L’ambassadeur de l’Israël au Sénégal a bien voulu accorder un entretien à DakarTimes pour aborder des questions d’actualité. Une attention toute particulière a été accordée à l’offensive du Hamas au cours de nos échanges. Entretien…
DAKARTIMES : Bonjour excellence. Merci de nous avoir accordé cet entretien. Commençons d’abord par une question d’actualité. Le Hamas a perpétré des attaques contre l’Israël qui a lancé une contre-offensive. Comment analysez-vous la subite reprise des hostilités ?
Ben Bourgel : Bonjour ! Depuis hier (avant-hier) notre pays vit parmi les heures les plus sombres de son histoire. Hier (avant-hier) matin, l’organisation terroriste Hamas a lancé une attaque d’envergure contre Israël à partir de la Bande de Gaza. Plus de 3,500 roquettes ont été tirées sur les populations d’Israël. Des hordes de terroristes menées par le Hamas se sont infiltrées en territoire israélien et ont ciblé les localités frontalières qui se préparaient paisiblement à célébrer la fête de Simhat Torah, un des jours les plus sacrés du calendrier hébraïque. Sur leur chemin ils n’ont semé que mort et désolation.
Les images insoutenables qui circulent dans les médias et sur les réseaux sociaux nous montrent comment ces terroristes ont massacré sans hésitation aucune, et de manière systématique, femmes, enfants, et personnes âgées – sans distinction de nationalités ou de religions. Parmi les victimes on compte des Israéliens mais aussi des ressortissants étrangers, des juifs, des musulmans et des chrétiens. Et le bilan continue de s’alourdir. Ces attaques ont été planifiées à l’avance mais n’auraient pu être menées sans le soutien actif du régime iranien.
Et qu’on ne dise pas qu’il s’agit de « combattants pour la liberté » ou bien des « résistants ». Quand on utilise des méthodes barbares de Daesh, c’est que l’on ne vaut pas mieux que DAESH. Rien ne peut le justifier.
Face à la magnitude de cette attaque, Israël est en guerre contre les terroristes Hamas, qui depuis le retrait unilatéral de Gaza par Israël en 2005, ont pris en otage les populations Israéliennes bien sûr, mais aussi les populations palestiniennes de la bande de Gaza qu’ils utilisent comme bouclier humain. Leur priorité absolue n’est pas le bien être des habitants de Gaza mais la destruction d’Israël.
Peut-on s’attendre à une résolution de la crise avec l’implication des Nations Unies ?
Au moment où nous parlons, nos forces sont encore à l’œuvre afin de réduire les dernières poches de résistance en territoire Israélien. Elles prendront toutes les mesures nécessaires afin protéger nos populations et priver le Hamas de ses capacités militaires. Aucun pays n’accepterait l’indicible tel qu’il s’est produit en Israël et j’en profite pour remercier tous ceux qui se tiennent à nos côtés depuis le début de cette guerre.
Quel est le bilan depuis le début des hostilités ?
Nous prions pour les victimes et leurs familles. Pour l’heure, on dénombre en Israël plus de 600 morts, 2000 blessés et des dizaines de personnes kidnappées, retenues en otage par le Hamas à Gaza. Ce bilan pourrait s’alourdir. Il n’y a pas une famille en Israël qui n’a pas été affectée directement ou indirectement. Le Hamas porte la responsabilité de ces crimes et devra répondre de ses actes.
Peut-on espérer à un cessez-le-feu dans les plus brefs délais ?
Cette guerre n’est pas de notre initiative et elle est d’une violence sans précèdent. Elle a été initiée par le Hamas avec le soutien de l’Iran, sans aucun prétexte ni action préalable de la part d’Israël. Elle intervient après une longue période durant laquelle Israël s’efforce de ramener le calme dans la bande de Gaza, au moyen d’efforts considérables visant à améliorer la situation des populations Gazaouites. A ce stade, l’objectif premier est de restaurer la sécurité des populations en Israël et de priver le Hamas de ses capacités militaires. Ce sont des jours difficiles qui nous attendent mais nous sommes déterminés.
Pouvez-vous revenir sur l’état de la coopération entre le Sénégal et l’Israël ?
Notre coopération a plus de soixante ans et elle repose sur des convergences de valeurs et d’intérêts. Notre coopération s’est construite sur la base des relations fraternelles entre deux nations émergentes. Aujourd’hui, nos deux pays sont confrontés à des défis communs, au premier rang desquels la lutte contre les changements climatiques, la sécurité alimentaire, la stabilité, la gestion de l’eau, la santé, et l’éducation pour tous. De par son histoire, Israël a développé une expertise singulière dans ces domaines et la met à la disposition de de nos relations. A titre d’illustration, on peut citer les initiatives en cours avec l’Agence Sénégalaise pour la Grande Muraille Verte, la participation de stagiaires sénégalais aux formations offertes par MASHAV (l’agence de développement International d’Israël), la mise en place de classes informatiques dans des écoles sénégalaises, la participation aux dialogue inter-religieux base sur nos origines Abrahamiques, les dons de matériel scolaire, les dons de matériel médical aux communautés nécessiteuses. Nous constatons aussi un intérêt mutuel grandissant de la part des opérateurs économiques de nos deux pays, dont nous nous félicitons et que nous encourageons.
Est-ce que votre pays offre des bourses aux étudiants et dans quel domaine d’apprentissage ?
Le modèle de notre agence de coopération MASHAV repose sur les échanges de savoir-faire et la formation des formateurs. Tous les ans, des stagiaires sénégalais participent à des formations en Israël dans des domaines tels que la maitrise de l’eau, l’agriculture et l’entrepreneuriat agricole, l’autonomisation des femmes, et l’éducation spécialisée. Par ailleurs, les universités Israéliennes marquent un intérêt grandissant pour les institutions académiques sénégalaises et souhaitent élargir les cadres de coopération dans ce domaine.
Parlons un peu du terrorisme et de la criminalité. Est-ce que l’Israel et le Sénégal coopèrent dans la lutte contre le terrorisme ?
Israel est parfaitement disposé à coopérer avec le Sénégal et les pays de la région dans la lutte contre le terrorisme. Les évènements tragiques des derniers jours nous montrent que le terrorisme n’a pas de frontière, qu’il frappe sans distinction et que toutes les forces du bien doivent lutter ensemble contre ce fléau. Entretien réalisé par Modou FALL
