Un an et demi avant son décès, le Pape François avait déjà béni l’organisation des Jeux Olympiques par le Sénégal. Une forte délégation conduite par le président du Comité d’organisation des JOJ (COJOJ) a été dans la cité du Vatican pour recevoir la bénédiction du Saint-Père à Rome. Le pays hôte, le Sénégal, veut user de tous les moyens nécessaires y compris spirituels pour réussir le pari de l’organisation.
Dakar 2026 sera pour les dirigeants sportifs sénégalais et l’Etat, une occasion de montrer que la Téranga Sénégalaise n’est pas un vain mot. Le Sénégal qui veut faire de ses Jeux Olympiques de la Jeunesse, les meilleurs jamais organisés, a initié un certain nombre de programme pour mieux vendre l’évènement. Ainsi, le président du Comité d’Organisation des JOJ (COJOJ), Mamadou Ndiagna Ndiaye et son équipe avaient réussi un grand coup : avoir la bénédiction de l’une des personnalités les plus influentes de la planète. Les dirigeants sportifs sénégalais ont été ainsi reçus à la Cité du Vatican, par le Pape François en septembre 2023, pour présenter le projet d’organisation de cette compétition destinée à la jeunesse du monde entier.
Cette audience avec le souverain pontife tenue dans la bibliothèque privée du Palais apostolique, était pour le président du CNOSS, de porter le message du chef de l’Etat d’alors Macky Sall et du président du CIO Thomas Bach, pour demander la bénédiction et le soutien du Saint-Père. « En 2026, la jeunesse du Sénégal et celle de l’Afrique accueillent la jeunesse du monde, pour communier avec elle autour des valeurs olympiques : excellence, amitié, respect. Le message du Pape François, dans son universalité, est un soutien inestimable pour les Jeux », avait déclaré Mamadou Diagna Ndiaye au sortir de l’audience.
Membre de la délégation, le président de la Fédération Sénégalaise de Football était revenu, sur sens de cette rencontre avec le Pape François. «Nous avons eu l’honneur d’être reçus par le Pape François dans le cadre d’une mission conduite par Monsieur Mamadou Diagne Ndiaye, président du Comité national olympique et sportif sénégalais (Cnoss). L’occasion pour le Cnoss d’informer officiellement le Saint-Père de l’organisation de ce grand événement mondial, que sont les Jeux Olympiques de la Jeunesse, JOJ 2026 en se recommandant à ses prières pour la réussite d’un tel événement historique», précisait Me Augustin Senghor sur Vaticannews. Pour le patron du football sénégalais, recevoir la bénédiction de sa sainteté, est d’une grande importance pour le Sénégal qui doit montrer au monde entier son savoir-faire en la matière. « Le Sénégal accueillera le monde entier sur son sol. Nous avons besoin de soutien, aussi bien matériel, humain, que spirituel, pour la réussite cet événement. Il est pour nous, croyants, important de venir solliciter les prières du Saint-Père et de toute l’Eglise » avait pour sa part indiqué Cécile Faye, secrétaire générale adjointe du Comité national olympique et sportif sénégalais. «Sachant que le Pape est très attaché à la jeunesse, il était important pour le Président, qui nous a confié cette mission, de pouvoir lui présenter ce projet grandiose pour la jeunesse africaine et mondiale», a ajouté Me Senghor.
Selon le site d’information du Vatican, le Pape qui a d’abord félicité le Sénégal pour cette organisation, a aussi remercié tous ceux qui s’engagent pour le développement de la jeunesse par le sport; car, selon lui, «le sport est éducatif». Le Saint Père a de ce fait rassuré la délégation sénégalaise de ses prières pour la réussite de ces Jeux Olympique de la Jeunesse qui se dérouleront du 31 octobre au 13 novembre 2026, entre Dakar, Diamniadio et Saly.
Un pape amoureux du sport
Avant de revêtir sa soutane, le pape François a pendant son enfance porté un maillot de football. Et c’est dans les cages, en tant que gardien de but, que Jorge Mario Bergoglio a d’abord essayé de briller. L’expérience ne lui a toutefois pas permis de mener une carrière à la hauteur d’un Lionel Messi qu’il a longtemps admiré.
Fervent supporter du club de San Lorenzo, basé à Buenos Aires, François n’a que 10 ans lorsque l’équipe remporte le championnat d’Argentine en 1946. Il raconte dans son Espère, son autobiographie publiée en janvier 2025, n’avoir alors raté « aucun des matchs » de la saison à cette époque, aux côtés de ses frères et surtout de son père, lui aussi animé par les valeurs de ce club dont il portait les couleurs à la section basket. En 2013, lorsque François devient le 266e pape, son amour pour le club argentin ne passe pas inaperçu dans les médias. Le club San Lorenzo s’empresse même de publier sa carte de membre, au numéro 88235N, sur laquelle une photo montre le religieux poser fièrement avec son col romain.
La même année, l’équipe remporte le championnat d’ouverture argentin, puis, pour la première fois de son histoire, la Copa Libertadores en 2014, compétition pendant laquelle s’affrontent les meilleurs clubs sud-américains. Les dirigeants du club avaient proposé aussi de nommer un futur stade en son honneur, requête que le religieux accepte. Au-delà de son admiration pour l’équipe de San Lorenzo, le pape François a toujours été animé par les valeurs qu’incarne le football. Dès le début de son pontificat, en 2014, le religieux appelait à ce que les joueurs prennent leurs responsabilités au sérieux. « Vous êtes au centre de l’attention, et tant de vos admirateurs sont jeunes et très jeunes ! (…) Le sport recèle une forte valeur éducative. Que le football puisse toujours développer cette potentialité », avait-il déclaré. Il regrettait que ce sport soit devenu « un gros business en raison de la publicité et des télévisions », business auquel il ne voulait pas adhérer.
En 2014, il organise à Rome un « match interreligieux pour la paix », réunissant des grands noms de la discipline à Rome. Gianluigi Buffon, David Trezeguet, Andriy Shevchenko, ou encore Diego Maradona ont ainsi disputé un match dont les profits ont été reversés à des associations pour l’éducation d’enfants en difficulté. Il s’est aussi plusieurs fois exprimé au sujet de Diego Maradona et de Lionel Messi, deux grands joueurs argentins dont il suivait les exploits. Au sujet du premier, il déplorait sa dépendance à la drogue. Quant au second, il avait appelé à mesurer l’usage de l’expression « Dieu du football ». « Ce sont des moyens populaires de s’exprimer. C’est agréable de voir comment il joue. Mais ce n’est pas Dieu », s’était-il ainsi justifié…
Jacques Victor GOMIS