La croissance économique en Afrique subsaharienne s’est accélérée en 2024, pour atteindre 3,5 %, contre 2,9 % en 2023. Une progression qui s’explique principalement par une augmentation des investissements publics et des exportations de produits de base. Cette accélération de l’activité a été généralisée : plus de 60 % des économies de la région ont enregistré en 2024 une croissance plus rapide que l’année précédente. Cependant, les deux plus grandes économies de la région ont affiché des tendances divergentes. La croissance du Nigéria s’est renforcée pour atteindre 3,4 %, grâce au dynamisme du secteur des services et à la reprise de la production pétrolière.
En Afrique du Sud, la croissance a en revanche ralenti à 0,5 %, plombée par des problèmes structurels persistants et par l’inefficacité des dépenses publiques. Dans les autres pays de la région, la croissance s’est accélérée à 4,6 % en 2024, contre 3,7 % l’année précédente. La désinflation a marqué le pas dans la région, alors que les prix à la consommation ont enregistré une légère tendance à la hausse au début de 2025, sous l’effet de la hausse des prix des denrées alimentaires. Les récentes sécheresses en l’Afrique de l’Est ont détérioré les conditions agricoles et entraîné une baisse des rendements qui a intensifié la pression sur les prix alimentaires et l’inflation.
Les banques centrales ont toutefois continué d’assouplir leur politique monétaire à la faveur du reflux général des pressions inflationnistes. Certaines grandes économies qui ont connu une forte inflation, comme l’Angola, l’Éthiopie et le Nigéria, ont suspendu de nouvelles hausses des taux directeurs en raison des progrès obtenus dans le processus de désinflation. Perspectives : La croissance de l’Afrique subsaharienne devrait se renforcer pour atteindre 3,7 % en 2025 et s’établir en moyenne à 4,2 % en 2026-2027, en supposant que l’environnement extérieur ne se détériore pas davantage, que l’inflation diminue comme anticipé et que les conflits régionaux s’apaisent. Dans un contexte général de perte de vitesse des économies émergentes et en développement, l’Afrique subsaharienne est l’une des deux régions du monde qui devraient voir sa croissance s’accélérer au cours de la période de prévision. Le rythme de cette croissance resterait toutefois inférieur à la moyenne à long terme de la région et insuffisant pour obtenir des avancées significatives sur le front de l’extrême pauvreté.
Les prévisions de croissance ont été revues à la baisse, à hauteur de 0,4 point de pourcentage pour 2025 et de 0,2 point de pourcentage pour 2026. Cette dégradation des perspectives régionales fait suite à la détérioration de la conjoncture mondiale, sur fond de montée des barrières commerciales, de forte incertitude autour des politiques publiques et de confiance en berne. Les projections de croissance de l’Afrique subsaharienne pâtissent également des répercussions mondiales de ces chocs, par le biais principalement de la baisse de la demande mondiale de produits de base. Le scénario de référence repose sur l’hypothèse que les droits de douane en vigueur fin mai le resteront tout au long de la période de prévision. Les perspectives régionales dépendent également d’un assouplissement progressif des politiques monétaires et des taux d’intérêt dans la région, lequel devrait favoriser la consommation et l’investissement privés. Cependant, le poids des dettes publiques et des coûts d’emprunt plus élevés exigent la poursuite des efforts d’assainissement budgétaire, ce qui limitera la demande. Les soldes budgétaires devraient s’améliorer : les prévisions tablent sur une stabilisation du déficit primaire moyen à la suite des efforts de discipline budgétaire en 2024 et de la réduction des déficits dans les pays pauvres en ressources.
Le revenu par habitant en Afrique subsaharienne devrait augmenter en moyenne de 1,6 % par an sur la période 2025-2027, avec une révision à la baisse de 0,4 point de pourcentage pour cette année. Cela signifie que la région conservera son retard en termes de niveau de vie par rapport aux autres économies émergentes et en développement, et ce même en excluant la Chine et l’Inde. La croissance du revenu par habitant en Afrique subsaharienne devrait en outre rester inégale, avec même des baisses de revenu dans certains pays, en particulier ceux touchés par des conflits violents. Dans plus d’un quart des économies de la région, le revenu par habitant en 2027 n’aura pas retrouvé ses niveaux d’avant la pandémie.
Les risques de dégradation sont prépondérants. La croissance mondiale pourrait ne pas atteindre les niveaux anticipés par les projections du fait d’une incertitude accrue et d’une éventuelle évolution défavorable des politiques commerciales. Parmi les autres risques de détérioration figurent un ralentissement économique plus marqué qu’attendu en Chine, une montée des tensions géopolitiques mondiales, une aggravation de l’instabilité politique, ainsi qu’une poursuite des conflits violents dans la région. Une intensification du conflit au Soudan pourrait entraîner une hausse des prix alimentaires — du moins dans certaines parties de l’Afrique subsaharienne — en raison d’une offre réduite et de coûts de transport plus élevés. Une inflation plus persistante pourrait maintenir les taux d’intérêt régionaux et mondiaux à un niveau élevé, ce qui accentuerait encore davantage les difficultés des pays très endettés, tandis que des phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents et plus intenses (sécheresses et inondations notamment) pourraient contribuer à une aggravation de la pauvreté dans de nombreux pays de la région. SOURCE : BANQUE MONDIALE