mai 18, 2025
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Politique

PRESENTATION DU LIVRE DE MAMADOU MOUTH BANE SUR LA CRISE DU SAHEL : Les réactions du Colonel Babacar Diouf, du Professeur Ismaïla Madior Fall et de Robert Bourgi

La situation sécuritaire au Sahel continue de préoccuper les observateurs et les acteurs politiques africains. Lors de la présentation de son ouvrage « Insécurité au Sahel : Sortir de la crise ! », le journaliste et analyste politique Mamadou Mouth Bane a réuni plusieurs personnalités pour échanger sur les défis sécuritaires de la région. Parmi elles, l’ancien ministre des Affaires étrangères Ismaïla Madior Fall, le Colonel Badara Diouf et l’avocat Robert Bourgi ont livré des analyses marquantes sur les enjeux et les solutions envisageables.

Ismaïla Madior Fall : « Sans sécurité, il n’y a ni démocratie, ni développement »

L’ancien ministre des Affaires étrangères Ismaïla Madior Fall a souligné l’importance capitale de la sécurité comme préalable à toute forme de développement en Afrique. Selon lui, les efforts d’intégration et de croissance économique restent vains si les États ne parviennent pas à garantir la stabilité. « C’est bien la croissance économique, l’intégration, mais tout cela n’est possible qu’à la condition matricielle paradigmatique qu’il y ait la sécurité. » Il a mis en lumière le poids considérable des dépenses militaires sur les budgets des États sahéliens. La nécessité de sécuriser les populations oblige ces pays à consacrer plus de 30 % de leur budget à l’achat d’armes, au détriment d’autres secteurs clés comme l’éducation ou la santé. « Après ça, qu’est-ce qui reste pour le développement, la couverture des besoins de la population, construire des écoles, des hôpitaux ? Sans la sécurité, il n’y a pas de démocratie, ni de syndicalisme. » Ce constat, amer mais réaliste, rappelle que la lutte contre l’insécurité est une condition sine qua non pour bâtir des sociétés stables et prospères.

Colonel Badara Diouf : « L’Afrique risque d’être la grande victime des conflits de puissance »

Le Colonel Badara Diouf, quant à lui, a pris du recul pour analyser la crise du Sahel sous l’angle géopolitique. Selon lui, la situation actuelle est le prolongement de plusieurs siècles de domination occidentale, et les conflits qui éclatent aujourd’hui sont souvent le résultat de stratégies de puissance menées par procuration. « Près de trois siècles de domination occidentale sont en train de se jouer doucement dans toutes les régions du monde et dans toutes les dimensions de la puissance. » Il a insisté sur l’importance de la guerre de l’information, qui influence la manière dont les conflits sont perçus et traités par l’opinion publique internationale. Avec la prolifération des armes et des interventions indirectes, les affrontements se transforment en petites guerres régionales, dans lesquelles l’Afrique pourrait être la grande perdante. « Chaque puissance essaie de se poser et l’Afrique risque d’être une grande victime de cette situation parce qu’il y a une stratégie de contrôle des flux : énergétiques, minéraux ou financiers. » Son analyse met en garde contre les influences extérieures qui exacerbent l’instabilité en Afrique et plaide pour une autonomie stratégique des États africains afin de ne pas être pris au piège des rivalités internationales.

Robert Bourgi : « Le danger est à la porte de chaque État africain »

L’avocat et observateur politique Robert Bourgi a quant à lui lancé un appel pressant aux dirigeants africains face à la montée de l’insécurité et à la prolifération des régimes militaires dans la région. «  Le danger est à la porte de chaque État africain. L’AES, la CEDEAO, ils sont tous en danger. » Il a pointé du doigt la multiplication des régimes militaires au Mali, au Burkina Faso et au Niger, soulignant que ces pays restent des cibles privilégiées des attaques terroristes. « Les régimes militaires poussent au Mali, au Burkina Faso, au Niger. Toutes ces régions subissent les attaques terroristes. » Face à cette situation, Bourgi a salué le rôle diplomatique du Sénégal, notamment les efforts du président de la République dans la résolution des tensions en République Démocratique du Congo (RDC). Il a plaidé pour une implication plus active des chefs d’État africains dans les initiatives de stabilisation régionale. « Avec ce qui se passe à la RDC, il ne faut pas hésiter à faire comme le président du Sénégal, qui s’investit habilement et discrètement pour calmer le jeu. »

Un appel à l’unité africaine face à l’insécurité

Les différentes interventions lors de la présentation du livre « Insécurité au Sahel : Sortir de la crise ! » convergent vers un même constat : la sécurité est la clé du développement en Afrique, et sa détérioration menace l’équilibre de toute la région. Mamadou Mouth Bane, à travers son ouvrage, pose un diagnostic clair et propose des solutions adaptées à la réalité africaine. L’enjeu est désormais d’amener les dirigeants africains à s’approprier ces recommandations et à agir avec unité et détermination pour sortir de la spirale de violence qui gangrène le Sahel. Ce livre s’impose donc comme une lecture incontournable pour tous ceux qui s’intéressent aux défis sécuritaires du continent et aux moyens d’y remédier durablement.

El Hadji Malick SARR

 

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