juillet 4, 2025
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Interview : Abdou Latif DIALLO, Mamadou Babila KEITA, Sekou KOUNDOUNO sur le scandale monétaire en Guinée : Crimes financiers à Conraky

Abdou Latif DIALLO, Mamadou Babila KEITA, Sekou KOUNDOUNO constituent une équipe d’investigation sur ces cas de corruption et de malversation financières en Guinée. Dans cet entretien, le trio revient sur le scandale monétaire en Guinée avec des révélations autour ce qu’ils qualifient de «prédation d’État »

DAKARTIMES  : Vous publiez une série d’enquêtes sur un scandale monétaire portant sur des tonnes d’or impliquant la Banque Centrale de Guinée. Que révèle précisément votre investigation ?

Équipe d’investigation : Nous révélons l’existence d’un système structuré de détournement des réserves en devises de la Guinée et des tonnes d’or, orchestré par la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG), avec la complicité d’un homme d’affaires proche du pouvoir, M. Tidiane Koïta. À travers des contrats frauduleux, des ventes d’or dans l’opacité et des sociétés écrans, des dizaines de millions de dollars ont été transférés vers l’étranger, notamment à Dubaï, dans des conditions totalement illégales.

DAKARTIMES  : Quel a été le point de départ de ce scandale ?

Équipe d’investigation : Tout a commencé avec un contrat initial signé entre la BCRG et une raffinerie internationale, Emirates Minting Refinery (EMR), qui garantissait transparence et traçabilité. Mais très vite, ce contrat a été contourné, et une entreprise sans expertise dans le secteur aurifère, Hypro Mining, liée à M. Koïta, a été introduite avec des conditions financières exorbitantes. Cela a ouvert la voie à un système opaque de spéculation et de captation de devises.

DAKARTIMES  : Quels sont les mécanismes concrets de cette fraude ?

Équipe d’investigation : Le cœur du système repose sur plusieurs opérations simultanées : l’achat d’or local en francs guinéens par la BCRG, le transfèrement pour raffinage à Dubaï, la vente, suivi de transferts de devises entre Conakry et Dubaï, souvent sur des comptes privés. Ces mouvements sont couverts par la Banque Centrale elle-même, en violation de toutes les règles monétaires. Pire, les devises censées entrer en Guinée pour renforcer les réserves étaient, en réalité, siphonnées vers l’étranger pour des objectifs non avoués.

DAKARTIMES  : Avez-vous des preuves tangibles de ces opérations ?

Équipe d’investigation : Oui. Nous avons collecté des lettres officielles, des virements bancaires, des contrats et des pièces logistiques confirmant les transactions. Par exemple, plusieurs transferts de plus de 89 millions de dollars en avril 2023 ont été ordonnés par des cadres de la BCRG vers les sociétés MAF Gold Trading et ETS SOSIM, toutes liées au même réseau.

DAKARTIMES  : Qui sont les principaux responsables identifiés ?

Équipe d’investigation : Nos sources désignent le Gouverneur actuel de la BCRG, Karamo Kaba, comme l’un des architectes du système, son premier Vice-gouverneur, aux côtés de M. Tidiane Koïta. Mais la chaîne de responsabilité remonte jusqu’au sommet de l’État guinéen. Des cercles très influents à la présidence et au sein du CNRD l’organe suprême de la transition, protègent ce réseau, qui fonctionne en totale impunité.

DAKARTIMES  : Quelle est l’ampleur estimée du détournement ?

Équipe d’investigation : On ne peut le dire avec exactitude vu la complexité du dossier. Cependant, nous estimons que plus de 100 millions de dollars ont été captés illégalement à travers ce système, rien qu’entre 2023 et 2024. Ce chiffre pourrait encore grimper au fur et à mesure que les documents sortent. Ce scandale constitue une trahison directe de la mission publique de la Banque Centrale.

DAKARTIMES  : Quelles sont les conséquences pour l’économie guinéenne ?

Équipe d’investigation : Elles sont désastreuses. L’inflation augmente, les entreprises manquent de liquidités en devises, et la confiance des bailleurs de fonds internationaux est sévèrement compromise. Ce pillage systématique contribue à l’effondrement du tissu économique locale. Le pays est actuellement confronté à une crise de liquidité, dû au blanchiment de capitaux.

DAKARTIMES  : Quels sont les prochains développements de votre enquête ?

Équipe d’investigation : Dans les prochains épisodes, nous publierons d’autres documents plus explosifs, les identités des membres du réseau, les virements bancaires, les documents d’acquisition immobilières,et d’autres biens privés de grandes valeurs, et les connexions politiques de tous les acteurs impliqués. Nous irons jusqu’au bout pour que le peuple de Guinée obtienne justice et que ces ressources soient restituées.

DAKARTIMES : Craignez-vous des représailles ?

Équipe d’investigation : Bien sûr, mais nous avons choisi de ne pas nous taire. La Guinée mérite la vérité. Et tant que la justice ne sera pas faite, tant que les acteurs ressources publics continueront à détourner les ressources de la nation, nous poursuivrons cette mission avec courage et responsabilité. A suivre. Propos recueillis par Cheikh GUEYE

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