Le maire Alioune Sarr a procédé, hier, à la pose de la première pierre de l’Université Smart de Notto Diobass, pierre angulaire d’un vaste projet de modernisation territoriale. Si l’initiative séduit certains, elle rencontre aussi une forte opposition sur le terrain.
Des hectares à perte de vue, des logements sociaux déjà occupés, et un décor rural aux allures de ville en devenir : c’est dans cette ambiance contrastée que le maire de Notto Diobass, Alioune Sarr, a présenté son projet de Smart City, hier, devant plusieurs dizaines de partenaires, chefs de village, dignitaires locaux et représentants de la population. Entouré d’un important dispositif sécuritaire, la gendarmerie étant mobilisée en raison d’un contexte de tensions foncières, l’ancien ministre du Tourisme s’est montré à la fois souriant et déterminé. « Notto Diobass sera l’une des plus belles communes du Sénégal », a-t-il affirmé avec assurance.
Trois pôles pour une transformation globale
Le projet Notto Diobass Smart City s’articule autour de trois pôles majeurs :
- Le foncier : régularisation des champs et domiciles à travers l’octroi de titres administratifs (baux, titres fonciers) aux quelque 200 concessions du village de Kissane, afin de sécuriser l’habitat et offrir une garantie financière aux familles.
- L’aménagement territorial : extension planifiée du village de Kissane, conduite par un comité local présidé par le chef de village, avec un délai d’exécution annoncé d’un mois.
- L’agriculture : création d’une coopérative agricole dans laquelle les populations deviendront actionnaires, afin de générer des emplois locaux et redistribuer les dividendes.
La première pierre de l’Université Smart Notto Diobass (USND) a été symboliquement posée à Kissane. L’établissement sera un campus connecté, durable, doté d’infrastructures de pointe. Le maire a salué la présence de partenaires techniques, notamment chinois, qui ont affiché leur volonté de soutenir le projet.
Une contestation grandissante à Sangué
Mais si la vision municipale séduit certains, elle suscite également de vives inquiétudes, notamment à Sangué, village voisin, où des jeunes sont descendus dans la rue, hier matin, pour protester contre le projet. Feux de pneus, interruption des cours, blocages : les manifestations ont mobilisé plusieurs dizaines de personnes, dénonçant une « confiscation des terres » et une absence de concertation avec les habitants. Les forces de l’ordre sont intervenues pour disperser les manifestants, et plusieurs arrestations ont été signalées par des témoins. L’atmosphère demeure tendue dans la zone, où les contestataires réclament désormais la suspension, voire l’annulation du projet, en attendant une consultation « inclusive et transparente ».
Le maire rassure et assume
En réponse à la polémique, Alioune Sarr se veut rassurant. Il rappelle que la commune dispose d’un lotissement légal (n°027180) depuis décembre 2019, sur la base d’un décret présidentiel autorisant la construction de logements sociaux. « Je suis dans la légalité et j’irai au bout de ce projet », a-t-il martelé. Pour lui, ce programme de développement est une chance unique pour inscrire Notto Diobass dans les dynamiques régionales, à proximité de l’Aéroport Blaise Diagne et du port de Ndayane. Reste à savoir si cette ambition technologique et territoriale saura se concilier avec les réalités sociales du terroir.
El Hadji Malick SARR
