Karamo NABE Coordinateur des Sections RPG en Europe a accordé un entretien avec DakarTimes sur la situation politique du pays.
Bonjour! Pouvez-vous nous faire un bilan de la gouvernance de Mamady Doumbouya depuis son arrivée au plan économique, politique et financier ?
La gouvernance du CNRD est caractérisée par une série de calamités. D’abord les farces politiques marquées par le non-respect des engagements politiques, les violations incessantes des droits humains, la personnalisation du pouvoir, lesinterdictions des activités politiques, la violation de la charte imposée au peuple, la politisation à outrance de l’administration publique, le recul important des acquis démocratiques. Nous avons remarqué les disparitions et les kidnappings des acteurs de la société civile, les disparitions des médias publics, lerenversement de la pyramide des compétences avec la promotion de la médiocrité au sommet de l’Etat, l’institutionnalisation du culte des mythes dans un pays habituellement axé sur les valeurs religieuses.
Au plan économique, il y a la corruption au sommet de l’Etat avec des détournements qui se comptent en milliards de dollars. Aussi, on a vu la personnalisation de la banque centrale avec des scénarios incroyables de disparitions de toute la réserve d’or du pays. A cela s’ajoutent des détournements à outrance dans toutes les régies financières publiques : impôts, douanes, Sonap, etc…
Il semble qu’il veut être candidat à la présidentielle prochaine ! Quel est votre commentaire ?
Je dois dire que je n’ai pas de commentaire à faire sur ce sujet. C’est lui-même qui a juré au moins trois fois librement que ni lui,ni aucun membre des organes de la transition ne sera candidat. Il a même ajouté qu’un officier c’est sa parole. Sachant qu’un général fait partie du summum des officiers, je vous laisse tirer la conclusion.
Pour ce qui nous concerne, nous ne sommes pas dupes. Nous sommes convaincus que les promesses d’un putschiste n’engagent que ceux qui y croient. C’est pourquoi, contrairement à tous les autres politiques du pays, notre coordination a formellement condamné le coup de force du 5 Septembre. Nous n’avons jamais cru un instant aux paroles d’un groupe qui a trahi celui qui leur a tout donné.
Comment appréciez–vous le comportement des chefs d’Etat de la CEDEAO face aux situations politiques en Guinée, au Mali, au Gabon etc… suite aux coups d’Etat ?
De toutes les transitions en Afrique de l’ouest, la Guinée est la seule qui marche à reculons avec toutes ses victimes de répressions. Curieusement, c’est la seule qui est négligée par la Cedeao, la Francophonie et l’Union Européenne. Cela voudrait simplement dire que la Cedeao, malheureusement constituée d’un Syndicat de Chefs d’Etats n’est plus celle des peuples. Malheureusement elle s’est décrédibilisée toute seule pour le grand malheur des populations qui aspirent à une Cedeao plus autonome et plus responsable. Que Dieu aide ces peuples à avoir de véritables hommes d’Etat à leur tête pour reconstruire une Cedeao responsable, autonome et respectée, dépourvue de tous ces présidents valets de l’Occident.
Certains guinéens exigent le retour à l’ordre constitutionnel avec le président Alpha Condé. Vous pensez que c’est encore possible ?
Nous avons été les premiers à dire au soir du 5 Septembre que le président Alpha condé demeure le seul Président légitime de la Guinée jusqu’en 2026 à la fin de son mandat. Aujourd’hui plusieurs leaders de l’opinion publique ont compris que le Président Alpha CONDE demeure le seul capable de réunir tout le monde pour rattraper tout le retard causé par cette transition éhontée.
Comme on le dit souvent, le vrai bonheur, on ne l’apprécie que lorsqu’on l’a perdu. L’absence d’Alpha Condé a causé un fossé si énorme qu’il est à ce jour la seule alternative capable de réunir toute la Guinée pour une sortie honorable et heureuse. C’est ce que beaucoup de leaders ont compris et veulent un retour à l’ordre constitutionnel avec un homme capable de pardonner et de reprendre la marche vers la prospérité tant espérée par le peuple de Guinée.
Des acteurs politiques et la société civile dénoncent des scandales dans le secteur minier. Qu’en pensez-vous ?
Ce serait utopique de croire que des incompétents au sommet d’un État puissent faire prospérer le secteur minier d’un pays qui a les plus grandes mines du monde dans certains minerais. Tous ces scandales miniers sont le fruit d’une impotence et d’une méconnaissable notoire de ce secteur par ceux qui, par le fait du hasard se sont retrouvés à la tête de ce pays. Le scandale géologique guinéen est malheureusement devenu un scandale financier et humain.
Il semble qu’il y a des violations des droits humains et des cas d’exécutions sommaires orchestrées par la junte ? Est–ce vrai?
Il suffit de lire les différents rapports des ONG évoluant dans le domaine des droits humains pour comprendre la mesure du folklore guinéen en termes de droits humains. Notre pays a fait un recul de plus de trois décennies bafouant tous les acquis des années du multipartisme.
On est pratiquement passé d’un Etat démocratique à un Etat précolonial où la volonté d’un groupe peu vertueux s’impose sur l’immense majorité d’une nation. D’honnête personnes comme Sadou Nimaga, Habib Marouane, Lounceny Camara, FonikéMengué, Ousmane Gnelloy, Billo Bah et Célestin Bilivogui sontkidnappéEs et éteintes comme dans un troupeau de moutons au profit d’une satanique volonté de garder un pouvoir sinistrement mal acquis.
D’honorables personnes comme Kassory, Damaro, Mohamed Diané, Ibrahima Kourouma, Ramatoulaye Kollon, Moussa Elssissi Mara, Aliou Bah et tant d’autres sont arrêtées en plein mois de ramadan. Ils périssent en prison alors que des milliards et des voitures de luxe de l’Etat sont sortis et répartis entre des propagandistes pour faire le tour de la Guinée et vendre l’image d’une aristocrate sans vergogne ni légitimité.
En Guinée, l’Etat a atteint un niveau de bassesse. C’est un pays où la justice, les médias et la liberté d’expression sont devenus que l’apanage d’un groupuscule inconscient et sans morale.
Est–ce que l’opposition est disposée à s’unir pour battre le président Doumbouya lors de la prochaine présidentielle avec un candidat unique ?
On a atteint un stade où l’Opposition, la Société civile et les acteurs de la vie publique n’ont qu’un seul choix à faire: laisser tomber toutes leurs divergences et leur égocentrisme pour s’unir et défendre un seul mot d’ordre : le départ immédiat et sans condition de la légion étrangère du pouvoir. Le salut du peuple ne peut venir que de cette union sans faille avec pour objectif la désignation d’une personne consensuelle, qui a suffisamment de patriotisme pour incarner le destin du pays et jamais le sien.
On parle d’un congrès et d’un soutien de la candidature de Mamadi Doumbouya par le RPG. Qu’en dites-vous ?
Le RPG est un parti dont l’histoire a été construite sur des vertus qu’aucun membre du CNRD n’incarne. Ce parti a lutté quarante ans pour accéder au pouvoir en Guinée.
Désigner un membre du CNRD comme candidat de ce parti serait une infamie à la mémoire de toutes les victimes de cette lutte, notamment des martyrs du 5 Septembre tombés pour la défense de la démocratie. Le RPG ne peut donc ni s’associer, ni promouvoir encore moins soutenir la candidature de ceux qui ont arrêté, honni et mis fin au pouvoir de son leader le 5 Septembre. Puisque le CNRD et ses soutiens ont perdu tout espoir. Les vendeurs d’illusions font croire au Général qu’ils pourraient lui vendre le RPG à coups de billets et de V8.
Nous pensons que malgré tout ce qu’on peut reprocher au Général, il est bien conscient de la manière dont il a acquis son pouvoir. Il semble également se remémorer ce que dit la charte du Mandeng sur le respect des aînés. Conscient de ce qu’il a fait à son ainé, il serait utopique de sa part de nourrir de telles ambitions. Nous pensons donc qu’il se méfie de ceux qui lui vendent de tels caprices. Il a acquis son pouvoir par la force, qu’il l’exerce et l’embellisse par la même force.
Le RPG est un parti fidèle, loyal dont le seul et unique candidat demeure le Président Alpha Condé. Nos militants ne sont pas une marchandise à vendre. Nous sommes résilients et croyons fermement au retour du Président Alpha Condé. Aucun congrès n’est donc prévu au RPG. Ceux qui veulent soutenir le Général sont libres de créer leurs partis. Mais cette candidature n’a pas sa place au RPG.
Le président du parti est le seul à pouvoir convoquer un congrès. Le parti est suffisamment structuré pour communiquer la date d’un éventuel congrès qui, à ce jour n’est nullement dans notre calendrier. Propos recueillis par Modou FALL
