Oui à la démocratie, à la République et à l’État de droit !
Nous, partis politiques du Mali, réunis pour évaluer la situation politique, institutionnelle et sociale du pays, face à la gravité des menaces pesant sur la démocratie et le pluralisme politique, considérant :
– que la Constitution du 2 juillet 2023, adoptée par référendum, garantit formellement la liberté d’opinion, la liberté d’association et la liberté de création des partis politiques ;
– que les partis politiques sont des acteurs incontournables de la vie démocratique et les canaux légitimes de la souveraineté populaire ;
– que les concertations récemment organisées sous l’égide des autorités militaires n’étaient ni inclusives ni représentatives, et que les résolutions qui en découlent ne peuvent engager le peuple malien ;
– que des informations concordantes font état de projets visant à suspendre ou à dissoudre les partis politiques, en violation flagrante de la Constitution et des engagements internationaux du Mali ;
– que la transition politique actuelle, initialement acceptée pour remettre le pays sur les rails de l’ordre constitutionnel, s’éternise sans horizon clair, ouvrant la voie à une dérive autoritaire ;
– que des propositions ont été avancées pour imposer une caution financière à la création des partis politiques, instaurant de fait un suffrage censitaire contraire aux principes républicains ;
Déclarons solennellement ce qui suit :
- Nous condamnons fermement toute tentative de restriction, de suspension ou de dissolution des partis politiques, qui constitue une atteinte directe à la Constitution et à la souveraineté du peuple malien.
- Nous rejetons avec force les conclusions issues des assises récentes, tenues sans représentativité réelle, et les considérons comme nulles et non avenues.
- Nous exigeons la fin effective de la transition politico-militaire au plus tard le 31 décembre 2025, et appelons à la mise en place d’un calendrier de retour rapide à l’ordre constitutionnel.
- Nous exigeons la libération immédiate de tous les détenus politiques, ainsi que le retour sans condition des exilés politiques, conformément aux principes de justice et de réconciliation nationale.
- Nous nous réservons le droit d’engager des poursuites judiciaires contre tout fonctionnaire ou agent public qui se rendrait complice de la manipulation de la Constitution ou de l’organisation de mécanismes illégaux de dissolution des libertés.
- Nous appelons à une mobilisation nationale et républicaine : des partis politiques, des syndicats, des organisations de la société civile, des légitimités traditionnelles et religieuses, des magistrats et de toutes les forces républicaines, pour défendre ensemble les libertés, l’État de droit, et empêcher le retour à un régime de parti unique ou de dictature de fait.
- Nous rejetons catégoriquement toute tentative d’instaurer une caution financière pour la création des partis politiques, ou toute autre forme de sélection par l’argent pour l’accès à la vie politique. Cette logique de suffrage censitaire viole l’égalité des citoyens devant la loi et menace directement la démocratie malienne. La citoyenneté ne se paie pas.
Le Mali a besoin de démocratie, de dialogue, de justice, non de répression et de verrouillage. L’histoire ne pardonnera pas à ceux qui veulent éteindre les libertés conquises au prix du sang et des sacrifices.
Halte à la dérive autoritaire au Mali : Pour la défense de la démocratie, des libertés fondamentales et de l’État de droit !
Les mouvements citoyens, les organisations de la société civile et des forces politiques d’Afrique de l’Ouest s’élèvent avec force contre la mise à mort progressive de la démocratie malienne. Nous refusons de garder le silence face à une dérive autoritaire qui menace les acquis démocratiques du Mali. Le 29 avril 2025 restera un jour sombre dans l’histoire politique du Mali. Les conclusions de la “ consultation des forces vives pour la relecture de la charte des partis politiques” ont entériné la dissolution de tous les partis politiques et rendu plus difficile à l’avenir la création des partis en raison de la caution portée désormais à 100 000 000 Fcfa ainsi que la caution de candidature à 250 000 000 Fcfa. Les discussions ayant débuté le 28 avril au Centre international de conférence de Bamako (CICB), ont vu la participation des mouvements de soutien à la junte au pouvoir, des autorités traditionne les et religieuses. La majorité des partis politiques et organisations de la société civile malienne ont boycotté et ont dénoncé dans une conférence de presse une mise en scène destinée à les faire disparaître et à mettre fin au multipartisme instauré à la chute de la dictature militaire du général Moussa Traoré, en 1991. L’autre recommandation phare est de faire du général Goïta, un président de la République de plein droit avec “un mandat de cinq ans renouvelables à partir de cette année.” Cette décision est motivée par la nécessité de donner du temps nécessaire aux militaires au pouvoir de poursuivre la gestion de l’État ; de maintenir les organes actuels jusqu’à la pacification du pays… Ce faisant, le Président de la Transition malienne rejoint ses compères de l’Aliance des États du Sahel (AES). En mars, le Niger a lui aussi fait du Général Abdourahamane Tiani, président de la République pour un quinquennat renouvelable. Quant à la transition au Burkina Faso, ele a été prolongée de cinq ans en mars 2024. Depuis la prise de pouvoir par les militaires au Mali, les libertés d’association sont malmenées. L’année dernière à la même époque, les activités des partis et des associations à caractère politique sur l’étendue du territoire national ont été suspendues à travers un décret présidentiel pour “ sauvegarde de l’ordre public”. La suspension a été levée en jui let. Ibrahim Nabi Togola, président de la Nouvele Vision pour le Mali, parti d’opposition, a été enlevé en décembre 2024 par des éléments présumés de la sécurité d’État et son sort est resté inconnu jusqu’à sa libération 45 jours plus tard. En ce qui concerne la liberté d’expression, les autorités de la transition ont multiplié les mesures restrictives et le bâi lonnement des voix critiques de leurs actions. Youssouf Bathily alias Ras Bath et Rokia Doumbia alias Rose Vie Chère en sont les symboles et sont les prisonniers d’opinion les plus connus du Mali. Le premier est animateur radio et militant, la seconde, une influenceuse. Bien qu’ils ne se connaissent pas, leur sort i lustre les dérives judiciaires sous la Transition malienne. Arrêtés le 13 mars 2023 pour « atteinte au crédit de l’État », ils sont détenus depuis deux ans sans jugement définitif. ils sont devenus les symboles d’une répression. La liberté de la presse n’échappe pas non plus à cette spirale autoritaire : suspension de médias privés et internationaux, interdiction de couvrir les activités politiques, pressions constantes sur les journalistes, et restriction de l’accès à l’information. Ces atteintes répétées sont des violations récurrentes et flagrantes de l’espace civique privant les citoyens maliens d’un droit essentiel à une information libre, pluriele et indépendante. Nous, organisations signataires de cette déclaration, rappelons que la dissolution des partis politiques, réalisés hors de tout cadre judiciaire légal, violent plusieurs articles de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples (CADHP) et les différentes libertés civiles et politiques consacrées par la constitution malienne adoptée à plus de 97% en juin 2023. A cet effet, nous exigeons : 1. 2. 3. La fin immédiate des décisions arbitraires de la consultation des “forces vives” de dissolution de partis politiques, qui portent atteinte au pluralisme démocratique et à la liberté d’association, garantis par la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples et par d’autres conventions internationales notamment le Pacte International pour les libertés politiques et civiles; La levée de la caution insensée pour créer un parti politique et pour être candidat aux élections au Mali; La restauration des partis politiques dissous de manière illégale ; 4. 5. la protection des espaces civiques contre toute forme de répression, d’intimidation ou de restriction injustifiée, qu’eles soient physiques, juridiques ou numériques; l’implication effective des institutions régionales et internationales, notamment la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples ainsi que le Conseil de Paix et de sécurité des Nations-Unies, afin qu’eles condamnent fermement ces dérives autoritaires et prennent des mesures concrètes. Face à la répression systématique des voix discordantes, nous appelons à la mobilisation de l’ensemble des citoyens, des médias, des intelectuels, des artistes, des universitaires et des leaders d’opinion épris de justice et de libertés démocratiques à se mobiliser pour défendre la démocratie, la liberté d’expression et l’État de droit au Mali. Enfin nous réaffirmons notre solidarité et notre soutien sans fai le envers les acteurs politiques, les activistes pro-démocratie, les acteurs politiques, les acteurs de la société civile au Mali, qui œuvrent avec courage pour la défense des droits fondamentaux et des libertés civiles dans un contexte répressif.
Signataires
AfricTivistes
Afrikajom Center
Génération Engagée
Edward Francis Small
Centre for Rights and Justice,
The Gambia Mouvement
Y’en a Marre, Sénégal
Front Populaire
Réseau de solidarité pour la démocratie en Afrique de l’Ouest (WADEMOS)
CDD, Ghana
Institut Tamberma pour la Gouvernance (ITG)
Association Villageois 2.0
Front Citoyen Togo Debout
Tournons La Page Togo
Novation Internationale
Tijani Abdulkareem, Transition Monitoring Group, Nigeria
Ibrahima Kane, avocat et co-fondateur de la Raddho