La rentrée du parlement hier lundi 12 septembre a été marquée par une situation inédite. Le vote pour l’élection du président de l’Assemblée Nationale qui devait commencer tôt dans la matinée a finalement débuté vers 20 h. Pour cause, un dialogue de sourds entre l’opposition et le camp du poupoir qui a fini par créer un vrai blocage. Pis, il a fallu l’intervention de la gendarmerie pour pouvoir débloquer la situation. Finalement c’est le candidat de la coalition Benno Bokk Yakaar, Amadou Mame Diop qui a été choisi pour remplacer Moustapha Niass à la tête de l’institution.
L’Assemblée Nationale a été hier théâtre d’échauffourées. Des empoignades et des propos aigres-doux ont été échangés par les députés lors de la distribution des enveloppes pour le vote du poste du président de l’Assemblée nationale qui devait débuter à 10 h. Un blocage qui a persisté jusqu’au soir.
D’après le député Demba Diop « Diopsy » la situation est créée par l’opposition. « Nous, nous sommes prêts. Le retard vient d’eux, députés de l’opposition. Tant qu’ils n’harmonisent pas leurs violons on est obligé d’attendre qu’ils finissent, » a fait savoir le parlementaire de la majorité.
Abdou Mbacké Bara Dolly explique l’origine de cette situation par un blocage qui se situe à deux niveaux. « L’article 54 de la constitution, alinéa 2, dispose qu’on ne peut pas être ministre et être député. Puisque cela n’est pas autorisé par la loi, il faut qu’ils démissionnent avant le démarrage de la session », a indiqué le député de l’opposition. De plus, dit-il, «l’article 86 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale ne parle que de 4 bulletins pour l’élection du président de l’Assemblée nationale.» « Le règlement intérieur de l’Assemblé ne prévoit pas 5 à 6 candidatures donc. Le Conseil constitutionnel doit donner son avis sur cela. C’est ce qui engendre le blocage », indique-t-il.
Sur la question de la démission des députés qui sont déjà ministre, réclamée par l’opposition, le maire de Tivaouane répond :« On prend fonction d’abord après on démissionne. Ils n’ont pas encore été installés donc ils ne peuvent pas démissionner. Ce sont eux qui ne sont pas encore prêts, ils gèrent leurs détails.»
A part cela, une nouvelle discorde s’est déclenchée juste au démarrage du vote. Les députés de l’opposition dont Guy Marius Sagna ont jeté leur bulletin de vote par terre, au lieu de le mettre dans l’urne, prolongeant un malentendu qui a causé près d’une dizaine d’heures de retard. A l’origine, les couleurs des bulletins de vote. Des députés de l’opposition proposent des couleurs attribuées à chacun des 4 candidats, en lieu et place des noms vu que certains députés ne savent ni lire ni écrire.
La députée de Wallu Mame Diarra Fam s’est encore illustré en crachant du feu à ses collègues appartenant au camp du pouvoir. « Vous êtes des députés vendus, on vous paye pour voter mais, les choses vont changer (lawone woni) », a-t-elle glissé. Après avoir subi les assauts de l’autre camp, la députéelibérale est restée inébranlable : « Koufi yengou niouyeungeul ».
Mame Diarra a, par ailleurs, martelé la détermination de son camp à empêcher les ministres de participer à la session.« Vous êtes au moins 80 députés qui ne méritent pas d’être à l’assemblée. Ces ministres ne voteront pas. S’il faut passer la nuit ici, on le fera », prévient-elle.
Barthelemy qui arrache le micro du perchoir, TAS qui s’offusque
Un fait encore plus insolite a marqué la situation hier à l’Assemblée Nationale. Il s’agit du retrait de micro du perchoir par Barthélémy Dias, candidat de la coalition de Yewwi Askan Wi pour la présidence de l’Assemblée nationale. Ceci au moment où un de ses coll-gues de coalition Benno Bokk Yakaar faisait son discours. Ce qui n’est pas du goût de Thierno Alassane Sall, élu sous la bannière de la Coalition, Aar Sénégal. Ce dernier estime que « ce que l’on voit à l’Assemblée nationale est ahurissant ».
Très amer, le patron du parti de la République des valeurs reste pessimiste quant aux promesses « d’Assemblée de rupture ». Thierno Alassane Sall de déclarer : « c’est clair que cela va aller vers des blocages récurrents. Rien ne sera plus comme avant. Ce n’est pas dans le sens de relever le débat. Rien ne sera plus comme avant dans le sens des empoignades, dans le sens de détruire des micros qui appartiennent à l’Assemblée nationale ». L’un des leaders de la Coalition Aar Sénégal s’en prend au maire de Dakar : « des gens qui cherchent à devenir président de l’Assemblée nationale et dont le premier geste au jour de l’installation est de saccager le bureau. Il y a un problème », a fulminé Thierno Alassane Sall à l’endroit de son collègue Barthélémy Dias.
Maire de Richard-Toll et Docteur en pharmacie, Amadou M. Diop a rejoint l’Apr en 2008
Le président de l’Assemblée nationale est le deuxième personnage de l’Etat dans l’ordre protocolaire. En plus de Amadou Mame Diop, le candidat de Benoo Bokk Yaakaar qui a finalement été élu par ses pairs, trois autres candidats étaient en lice pour ce poste. Il s’agit de Mamadou Lamine Thiampour la coalition Wallu, Barthélémy Dias et Ahmed Aïdara tous les deux députés Yewwi askan wi. Cependant, la quasi-totalité des députés de l’opposition ont boycotté le vote. Le nouveau président de l’Assemblée nationale a obtenu 83 voix,sur les 84 bulletins qui ont été trouvés dans l’urne. Le bulletin restant était un bulletin nul. Maire de Richard-Toll, Amadou Mame Diop est un docteur en Pharmacie avec un DESS en Répartition Pharmacie et Gestion. Propriétaire de pharmacie dans sa localité de Richard-Toll, l’homme en question a rejoint l’Alliance pour la république (APR) en 2008. Ce n’est qu’en 2012, il est élu député sur la liste départementale de Dagana de la coalition BBY. En 2014, il remporte la course à la Mairie de Richard-Toll avant d’être reconduit lors des dernières élections locales.
La séance des votes s’est déroulée sous la supervision du Bureau d’âge sachant lire et écrire la langue officielle, (Me Abdoulaye Wade, 96 ans, député, élu sous la bannière de Wallu Sénégal s’est retiré). Donc c’est Aissatou Sow Diawara, député de Benno Bokk Yaakaar, qui a assuré la présidence de cette séance inaugurale. Elle est assistée par les deux plus jeunes, sachant également lire et écrire le Français, pour assumer les fonctions de secrétaire.
Yaye Moussou TRAORE
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