Les causes de l’échec des pays de l’Afrique de l’Ouest dans leur stratégie de lutte contre le terrorisme religieux devraient être retrouvées, dans leur ignorance persistante, des grands succès du Maroc, dans ce domaine. Oui ! Le Maroc est leader dans la lutte contre l’extrémisme religieux, en Afrique, voire dans le monde. Alors, pour combattre ce mal, pourquoi, les pays du G5 Sahel, ainsi que leurs voisins ouest africains, cherchent-ils tout le temps, à trouver une solution au-delà de la méditerranée, alors qu’elle est juste à côté : Rabat ?
Tous ces cycles de coups d’Etat dans les pays du G5 Sahel (Mali, Burkina Fasso, Niger) et en Guinée, et ces séries d’attaques terroristes pouvaient être évités, si les Africains de l’Ouest avaient l’intelligence de tourner leur regard vers le Maroc voisin.
La France, ancienne colonisatrice, qui a subi plusieurs attaques terroristes sur son propre sol jusqu’en 2016, et qui continue d’en souffrir de nos jours, n’est pas mieux outillée, que Rabat, (qui a fait reculer la menace), pour lutter contre le terrorisme ? Aujourd’hui, Paris est stressé par le retour de plusieurs contingents de jeunes terroristes qui ont combattu en Syrie et en Irak, ainsi que leurs épouses et leurs enfants ivres de l’idéologie djihadiste. Alors, qu’il faudrait juste que les autorités françaises aient l’humilité d’accepter d’importer la stratégie marocaine de lutte contre l’extrémisme religieux, pour éteindre les foyers de tension politique et sociale sur leur sol.
Au vu des facteurs sociaux qui exacerbent le phénomène de l’extrémisme religieux en Afrique subsaharienne, la solution ne peut être qu’africaine. Car, il ne s’agit guère d’avoir les armes (nucléaires soient-elles) pour éliminer les groupes terroristes. Il faut plutôt avoir l’intelligence de la situation, comprendre les soubassements sociaux, afin de pouvoir anticiper sur la menace sans forcément passer par les armes,dans une approche globale, participative, citoyenne et multisectorielle. Voilà, le secret du Royaume Chérifien, qui devrait inspirer tous les pays du Sahel ainsi que la France et l’Union européenne.
Depuis 2002, le Maroc a réussi le démantèlement de plus de 209 cellules terroristes suivi de l’interpellation de près de 3.535 personnes et 500 projets d’attaques déjoués. Par ailleurs, le Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ) relevant de la Direction générale de surveillance du territoire national (DGST) a mené le mercredi 26 Juillet 2023 un vaste coup de filet antiterroriste dans plusieurs régions du Maroc. Il a permis l’interpellation d’une cinquantaine de personnes présumées djihadistes. Ainsi, les autorités ont précisé que 21 ont été placées en garde à vue par le parquet, parce quesoupçonnées d’appartenir aux entreprises terroristes : Etat islamique (EI) et Al Qaïda. De manière concomitante, des perquisitions menées dans plusieurs villes ont permis de retrouver des armes blanches, des documents faisant l’apologie du terrorisme ainsi que des fichiers portant sur des méthodes de fabrication d’engins explosifs.
Les agents marocains réussissent souvent à annihiler toute velléité terroriste en gestation avant qu’elle n’entre dans sa phase opérationnelle violente. C’est d’ailleurs le sens de leurdémarche préventive et anticipative. Du coup, c’est à l’état embryonnaire que les larves terroristes sont neutralisées. Les autorités ont compris que, mieux vaut avoir l’intelligence d’anticiper sur la menace, que d’être courageux à mener une guerre contre les terroristes suicidaires. Cette doctrine marocaine doit être copiée par l’ensemble des Cellules anti terroristes en Afrique.
Plusieurs fois, les services de sécurité marocains, ont mis hors d’état de nuire, des groupes de djihadistes. Cela grâce à l’approche préventive des services dédiés à la lutte contre la menace. Par ailleurs, c’est par le Maroc que les pays du Sahel ont été islamisés. Mais, par d’autres canaux, de nouvelles pratiques religieuses ont influencé des masses, surtout la jeunesse perdue dans l’extrémisme. Maintenant, le Sahel doit remonter le chemin, vers l’Afrique du Nord, afin de retrouver dans les valeurs de l’Islam marocain et les solutions durables, face à cette menace terroriste. Oui, le remède contre le terrorisme ne peut venir que du Maroc, dans la mesure où la stratégie française a montré ses limites.
Rabat est pionnier dans la promotion de l’Islam tolérant et des valeurs islamiques de paix. Sa stratégie de lutte contre l’intégrisme religieux devrait être adoptée par tous les pays du Sahel qui souffrent de ce fléau. Car, la France et ses alliés de l’Union européenne qui ont échoué au Mali, au Burkina Faso, au Niger, bref dans l’espace du G5 Sahel, se rendent désormais à l’évidence. Le sentiment anti français a eu raison sur la politique africaine de l’Elysée, dont le patron Franck Paris a été limogé au début du mois de Juillet 2023.
L’approche marocaine de lutte contre la menace terroriste, est cultuellement et historiquement plus adaptée aux réalités de l’Afrique noire. Pourquoi alors, les pays du Sahel devraient-ils s’attendre de l’Europe, une solution à un problème africain, plus que social et économique, que militaire. Le succès du Maroc, dans la lutte contre l’extrémisme religieux, rend caduque toutes les stratégiques mises en œuvre par la France dans le Sahel. Même si Paris peut apporter sa contribution dans le cadre de la coopération, la solution marocaine s’impose à tous maintenant.
Le Sahel est lié au Maroc par la géographie, par l’histoire et par la religion. Par conséquent, Rabat devrait prendre l’initiative de mettre sur pied un organe sous régional, avec l’ensemble des pays du Sahel, pour lutter contre le terrorisme. La pertinence de sa stratégie de lutte contre la menace suffit pour convaincre l’ensemble de ses voisins sahéliens.
Il est évident que si le Maroc avait joué le rôle que la France prétend assumer en Afrique de l’Ouest, la situation ne serait pas en déliquescence, comme c’est le cas aujourd’hui. Car, les Africains ne voient pas le Maroc comme un colonisateur, mais plutôt comme un pays frère et ami. Et là, la stratégie de lutte contre le terrorisme dans le Sahel, serait encore plus efficace, du fait de la confiance qui cimente les relations depuis plusieurs générations.
Rabat a réussi la promotion d’un Islam modéré dans une approche participative avec l’ensemble des acteurs sociaux. Et, la participation des citoyens, surtout des jeunes, dans la promotion de la politique de tolérance a été remarquable. Il a été relevé l’implication sans réserve du Conseil supérieur des Oulémas dans la formation et la sensibilisation. D’ailleurs, il y a l’Institut Mohammed VI pour la formation des Imams qui veille et encadre les Imams, en provenance de l’étranger autour des valeurs islamiques de paix.
C’est le lieu de magnifier la coopération sud/sud dans la lutte contre le terrorisme. D’ailleurs, ce serait une excellence initiative, de la part de Rabat, d’organiser des rencontres annuelles (sommet islamique) avec des imams venus des pays du G5 Sahel, du Sénégal, de la Guinée, de la Côte d’Ivoire, de la Mauritanie, du Tchad, du Bénin, du Togo, de la Centrafrique, du Cameroun, du Soudan, etc. Les étudiants de ces pays doivent également bénéficier de bourses dans les universités marocaines.
Il faut un retour à la source marocaine d’où le Sahel a été irrigué à la religion islamique. Le Sahel géographiquement adossé au Maroc, terre musulmane, gagnerait à s’allier avec ce pays ami.
Par ailleurs, il faut dire que, malgré l’application rigoureuse de la loi contre les individus poursuivis pour terrorisme, les autorités gracient certains prévenus pour leur permettre une réinsertion sociale dans le cadre d’une politique nationale de tolérance et de dialogue.
Rabat a fait mieux. Car, le 21 avril 2022, parmi les 1.518 personnes graciées par le Souverain, figurent 17 détenus condamnés dans des affaires d’extrémisme et de terrorisme. En août 2022, ils étaient 09 anciens détenus pour terrorisme, graciés. Au total, 150 personnes arrêtées pour terrorisme ont été graciées, dans le cadre d’un programme dénommé «Moussalaha» lancé pour la réintégration de ces ex prévenus. Ainsi, plus d’une dizaine de détenus a pu accéder au programme. Environ, 279 ex détenus pour terrorisme ont bénéficié du «Moussalaha» depuis 2016. Dans sa politique de résilience sociale, le Royaume a aidé certains anciens détenus à réussir leur réinsertion sociale. Il a été remarqué l’intégration de certains ex détenus dans des formations politiques. D’autres ont pu accéder à des postes de responsabilité après avoir tourné la page de leur radicalisme religieux pour se mettre au service de leur pays.
Le Maroc a également réussi la déconstruction de l’idéologie subversive qui fait l’apologie du terrorisme, de la violence, dela haine et de l’intolérance. Sa stratégie implique l’éducation, la promotion des valeurs de paix, le commun vouloir de vie commune, l’acception des différences, la formation, l’emploi et l’entraide. D’ailleurs, il a été lancé un programme ambitieux de recrutement de 25.000 jeunes.
Pour terminer, disons que l’éradication du terrorisme dans le Sahel devrait passer nécessairement par l’adoption du modèle marocain par l’ensemble des pays menacés et touchés. Ceux du G5 Sahel, de surcroit ex colonies françaises, souffrent à la fois du terrorisme et des changements anti constitutionnels du pouvoir. Cette situation politique et sécuritaire devrait trouver une solution africaine à travers l’offre marocaine de lutte contre le terrorisme qui est le soubassement de la détérioration de la situation dans ces pays, qui avaient fait confiance à la France.
Le Royaume du Maroc et ses frères du Sahel devraient se retrouver dans le cadre d’une stratégie africaine de lutte contre le terrorisme suite aux difficultés connues par les opérations : Barkhan et de Takuba. Rabat en a les moyens, l’expérience et les ressources.
L’adoption de la stratégie marocaine par les pays du Sahel, permettra au Royaume de renforcer davantage ses relations avec l’Afrique subsaharienne. Pour le Maroc, il ne s’agit pas de se substituer à la France dans l’espace sahélien. Mais plutôt d’accompagner ses frères africains dans leur quête de stabilité sans laquelle, aucune politique de développement ne peut aboutir.
Alors, faudrait-il aller vers la tenue annuelle d’un «sommet Afrique » en terre marocaine pour évaluer les axes de coopération en vue d’apporter des solutions africaines aux problèmes africains tels que le terrorisme, la crise alimentaire, etc.
D’habitude, les pays africains se retrouvaient à Paris jusqu’au dernier sommet à Pau. Aujourd’hui, c’est la Russie qui s’approche des pays du Sud pour contourner les sanctions européennes par un changement de ses options de coopération. Mais, à l’instar de Saint Petersbourg et de Paris, Rabat devrait accueillir un sommet Afrique, pour renforcer le partenariat économique sud/sud, mettre en place des politiques communes de développement, partager les expériences en matière de lutte contre le terrorisme, etc.
Par Mamadou Mouth BANE