L’ambassadeur du Maroc à Dakar a décliné une position pertinente sur le thème du jour intitulé : « Vers des chaînes de valeur intégrées pour une Afrique Atlantique émergente ».
Il a rappelé que ce séminaire intervient «dans un contexte géopolitique en pleine recomposition ». Pour le diplomate marocain, «les défis systémiques que traverse notre monde fragmentation des chaînes d’approvisionnement, crises climatiques, nouvelles lignes de fracture géoéconomiques, nous invitent à repenser en profondeur nos modèles de développement ». Monsieur Naciri dira que « l’Afrique, et en particulier sa façade atlantique, est appelée à jouer un rôle de plus en plus central dans cette dynamique globale ».
Selon lui, Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a fait de «l’Afrique en priorité structurante de la politique étrangère du Royaume du Maroc ». Ainsi, «cette orientation stratégique se traduit par une action résolue dans les domaines diplomatique, économique, humain et culturel ». En terme d’entente, plus de 1.000 accords ont été signés avec des partenaires africains portant sur «des projets structurants » qui ont vu le jour, et «une diplomatie fondée sur la solidarité, la co-émergence et le respect mutuel s’est affirmée avec clarté ».
En outre, dans ce cadre, le Maroc a salué avec intérêt «les orientations stratégiques » prises par les nouvelles autorités sénégalaises sous «la conduite éclairée » de Bassirou Diomaye Diakhar Faye, Président de la République sœur du Sénégal. De l’avis du diplomate marocain, ces orientations inscrivent le Sénégal «dans une vision panafricaine claire, souveraine et ambitieuse ». Il a indiqué que ce choix conforte le Maroc, «car il résonne profondément avec notre propre approche et offre à nos deux pays un nouveau terrain d’entente et d’action, au service d’une Afrique forte, unie et respectée».
Par ailleurs, Monsieur Naciri a souligné que «relier la terre à l’océan à la seule force des bras peut sembler, à première vue, un simple exploit sportif ». Seulement dira-t-il «dans cet espace où l’eau et la terre se partagent le paysage, ce geste prend une signification plus profonde. Il témoigne de notre lien intime à cet espace, où chaque traversée raconte une histoire d’appartenance, de courage, et d’identité. Car vivre ici, c’est accepter de faire partie d’un monde fait de courants croisés, maritimes, culturels, humains, où la relation entre les peuples se construit, elle aussi, entre équilibre et mouvement».
Poursuivant son exposé, l’ambassadeur du Maroc rappelle que «la façade atlantique du continent, de Cap Spartel au Maroc à Cape Town en Afrique du Sud, représente aujourd’hui un espace stratégique de convergence, à la fois maritime, énergétique, humaine et économique ». Cette façade abrite environ «40 % de la population africaine et génère plus de 55 % du PIB du continent ». A son avis, «ce potentiel reste partiellement exploité, faute d’infrastructures interconnectées, de complémentarités industrielles consolidées et de gouvernance régionale cohérente ».
Le Maroc entend s’appuyer sur trois grandes initiatives portées par Sa Majesté le Roi. Ces actes structurent désormais l’action du Maroc en faveur d’une Afrique Atlantique émergente. Il s’agit de l’Initiative Royale en faveur des États africains atlantiques, réunissant 23 pays, dont évidement le Maroc et le Sénégal autour de priorités telles que la sécurité, l’économie bleue, l’environnement et la connectivité. Ces initiatives royales portent aussi sur le projet du Gazoduc Afrique-Atlantique. Ce projet est considéré comme «la colonne vertébrale énergétique traversant 13 pays, véritable levier de souveraineté et d’intégration régionale. Le tronçon Sénégal, Mauritanie, Maroc sera la première étape de ce méga projet ». Il faut rappeler que l’Initiative pour l’accès à l’Atlantique des pays du Sahel enclavés est destinée «à désenclaver ces États et à les insérer dans les chaînes de valeur régionales ».
De l’avis de l’ambassadeur, ces projets structurants témoignent de la volonté du Royaume «de faire émerger une Afrique Atlantique intégrée, interconnectée et solidaire, en droite ligne avec les objectifs de la ZLECAf et de la Vision 2063 de l’Union africaine ».
Les régions sud du Maroc constituent un carrefour à ce projet. L’ambassadeur marocain à Dakar a souligné que «dans cette architecture, le Sahara marocain joue un rôle central. Les provinces du Sud se positionnent comme plateformes logistiques, énergétiques et industrielles. En plus du port de Tanger Med, du port de Casablanca, le port de Dakhla Atlantique, symbolise cette vocation de hub régional, connectant les marchés, les savoir-faire et les peuples. C’est à partir de ces territoires que se dessinent les corridors logistiques du futur, à commencer par l’axe Tanger-Lagos, renforçant l’intégration entre le Maghreb et l’Afrique de l’Ouest ».
En outre, pour ce qui concerne l’état d’avancement des Initiatives Royales pour l’Afrique Atlantique, il faut noter que chacune d’elles a connu des évolutions concrètes et vérifiables au cours de la période 2022–2025.
Selon le diplomate, la coopération des 23 États africains atlantiques s’est structurée à travers l’adoption d’un cadre d’orientation commun, la tenue de plusieurs réunions ministérielles (notamment à Rabat en juin 2023 et juin 2024), et la mise en place de task forces nationales autour de trois piliers : la sécurité maritime, l’économie bleue et la connectivité.
Mieux encore, le projet de Gazoduc Afrique Atlantique, a franchi une nouvelle étape avec la finalisation des études techniques et environnementales, la validation du tracé, la signature d’accords avec les 13 pays et la préparation des appels d’offres pour fin 2025.
Concernant l’Initiative pour l’accès des pays sahéliens à l’Atlantique, elle a été lancée en novembre 2023. Elle a donné lieu à «une mobilisation politique et technique forte, illustrée par la tenue de réunions ministérielles et d’experts à Rabat, l’installation d’une task force conjointe, et la conduite d’études sur les corridors viables ». Monsieur Naciri a indiqué que la relance des grands corridors logistiques, notamment l’axe Tanger–Lagos, s’inscrit dans une dynamique continentale. Pour lui, le tronçon est aujourd’hui «partiellement opérationnel et bénéficie d’une coopération renforcée entre le Maroc et le Nigeria, en cohérence avec la Vision 2063 de l’Union africaine et les objectifs de la ZLECAf ».
De l’avis du diplomate, le développement de l’Afrique Atlantique ne peut se faire «qu’en synergie avec l’hinterland continental ». Il a ajouté que «la coopération triangulaire entre le Maroc, le Sénégal et la Mauritanie constitue une opportunité stratégique unique ».
L’ambassadeur Naciri a indiqué que «nous pouvons faire émerger des corridors économiques viables, des chaînes de valeur compétitives et complémentaires ainsi que des plateformes de co-développement à fort impact ».
Il a rappelé que cette rencontre est un moment «d’appropriation collectives de ces projets prometteurs. Il est à la fois un espace d’intelligence collective, de dialogue stratégique et de convergence des volontés ».
Hassan Naciri a invité les participants à «cartographier les opportunités sectorielles de l’espace atlantique, identifier les leviers d’activation des chaînes de valeur africaines, proposer des pistes concrètes de coopération multilatérale, et consolider une vision diplomatique commune de l’intégration régionale ». Cheikh GUEYE