septembre 15, 2025
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Sécurité

Une armée européenne est-elle (vraiment) possible ?

Quelques semaines après les grandes annonces des dirigeants européens sur la nécessité de mettre sur pied une défense européenne autonome, des avancées, notamment budgétaires, ont été réalisées. Mais cela suffira-t-il pour avoir une vision commune et convaincre l’opinion publique ?

La présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a rappelé l’urgence de la situation le 20 mars 2025 : « L’Europe doit se positionner comme une force avec laquelle il faut compter. Cela signifie qu’elle doit être prête. Cela signifie qu’il faut prendre au sérieux notre sécurité, notre état de préparation et notre compétitivité ».

Depuis le début de la guerre entre l’Ukraine et la Russie en février 2022, la menace d’une extension du conflit inquiète les pays frontaliers. Ce climat d’instabilité a renforcé le sentiment d’urgence en matière de sécurité chez de nombreux Européens. Une étude publiée en mars 2025 par le Parlement européen révèle que 36 % des citoyens interrogés dans les 27 pays membres considèrent désormais la défense et la sécurité comme une priorité.

À cela s’ajoute l’incertitude provoquée par le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et ses déclarations répétées sur un éventuel retrait de l’OTAN. Ces tensions extérieures poussent l’Union européenne à renforcer sa propre sécurité et à envisager sérieusement le développement de capacités militaires autonomes. Tout comme les Européens revoient leurs attentes vis-à-vis de l’UE. Selon cette même étude, deux tiers des citoyens européens souhaitent que l’UE joue un rôle plus important pour les protéger contre les crises mondiales et les risques sécuritaires. De même, quand on leur demande « pourquoi l’adhésion à l’EU est bénéfique selon vous ? », ils répondent désormais en priorité « pour la protection de la paix et le renforcement de la sécurité ».

« Il est temps de créer une armée européenne »

Dans ce contexte, l’idée d’une armée commune refait surface. Le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, l’a défendue avec vigueur fin mars : « Il est temps de créer une armée européenne, composée de troupes issues des 27 États membres, œuvrant sous un même drapeau et avec des objectifs communs. C’est la seule voie pour bâtir une véritable Union ».

Ce projet de longue date, porté également par la France et Emmanuel Macron depuis 2017, suscite de vifs débats, y compris sur les réseaux sociaux. Sur Reddit, certains s’interrogent : « Une armée européenne est-elle une bonne idée ? ». D’autres plaident : « Il est temps de reconsidérer sérieusement cette option. »

« Je ne vois pas comment harmoniser tout ça »

Cette vision séduit certains jeunes Européens. Maria, une Roumaine de 22 ans, confie à ChatEurope : « Ce serait une bonne chose. Cela nous rendrait plus autonomes sur le plan militaire, sans avoir à dépendre en permanence d’aides extérieures. Et peut-être que cela nous unirait davantage. »

Mais pour d’autres, l’idée va à l’encontre des valeurs fondatrices de l’Union. « L’UE n’a pas été créée pour faire la guerre, mais pour promouvoir la paix et la coopération », affirme Karolina, une Polonaise de 24 ans.

Un argument que réfute Ianis, un Français de 30 ans : « Dire qu’on veut une armée commune ne signifie pas qu’on cherche la guerre. Oui, le terme « armée » peut faire peur, mais c’est justement pour dissuader d’éventuelles attaques qu’il faut une défense solide. »

« Qui va payer ? »

Au-delà des divergences politiques, la question du financement reste centrale. Mario, un ancien soldat allemand, préfère rester sur la réserve : « Qui va payer ? Probablement encore l’Allemagne, lance-t-il. Quand on regarde qui soutient le plus l’Ukraine, Macron est parmi ceux qui ont le moins contribué en Europe, donc c’est facile de dire ‘faisons ensemble’. »

Effectivement, selon le Kiel Institute, l’Allemagne est le principal contributeur à l’effort de guerre ukrainien avec plus de 17 milliards d’euros, soit 0,4 % de son PIB. La France, bien que dans le peloton de tête, y a consacré près de 5 milliards d’euros — soit un peu moins de 0,2 % de son PIB.

Les pays d’Europe de l’Est ont aussi fortement augmenté leurs budgets militaires face à la menace russe. En 2024, la Pologne arrive en tête, suivie par l’Estonie et la Lettonie, avec respectivement 3,43 % et 3,15 % de leur PIB consacrés à la défense.

Des efforts concrets mais encore fragmentés

Mais sur le terrain, la coordination reste difficile. Les États membres peinent à s’approvisionner auprès d’industriels européens, ce qui affaiblit la cohérence de la stratégie de défense.

« On annonce des budgets, mais sans stratégie commune », relève Federico Santopinto, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), spécialiste des questions de défense. Si l’Allemagne achète des F-35 américains ou des missiles Patriot, cela ne sert pas la défense européenne ». Il faut, selon lui, éviter une fragmentation supplémentaire. “L’UE doit encourager des achats concertés et une vision partagée. Or, cette planification fait aujourd’hui cruellement défaut, malgré des besoins bien identifiés. »

Justine Hagard (Chateurope)

 

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