La victoire arrachée par le Sénégal à Kinshasa contre la RD Congo (2-3) a encore confirmé une tendance lourde : l’efficacité offensive vient désormais du milieu de terrain. Entre buts, influence dans le jeu et adaptation tactique, l’entrejeu est devenu le véritable fer de lance des Lions sous l’ère Pape Thiaw.
Longtemps, l’équipe nationale du Sénégal a vécu au rythme des éclairs de ses attaquants, à commencer par ceux de Sadio Mané. Mais un vent nouveau souffle depuis l’arrivée de Pape Thiaw à la tête de la sélection. En dix matchs, l’ancien capitaine a façonné une équipe où le danger ne repose plus sur une seule star mais se diffuse dans l’ensemble du collectif. Les milieux de terrain, plus que jamais, sont au cœur de cette métamorphose. Leur capacité à se projeter, à marquer et à libérer l’attaque en difficulté s’est encore vérifiée lors du succès face à la RD Congo, où Pape Guèye et Pape Matar Sarr ont frappé les esprits.
Le Sénégal a marqué 13 buts lors de ces éliminatoires pour le Mondial 2026. Plus de la moitié d’entre eux (6) sont venus des milieux de terrain, preuve d’un changement de paradigme. Pape Matar Sarr est le symbole de cette nouvelle dynamique. Avec 4 réalisations, il n’est pas seulement le meilleur buteur sénégalais, mais aussi l’un des milieux les plus décisifs de la zone Afrique. À ses côtés, Pape Guèye et Lamine Camara ont également fait trembler les filets, confirmant la capacité des Lions à diversifier leurs sources offensives.
Un apport décisif à Kinshasa
Face aux Léopards, la victoire sénégalaise a reposé une fois de plus sur cette force collective de l’entrejeu. Pape Guèye a ouvert la voie, Pape Matar Sarr a confirmé son statut de buteur providentiel. Les deux réalisations des milieux ont allégé la pression sur l’attaque, encore en quête de régularité, et ont permis aux Lions de s’imposer dans un environnement hostile, preuve du poids stratégique de ce secteur.
La patte Pape Thiaw
En dix matchs sur le banc, Pape Thiaw a imprimé un style clair : densifier le milieu, donner de la liberté aux relayeurs et encourager la projection. Déjà lors du succès amical contre l’Angleterre, Habib Diarra avait illustré ce schéma en marquant. Le Strasbourgeois avait ensuite confirmé en qualifications de la CAN, avec un doublé contre le Burundi et un but décisif face au Burkina Faso, ouvrant la route du Maroc. Plus qu’une simple tendance, l’efficacité des milieux traduit une philosophie assumée par le sélectionneur.
Une dépendance à Sadio Mané en recul
Sous l’ère précédente, le Sénégal reposait en grande partie sur les fulgurances de Sadio Mané, souvent buteur décisif. Cette dépendance, parfois lourde, limitait la palette offensive des Lions. Aujourd’hui, l’équipe s’est réinventée. Les défenseurs et les adversaires ne peuvent plus concentrer leur marquage sur un seul homme. La menace vient désormais de tous les compartiments du jeu, rendant le Sénégal bien plus imprévisible.
Une profondeur de banc précieuse
Cet apport des milieux ne se limite pas aux titulaires. Habib Diarra, Lamine Camara ou même Cheikhou Kouyaté par le passé ont montré leur capacité à peser. Cette profondeur de banc est un atout majeur à l’approche des grands rendez-vous. Elle permet d’adapter les plans de jeu, de varier les profils et de surprendre l’adversaire.
Vers une identité collective retrouvée
Cette victoire à Kinshasa ne représente pas seulement trois points dans la course à la Coupe du monde. Elle illustre une évolution plus large : l’émergence d’un Sénégal collectif, où la responsabilité du but est partagée. Pour Pape Thiaw, c’est un pari gagnant. Pour les Lions, c’est la promesse d’une équipe moins prévisible, plus complète et capable d’affronter les défis qui l’attendent sur la route des États-Unis, du Canada et du Mexique.
El Hadji Malick SARR
