En conférence de presse, hier, le président du parti République des Valeurs (RV), Thierno Alassane Sall, a dressé un tableau sombre des débuts du nouveau pouvoir, qu’il juge préoccupants à tous les niveaux. Économie chancelante, dialogue social au point mort, situation universitaire confuse : le député n’a épargné aucun domaine, dénonçant une gouvernance « bavarde et incompétente ».
C’est un Thierno Alassane Sall visiblement remonté qui s’est présenté face à la presse. L’ancien ministre de l’Énergie n’a pas mâché ses mots à l’endroit du régime en place, porté par le parti Pastef. « Je me demande comment un État sérieux peut-il fouler aux pieds les urgences », a-t-il lancé, évoquant notamment les revendications sociales des travailleurs, les retards dans le calendrier universitaire et une économie selon lui « à l’agonie ». Fustigeant un pouvoir « méchant et incapable », il a invité les nouvelles autorités à se recentrer sur les priorités du pays. « Ce n’est pas en effaçant des jeunes ou en engageant des querelles de bornes-fontaines que l’on gouverne un pays », a-t-il martelé.
Prêt à débattre avec Sonko… dans la langue de son choix
Interpellé à l’Assemblée nationale par Ousmane Sonko, qui l’a défié sur la gestion du pétrole et du gaz, Thierno Alassane Sall a saisi l’occasion pour répondre. « Je suis à son écoute. Libre à lui de choisir le lieu, l’heure et la langue qu’il veut », a-t-il rétorqué, se disant prêt à un débat public sur les ressources naturelles du Sénégal. Mais le ton a vite changé. Selon le député, ce débat ne doit pas être un écran de fumée pour masquer les vraies urgences. « Ousmane Sonko fuit les vrais problèmes des Sénégalais. Il ferait mieux de concrétiser ses promesses plutôt que de s’attarder sur des querelles personnelles. » Dans un registre plus caustique, Thierno Alassane Sall s’est aussi attaqué au niveau de maîtrise du français au sein de l’administration. Dénonçant une baisse de niveau parmi les fonctionnaires issus de l’ENA, il a ironisé sur les fautes de syntaxe, justifiant son choix de s’exprimer en wolof : « Mon français, c’est comme du chinois pour eux ».
Répliques sur les hydrocarbures et accusations personnelles
Sur les soupçons de malversations dans le secteur des hydrocarbures, le leader de la République des Valeurs se défend vigoureusement : « Je le défie de prouver que j’ai failli dans mes responsabilités. S’il avait la moindre preuve, elle serait déjà sur la toile. » Il rappelle avoir exposé sa version des faits dans un livre, et se dit tranquille sur ce point : « S’il y avait la moindre contre-vérité, je serais déjà en prison. » Allant plus loin, Thierno Alassane Sall affirme que certaines confidences échangées avec Ousmane Sonko en privé auraient été utilisées contre lui en public. « Il m’a appelé ensuite, je lui ai dit que c’était la vérité. Et je l’ai assumée dans mon livre », a-t-il ajouté.
Pour le député, le temps des discours est révolu. Il appelle le Premier ministre à passer à l’acte : « Il a écrit une Chronique d’une spoliation du secteur pétrolier. Il est aujourd’hui au pouvoir. Rien n’a changé. » Le message est clair : les Sénégalais attendent des résultats, pas des règlements de comptes.
El Hadji Malick SARR