Le Mali agonise, dans un silence de plomb et une indifférence glaciale. Alors que Farabougou est tombée et vit sous le joug terroriste, un blocus total est imposé, peu à peu, avec un certain cran et méticuleusement sur Kayes et Nioro. Le JNIM, par la voix de son porte-parole, Abou Houzeifa, Al-Bambari, a franchi un palier supplémentaire qui s’annonce comme une étape décisive : il n’est plus question d’attaques sporadiques et isolées mais d’une guerre ouverte et radicale, assumée et revendiquée aussi, contre un pan entier du territoire national malien.
Les djihadistes décrètent un embargo sévère, ne permettant pas l’acheminement du carburant depuis la Côte d’Ivoire, la Guinée, la Mauritanie et le Sénégal. L’une des dernières sociétés, Diarra Transport, à oser encore desservir la région assiégée est inscrite sur liste noire. Les djihadistes, à des check-points installés entre Soribougou et Neguela , interceptent et arraisonnent les camions-citernes en provenance du port de Dakar, vident les réservoirs, soumettent les chauffeurs à des traitements dégradants. Ensuite, ils diffusent des audios en bambara pour clamer leur victoire. Les usagers sont forcés de rebrousser chemin. Le carburant, nerf vital de toute économie devient un enjeu de guerre, une arme de dissuasion massive.
Aujourd’hui, jeudi 4 septembre 2025, on a assisté à une dégradation de la situation avec une escalade: tous les camions partis du port de Dakar ont été interceptés avant d’être incendiés avec leur cargaison. Les vidéos publiées par le JNIM lui-même, montrent des flammes ravageant les citernes, les bus, consumant les marchandises. Une démonstration de force implacable comme pour dire que les menaces d’embargo ne sont pas lancées en l’air et qu’elles se matérialisent par des actes cruels et impitoyables. C’est un message clair adressé à la face du Mali, de ses voisins et du monde en des termes violents: » Nous contrôlons vos routes, vos ressources et disposons même de vos vies ».
Alors que l’insécurité et la défiance sont à leur comble, la junte malienne s’emmure dans un mutisme troublant et continue de faire le dos rond. Il n’y a aucune prise de position officielle ni stratégie de riposte encore moins un plan pour rétablir l’autorité de l’Etat et l’intégrité du territoire. Les officiers de salon, dirigeants auto-proclamés, s’attribuent des galons, s’octroient des médailles d’honneur dans une poussée de mégalomanie. Tandis que le pays s’écroule, ils tiennent des discours démagogiques et surjouent sur la fibre nationale. Plus récemment, une purge a été déclenchée au sein de la grande muette dans un climat de suspicion et de méfiance réciproque. La junte devient paranoïaque et accentue la campagne de répression.
En tout cas, le Mali chavire. Où sont passés les avions et les drones miracles? Où est cette armée, prétendument, montée en puissance? Que font les mercenaires russes si ce n’est de s’acharner contre les civils en abandonnant le terrain aux djihadistes, véritables seigneurs de guerre?
Kayes et Nioro, piliers du commerce régional, se retrouvent dans l’asphyxie. En conséquence, les prix flambent. Les camions n’osent plus circuler. Les populations étouffent, sous l’effet combiné de la peur et de la pénurie. Le JNIM ne se contente plus de répandre et sémer la terreur par les armes et la violence. Il impose sa loi comme en territoire conquis.
Le blocus économique est un acte hostile, une déclaration de guerre en bonne et due forme. L’Etat malien est réduit à jouer le spectateur, inexistant et transparent. Ce basculement ne concerne pas que le Mali. Le drame a des répercussions au-delà des limites de ses frontières nationales. Le Sénégal, en l’occurrence, est directement menacé. En ciblant les flux logistiques en provenance de Dakar, interceptant puis incendiant les camions de transport et citernes sur les routes maliennes, les djihadistes envoient un signal inquiétant : la guerre déborde du Mali et gagne du terrain dans une expansion transfrontalière. Kidira, Diboli, toute la frontière orientale du Sénégal deviennent des zones exposées et vulnérables. L’effondrement de l’ouest malien ouvre une brèche qui place le Sénégal dans l’œil du cyclone.
Ce qui se joue à Kayes et Nioro n’engage pas que la survie du Mali. C’est l’avenir de la région qui est en jeu de même que sa stabilité durable. Si le Sénégal ne réalise pas que sa sécurité est de plus en plus compromise, il découvrira bientôt que la guerre économique et l’hydre terroriste franchissent les frontières et n’ont pas de cibles spécifiques. Nioro est en sursis. Kayes est sous embargo.
Des lendemains difficiles attendent Dakar.
La faillite d’un État et la fin annoncée d’une junte
Ce jeudi 4 septembre 2025 marque un tournant dramatique dans l’effondrement du Mali. Après avoir imposé un blocus total sur les villes de Nioro et de Kayes, et verrouillé l’axe stratégique reliant la frontière sénégalaise à Bamako, le groupe djihadiste JNIM a franchi un nouveau cap : le contrôle absolu de la route nationale entre Ségou et Bamako, artère vitale du pays.
Les images et témoignages diffusés aujourd’hui sont glaçants : une file de véhicules immobilisés sur plus de 45 kilomètres, particuliers, camions de marchandises et même véhicules officiels, tous pris au piège d’un dispositif militaire rigide installé par les combattants djihadistes. Postés en plein jour, avec un calme assuré, les hommes du JNIM filtrent, bloquent et imposent leur loi, sans qu’aucune force malienne ou étrangère n’ose les inquiéter.
La faillite de l’État malien
La scène se passe en plein jour, sur un axe national censé être sous haute surveillance. Or, aucun avion, aucun drone, aucun hélicoptère, aucun bataillon des FAMa ou de leurs alliés russes n’a bougé. Le silence est total. Pas même une tentative de dispersion, pas une démonstration de force. Le Mali, pays qui prétend disposer d’une armée réorganisée, d’un soutien aérien et de mercenaires aguerris, laisse ses citoyens livrés à eux-mêmes, prisonniers d’une colonne de véhicules figée dans la poussière et la peur.
Il est légitime de se poser cette question brutale : comment un pays peut-il encore se prétendre souverain lorsque toutes ses routes nationales sont contrôlées, sans partage, par des groupes armés ?
L’asphyxie économique et logistique
Ce blocage n’est pas seulement une démonstration militaire. C’est une arme d’asphyxie. L’approvisionnement de Bamako en denrées alimentaires, en carburant, en médicaments dépend directement de ces axes. Couper ces routes, c’est frapper le cœur de la capitale, c’est affamer la population, c’est plonger les marchés dans la pénurie et le chaos.
En moins d’une semaine, le JNIM a réussi ce que la junte promettait d’empêcher depuis trois ans : encercler Bamako par la stratégie du blocus. Nioro, Kayes, Ségou : toutes les artères vitales sont désormais sous le joug des djihadistes.
La junte : silence et impuissance
Et que fait Bamako? Rien. Silence assourdissant. Pas de communiqué, pas de réaction officielle, pas même une tentative de justification. Les généraux de la junte, si prompts à organiser des cérémonies et à brandir des discours patriotiques, disparaissent dès qu’il s’agit d’agir. Pendant que le pays suffoque, ils restent cloîtrés dans leur confort, protégés par leurs gardes rapprochés et leurs illusions de pouvoir.
La vidéo que nous publions se passe de tout commentaire. Elle montre la vérité nue : un pays livré, une armée inexistante, une junte défaillante.
La fin inéluctable
Ce 4 septembre 2025 restera dans l’histoire comme le jour où le Mali a cessé d’exister comme État. Un pays où des groupes armés peuvent prendre le contrôle simultanément de toutes les routes nationales, en toute assurance, en toute impunité, sans craindre ni représailles ni riposte. C’est le signe indéniable de la fin. La junte qui s’était arrogée le droit de gouverner au nom de la souveraineté et de la dignité n’est plus qu’un fantôme, témoin de sa propre faillite.
Le Mali vit désormais sous embargo, non pas imposé par la CEDEAO ou l’Occident , mais par le JNIM, qui dicte ses lois et impose son ordre. Le peuple malien, abandonné, suffoque sous ce blocus de la terreur, pendant que ses dirigeants se murent dans un silence coupable.
Samir Moussa