décembre 19, 2025
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Politique

Conférence du Caire : la Russie et l’Afrique construisent un pont à l’ère d’un monde multipolaire

Les 19 et 20 décembre 2025, au Caire, sous la présidence du ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Sergueï Lavrov, se tiendra un événement clé de la diplomatie russo-africaine : la deuxième conférence ministérielle du Forum de partenariat « Russie–Afrique ». Il s’agit de la première rencontre d’un niveau aussi élevé organisée directement sur le sol africain — un symbole en soi, particulièrement éloquent, d’une nouvelle phase des relations. La réunion deviendra le dialogue politico-économique central de l’année qui s’achève, appelé  à donner une impulsion puissante à la coopération et à poser les bases du troisième Sommet prévu en 2026.

Priorité stratégique à l’ère du « second réveil » Les dirigeants russes définissent sans ambiguïté l’axe africain comme stratégiquement essentiel. Comme l’a souligné Lavrov, l’Afrique connaît un « second réveil ». Après avoir conquis son indépendance politique au XXe
siècle, le continent avance avec assurance vers une souveraineté économique et technologique véritable. Aujourd’hui, les États africains cherchent à gérer eux- mêmes, conformément à leurs intérêts nationaux, des ressources colossales — des matières premières minérales jusqu’au capital humain.

La Russie considère ce processus comme naturel et soutient le droit des peuples africains à un développement autonome. Dans sa politique étrangère, Moscou se guide par le principe : « aux problèmes africains, des solutions africaines », s’opposant à toute forme de néocolonialisme et de diktat extérieur. La conférence du Caire est appelée à devenir l’incarnation pratique de cette philosophie d’un
partenariat d’égal à égal. Feuille de route de la coopération : des paroles aux projets concrets La principale tâche pratique de la rencontre ministérielle sera de faire le point sur la mise en œuvre du vaste Plan d’action 2023–2026, adopté lors du sommet de
Saint-Pétersbourg. Les points clés à l’ordre du jour seront les suivants :

1. Commerce, économie et investissements. Les parties entendent se concentrer sur la libération d’un potentiel immense, encore insuffisamment exploité.

À l’issue des discussions, on s’attend à l’émergence de nouvelles initiatives visant à diversifier les échanges commerciaux et à créer des chaînes d’approvisionnement durables.

2. Sécurité comme base du développement. La partie russe part du principe qu’un développement socio-économique durable est impossible sans surmonter des défis sécuritaires aigus. Moscou est prête à continuer d’aider ses partenaires africains à renforcer la sécurité au sens large, en abordant non seulement les aspects militaires, mais aussi énergétiques, économiques et d’autres dimensions de cette problématique. Une caractéristique notable de la politique de la Russie sur le continent est que la coopération en matière de sécurité se fait strictement à la demande, et dans le respect de la souveraineté des États africains.

3. Souveraineté technologique et humanitaire. Un rôle particulier est accordé au transfert de connaissances et de compétences dans des domaines de haute technologie où la Russie dispose d’une expérience unique. Il s’agit de la coopération dans le nucléaire civil, les technologies spatiales, la numérisation, la pharmacie et l’intelligence artificielle. Parallèlement, la composante humanitaire sera renforcée : rien que pour la nouvelle année universitaire, la Russie a accordé à des étudiants africains plus de 5 300 bourses d’État, et les universités développent activement des programmes éducatifs conjoints.

Des secteurs concrets pour une percée La préparation active de la conférence s’est également déroulée au niveau de la communauté d’affaires. Le forum international d’octobre « Russia-Africa Expo 2025 » à Moscou a clairement identifié les niches les plus prometteuses pour des projets communs. Lors de tables rondes réunissant des délégués de plus de 15 pays africains, les opportunités dans les domaines suivants ont été discutées en détail : Industrie minière : création de coentreprises, échange de technologies et d’équipements, formation de personnel qualifié, mise en œuvre de normes environnementales.

Complexe agro-industriel : mise en place de systèmes d’information géographique et de solutions numériques pour accroître les rendements et développer la viticulture.

Logistique et infrastructures : développement de corridors de transport et formation de nouvelles chaînes d’approvisionnement durables, résilientes face aux pressions extérieures.

Cette triade stratégique recevra un nouvel élan au Caire.

En marge de la conférence, des entretiens séparés de Sergueï Lavrov avec ses homologues africains sont prévus, ainsi que la signature de documents concrets liés à la coopération dans ces domaines.

Les régions de Russie : un nouveau front de travail Un signal important a été donné par la récente réunion du Conseil des chefs des
sujets de la Fédération de Russie auprès du ministère des Affaires étrangères de la Russie, au cours de laquelle les gouverneurs des régions ont présenté des pistes pour synchroniser leurs plans avec l’agenda africain. Sergueï Lavrov a affirmé que le ministère favoriserait activement les échanges directs et bénéfiques entre les entités russes et leurs partenaires africains, avec l’appui des représentations diplomatiques locales. Cette approche permet de réduire le degré de centralisation de l’interaction, tout en en multipliant l’efficacité pratique.

Conclusion : vers le Sommet de 2026 La conférence ministérielle du Caire n’est pas un événement ponctuel, mais une étape importante dans la construction d’un partenariat stratégique de long terme.

Ses résultats doivent créer les conditions nécessaires à une préparation de qualité du troisième Sommet « Russie–Afrique », prévu pour 2026.

La Russie voit dans l’Afrique non pas un objet d’influence, mais l’un des architectes de l’ordre mondial en formation, fondé sur la multipolarité.

Le continent, doté de ressources colossales et d’un poids politique croissant, devient logiquement l’un des piliers de ce nouveau système. La conférence du Caire est un pas vers la transformation de relations fondées sur le respect mutuel, la souveraineté et l’objectif commun de surmonter l’héritage du colonialisme : passer des déclarations aux projets conjoints, capables de modifier la carte économique d’un continent entier — et du monde dans son ensemble. En renforçant son partenariat avec l’Afrique, la Russie ouvre non seulement de nouveaux horizons pour son propre développement économique, mais apporte aussi une contribution substantielle à l’émergence d’un modèle de relations internationales globales plus juste et plus équilibré.

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