Malmenés en défense et sérieusement inquiétés en première période, les Lions ont montré les crocs pour renversant complètement la tendance face à la République Démocratique du Congo (2-3) et ses 80 mille spectateurs présents hier au stade des Martyrs. Un scénario invraisemblable que seule l’équipe de Pape Thiaw sait écrire. La bande à Kalidou Koulibaly vient de faire le plus dur dans la course à la qualification à la prochaine Coupe du monde.
Les Léopards avaient rendez-vous avec l’histoire. La République Démocratique du Congo rêvait assurément d’accrocher le scalp du champion d’Afrique 2021 à son tableau de chasse ou, a minima, de mettre un terme à sa folle série de 26 matchs sans défaite. Mais l’enthousiasme des Léopards et de leurs supporters a rapidement tourné au cauchemar hier. Aux mental, les Lions sont allés chercher la victoire qui leur permet de mettre un pied et trois orteils à la Coupe du monde 2026.
Un match qui commence mal
Les Lions ne pouvaient pourtant pas plus mal débuter cette « finale » du groupe B. Timorés car en quête de repères notamment en défense avec une charnière Kalidou Koulibaly-Abdoulaye Seck (à l’absence de Moussa Niakhaté) qui n’avait plus joué ensemble depuis assez longtemps, ils ont laissé jouer les congolais qui ne se sont pas fait prier pour ouvrir le score rapidement après les premières frayeurs dans la défense congolaise. Dans une ambiance déjà show bouillante avant même le coup d’envoi, Cédric Bakambu, l’une des stars de cette équipe de la RDC mettait en effet le feu aux poudres à la 26e minute.
L’attaquant du Betis a, sur un geste de classe, éliminé facilement Kalidou Koulibaly sur une roulette en plein axe avant de fusiller Edouard Mendy dans l’angle fermé (côté droit) pour ouvrir la marque. Déjà buteur contre le Soudan du Sud (1-4) vendredi dernier, le joueur congolais e plus cher lance idéalement son équipe dans ce choc au sommet. Et pourtant, jusqu’ici, l’équipe de Pape Bouna Thiaw a essayé de poser le jeu. Elle s’est même procurée la première alerte, mais Nicolas Jackson, préféré à Boulaye Dia manque le cadre de la tête (5e mn).
Aussitôt, les sénégalais tentaient de réagir sur un corner, mais la tête du capitaine Koulibaly passe complétement au-dessus du but. Tandis de Malick Diouf n’était pas loin de tromper le gardien adverse sur un centre qui heurte la barre transversale. En face, la RDC déroulait parfaitement son plan. A peine 7 minutes après l’ouverture du score, les congolais enfonçaient le clou. Cette fois, devant une défense complétement aux abois, Yoane Wissa hérite d’un joli travail de Meschack Elia qui martyrisé El Hadji Malick Diouf côté droit avant de mettre Kalidou Koulibaly dans le vent, sert le nouveau joueur de Newcastle qui profite bien de la sortie malheureuse de Mendy (auteur d’une glissade) pour mettre le but du break (2-0, 33e mn) rendant les supporters surexcités.
La RDC passe de l’euphorie au cauchemar
Ces deux buts ont mis l’équipe du Sénégal en difficulté, mais ont également mis en évidence les carences défensives du Sénégal de ce mardi là et la rapidité de ses transitions offensives de l’adversaire. Conséquence, le Sénégal va devoir remonter deux buts, à la stupéfaction générale, après un peu plus d’une demi-heure de jeu.
Mais au moment où les 80 mille supporters congolais se déchainaient dans les gradins du stade des Martyrs, le Sénégal décidait alors de réagir avant qu’il ne soit trop tard. Et c’est Iliman Ndiaye qui prend ses responsabilités pour offrir un petit numéro à l’entrée de la surface de réparation avant d’enrôler une frappe qui touche le poteau droit de Dimtry Bertaud. Pape Gueye avait bien suivi et n’avait qu’à pousser le cuir au fond des filets (2-1, 39e mn). Le milieu de terrain de Villarreal n’était pas loin du doublé avant de voir sa lourde frappe claquée par le portier congolais juste avant la pause. Mais il venait néanmoins de relancer son équipe avant de rejoindre les vestiaires.
A la reprise, les partenaires de Sadio Mané reviennent avec un peu plus de mordant. Ils ont décidé de forcer et finiront par obtenir gain de cause. Nicolas Jackson qui n’a existé trop mollement devant, profite de la naïveté de la défense congolaise, pour jaillir et pousser le ballon du bout du pied, au fond (2-2, 53e mn) et remettre ainsi les compteurs à zéro.
Pape Matar « Sauveur »
L’espoir de retourner à la Coupe du monde renait coté sénégalais, mais il fallait encore faire plus. Il y avait de la place puisque les congolais semblaient abattus. Au même moment, ce qui était leur force, se transforme en handicap quand les supporters, frustrés, jetaient des projectiles à tout va sur la pelouse. Moment idéal pour le sélectionneur national du Sénégal de sortir ses jokers : Habib Diarra, puis Pape Matar Sarr, Chérif Ndiaye et Cheikh Tidiane Sabaly rentrent en lieu et place respectivement de Lamine Camara, Pape Gueye, Nicolas Jackson et Sadio Mané. Des choix forts qui porteront leur fruit dans une fin de match irrespirable.
Auteur d’un chef-d’œuvre vendredi contre le Soudan, Pape Matar Sarr s’est encore illustré sur une reprise instantanée pour battre Bertaud (2-3, 87e mn), après un beau service du jeune Sabaly qui a réalisé un joli travail côté droit. Un renversement de situation extraordinaire offrant certainement, le match le plus excitant de cette 8e journée des éliminatoires de la Coupe du monde. Ce n’est pas seulement une qualification qui est à la portée du Sénégal, mais une revanche sur les Léopards qui avaient fait le dos rond à l’aller à Dakar avant d’accrocher les Lions (1-1). Un match nul au gout d’une défaite. Blindée de certitudes après sa victoire à Juba sur la pelouse du Soudan du Sud (4-1), l’équipe de la RD Congo a ainsi vu ses chances de qualification directe au mondial 51 ans après, s’envoler à deux journées du terme. Le Sénégal (désormais leader avec 18 points), doit, de son côté, finir le travail en octobre face au Soudan du Sud et à la Mauritanie. Gagner pour être au rendez-vous en 2026 pour la troisième fois consécutive.
Jacques Victor GOMIS