soudan. Dans la zone des réfugiés soudanais, presque 01 million au Tchad, les militaires Zaghawa tchadiens sortent des camps de réfugiés, les Zaghawas soudanais pour les convoyer à Ndjamena, contrairement aux dispositions prises par les Nations Unies et le HCR. Les directives du gouvernement ne sont pas respectées par les généraux Zaghawas. Comme on peut le constater, le Tchad est au bord du gouffre. La situation est très grave et il faut craindre un embrasement. L’assaut a été donné et Yaya Dillo a été tué hier. Le Président de transition vat-il sortir renforcé ou affaibli de ces affrontements ? Les jours à venir vont nous édifier.

Michel DIOUF

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