avril 20, 2025
LA SOCIÉTÉ "MY MEDIA GROUP " SOCIÉTÉ ÉDITRICE DU QUOTIDIEN "DAKARTIMES" DERKLE CITE MARINE N° 37. EMAIL: courrierdkt@gmail.com. SITE WEB: www.dakartimes.net.
Actualité

Comment l’Afrique peut exploiter les richesses minérales critiques pour relancer les économies

La richesse minérale de l’Afrique est indéniable. Des mines de cobalt de la République démocratique du Congo aux champs de manganèse d’Afrique du Sud, le continent possède un trésor de minéraux essentiels à la transition mondiale vers une énergie à faible émission de carbone et le progrès technologique.

Le continent est le centre d’attraction en raison de ses énormes réserves mondiales de minéraux essentiels aux technologies d’énergie renouvelable comme les panneaux solaires et les véhicules électriques : 55 % de cobalt, 47,65 % de manganèse et 5,9 % de cuivre, entre autres.

À mesure que la crise climatique s’intensifie, la demande mondiale de ces minéraux essentiels à la transition énergétique pourrait presque quadrupler d’ici 2030. Cette demande croissante offre à l’Afrique une occasion unique de mieux les exploiter pour générer plus de revenus et tracer une nouvelle voie vers la prospérité, la croissance inclusive et le développement durable.

L’Afrique a maintenant une occasion historique de déclencher une vague de transformation structurelle dans certains des pays qui en ont le plus besoin. Mais exploiter ce potentiel nécessite plus qu’une simple fortune géologique. Historiquement, le continent n’a pas pleinement saisi les opportunités offertes par ses ressources naturelles.

Selon les estimations, les pays africains ne génèrent qu’environ 40 % des revenus qu’ils pourraient potentiellement tirer de ces ressources, car ils sont entravés par des problèmes limités de valeur ajoutée, de gouvernance et d’infrastructure, entre autres contraintes.

Il est temps de renverser la vapeur

Le financement limité et instable du développement freine l’Afrique, ralentissant les progrès vers la réalisation des objectifs de développement. Mais dans le contexte actuel des multiples crises, de la marge de manœuvre budgétaire limitée, de la faible croissance et de la dette élevée, le moment est venu pour les pays africains d’inverser la tendance en saisissant l’opportunité offerte par le boom des minéraux critiques.

Pour ce faire, les pays africains doivent adopter une approche holistique qui implique non seulement l’extraction et l’exportation de minéraux bruts, mais aussi la création de valeur au niveau national par la transformation et la fabrication afin d’obtenir une plus grande part du marché mondial.

Cette transformation contribuera également à diversifier les paniers d’exportation de ces pays et à les rendre moins vulnérables aux fluctuations des prix des produits de base.

Les pays africains doivent également intégrer pleinement leur secteur minier dans les activités économiques nationales en favorisant les liens avec d’autres secteurs de leur économie.

Cela doit s’accompagner de la mise en œuvre de la Vision minière pour l’Afrique qui comprend une intégration régionale plus forte et davantage d’investissements dans les infrastructures et le capital humain.

La Zone de libre-échange continentale africaine offre une plate-forme pour une intégration économique plus poussée, créant un environnement propice à la mise en commun des ressources et des compétences, à la résolution des problèmes d’infrastructure, à l’amélioration de l’accès aux marchés et à la promotion du transfert de technologie.

Les pays africains doivent également éviter les pièges de la dépendance aux produits de base et donner la priorité à des pratiques de gestion durable des ressources qui minimisent la dégradation de l’environnement et respectent les droits des communautés locales.

Il est également essentiel que les pays renforcent leurs capacités productives, car s’ils ne se tournent pas vers des secteurs à plus forte productivité, ils ne seront pas en mesure d’atteindre leurs objectifs de développement.

Des réformes de gouvernance essentielles

Les réformes visant à améliorer l’administration fiscale et la bonne gouvernance des secteurs extractifs et les pratiques minières responsables devraient être des priorités essentielles pour garantir que l’extraction minière contribue aux objectifs de développement durable à long terme plutôt que de les détourner.

La promotion de la transparence et de la responsabilité dans la gestion des ressources minérales, l’éradication de la corruption et la lutte contre les flux financiers illicites sont également des étapes essentielles pour garantir que les avantages de l’extraction minière soient équitablement partagés entre tous les citoyens.

Le continent devrait également utiliser ses vastes réserves de minéraux critiques pour tracer sa propre trajectoire de transition vers l’énergie verte, fondée sur ses objectifs d’industrialisation, tout en s’affirmant comme un acteur central de l’action climatique mondiale.

Une transition vers l’énergie verte est impérative pour l’Afrique, une région qui représente 80 % des 733 millions de personnes dans le monde sans accès à l’électricité et 39 % des 2,4 milliards de personnes sans accès à une cuisine propre.

Orientation stratégique

L’un de nos domaines d’intervention stratégiques à l’ONU pour le commerce et le développement est d’aider les pays africains à optimiser le potentiel de développement de leurs minerais afin de transformer leurs économies et de créer un avenir meilleur pour leurs citoyens.

Cette année, nous célébrons notre 60e anniversaire en réfléchissant aux leçons apprises au fil des ans et en forgeant une nouvelle voie qui amplifie notre soutien aux pays pour construire un avenir résilient, équitable et durable.

Pour marquer cette étape importante, nous réunirons des dirigeants, des diplomates, des experts et des parties prenantes clés le 4 juin à Addis-Abeba et en ligne pour explorer les moyens d’exploiter les richesses minérales de l’Afrique pour stimuler une croissance économique inclusive et un développement durable sur le continent.

L’événement explorera les opportunités inexploitées dans le secteur des minéraux « verts » et tracera la voie vers une valeur ajoutée accrue et une optimisation des revenus pour inaugurer une nouvelle ère de développement sur le continent.

Le chemin à parcourir peut être semé d’embûches, mais avec de la détermination et de la prévoyance, l’Afrique peut en sortir plus forte, plus résiliente et mieux équipée pour naviguer dans les complexités de l’économie mondiale.

Par Paul Akiwumi, Directeur de l’Afrique et des pays les moins avancés, Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *