mai 10, 2025
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COUPE D’AFRIQUE DES NATIONS 2024 : Lettre adressée à Aliou CISSE

Cher Aliou !

Les Africains amoureux du football et les Sénégalais en général, vous ont rendu un hommage mérité, lors de la dernière CAN. Puisque, vous êtes le 1er  entraineur à avoir gagné la Coupe d’Afrique des Nations de Football avec les Lions du Sénégal.

Aliou, vous avez réussi, là où de grands entraineurs européens ont échoué : Claude Le Roy, Peter Schnittger, Henry Karperzak, Bruno Metsu, Guy Stéphan, Alain Giresse. C’est, ce que les historiens du football sénégalais apprendront aux générations futures.

Aliou, vous n’avez plus rien à prouver. Vous avez atteint le sommet de la gloire avec les Lions.  Vous méritez considération, respect et honneurs.

Toutefois, Aliou, en Côte d’Ivoire, vous participerez à la plus difficile CAN de votre expérience en tant qu’entraineur. C’est la première fois que les Lions participent à cette compétition, comme détenteurs du titre. Une posture favorite mais très délicate.

Les Sénégalais critiques à l’excès, à l’égard de leurs dirigeants, surtout des entraineurs, et trop exigeants, croient avec un optimisme exagéré, à la sénégalisation du trophée continental.  Les supporters ne peuvent pas imaginer une élimination des Lions. Ils ont subitement pris goût à la victoire. Et ils espèrent goûter à nouveau au bonheur d’être vainqueurs de cette prochaine CAN.

Trop exigeants, à la limite, autoritaires, vos compatriotes exerceront une folle pression sur l’encadrement technique, sur les joueurs, sur la Fédération et même sur le Gouvernement, pour que le groupe de Sadio Mané fasse un résultat honorable en Côte d’Ivoire. Pour eux, rien ne sera de trop. Déjà, nous  imaginons l’effervescence qui gagnera les réseaux sociaux durant cette CAN. Tout cela s’explique par l’ivresse de la victoire créée lors de la dernière compétition.

Cher Aliou !

Un autre facteur non moins important, expliquera cette euphorie débridée jusqu’à l’obsession des Sénégalais. Il s’agit du contexte électoral au Sénégal, pendant lequel, la compétition continentale se déroule. Le Sénégal s’apprête à organiser l’élection présidentielle après deux ans de tensions politiques qui ont failli précipiter le pays dans l’imprévisible. Une victoire des Lions serait un grand cadeau pour les tenants du pouvoir. Ce que ne souhaitent certainement pas, ces opposants irresponsables, qui avaient boycotté l’accueil des Lions lorsqu’ils rentraient avec le trophée en 2022. L’équipe nationale nous unit. Et une nouvelle victoire de cette CAN, nous permettra d’apaiser les esprits, d’étouffer les rancœurs, de neutraliser davantage les forces occultes et de mieux aborder la présidentielle dans un climat de sérénité. Que le meilleur gagne. En tout cas, c’est le vœu de tous les vrais patriotes non usurpateurs.

Le football, maintenant, n’est plus un simple jeu qui se déroule sur un tapis vert entre 22 acteurs.  Ce sport draine des enjeux politiques, diplomatiques, économiques, sociaux… A l’instar du Qatar qui a abrité la Coupe du monde, sans aucune ambition de la remporter, le football devrait être un outil d’influence du soft power sénégalais, en Afrique et dans le monde. Ce n’est pas pour gagner le trophée que l’Arabie Saoudite a investi des milliards pour abriter la  compétition de la Coupe du monde.

Aliou, les Sénégalais aiment le football et ils sont amoureux de leur équipe nationale. Voilà pourquoi, les supporters épient et analysent toutes vos décisions. Ils ont été intransigeants avec vos prédécesseurs. Et vos successeurs souffriront de leurs critiques acerbes souvent subjectives.

Aliou, il faut juste s’armer d’humilité, ouvert à toutes les suggestions, mêmes les plus absurdes, et enfin, comprendre que, ces agissements souvent excessifs, ne sont qu’une manifestation de leur attachement à leur équipe nationale. Il faut prendre de la hauteur pour accueillir positivement les préoccupations de ces amoureux du football. Vous vous enrichissez en recueillant les avis contradictoires, pour les intégrer dans votre processus de prise de décision. Certes, la perfection n’est pas de ce monde. Toutefois, il faut s’ouvrir pour s’améliorer.

LES FAIBLESSES DE L’EQUIPE NATIONALE

Le piège du bloc bas

Aliou, très souvent, vos Lions éprouvent d’énormes difficultés pour venir à bout d’une équipe qui joue avec un bloc bas.

Le milieu de terrain

Est-il possible de marquer beaucoup de buts lorsque les Lions jouent avec deux milieux de terrain défensifs  et avec des attaquants qui ont reçu la consigne d’aider la défense ?

-N’est-il pas plus aisé de faire jouer un gaucher pour créer un équilibre dans le jeu entre le milieu  et l’attaque ?

-Savez-vous que l’équipe manque le profil de Khalilou FADIGA dribbleur-passeur,  chargé d’organiser le jeu entre le milieu et l’attaque ?

-Avez-vous remarqué qu’à chaque fois qu’Ismaïla SARR brille dans un match, le Sénégal gagne ?

-Est-il utile de vous rappeler qu’Illimane Ndiaye n’est efficace que, lorsqu’il est positionné entre le milieu de terrain et la zone adverse ? Illimane peut à tout moment créer le danger s’il est placé entre la défense et le milieu de terrain de l’équipe adverse. Vous le mettez en difficulté, lorsque vous lui demandez d’attaquer et d’aider la défense en même temps. Dans la mesure où, il n’a aucune qualité défensive, même s’il a toute l’intelligence d’un bon attaquant.

Pour cette CAN, Sadio Mané doit être responsabilisé et libéré pour qu’il puisse assumer son rôle de patron de l’équipe, de star de la compétition mais aussi de cadre leader capable de porter le groupe sur ses épaules comme l’avait réussi Lionel Messie lors du dernier mondial.  Seul, Messie avait fait gagner la coupe du Monde à l’Argentine. Sadio a toutes les aptitudes pour amener les Lions à la victoire finale. Il faudra juste le libérer dans ses initiatives personnelles, le responsabiliser dans l’organisation et la gestion du groupe et l’impliquer dans les choix tactiques.

Aliou, avez-vous remarqué les faiblesses du gardien de but Edouard MENDY sur les balles aériennes : centres en mouvement, coup franc et corners ?  La plupart des balles aériennes en mouvement finissent dans les filets d’Edouard. Tous les buts qu’il a pris lors du mondial, ont été marqués de la même manière. Rappelez-vous les premiers buts de la Hollande et de l’Equateur. A Dakar, au stade Abdoulaye WADE, Mendy avait encaissé le même but, lors du match amical avec l’Algérie.  Cela prouve une faiblesse récurrente assez inquiétante.

Aliou, vous avez dû remarquer qu’à chaque match, les Lions observent au minimum, 15 minutes de relâchement, au cours desquelles, ils prennent des buts très banals. De manière sporadique, ils décrochent en cours de jeu, offrant ainsi à l’adversaire des occasions pour créer le danger. Ces somnolences durant le jeu, nous portent très souvent préjudice. Un match, c’est 90 minutes de temps-fort, sans arrêt, voir 120…

La plus grande faiblesse des Lions s’affirme lorsqu’ils jouent avec les équipes arabes comme l’Algérie, l’Egypte et le Maroc. Ils ont perdu tous leurs derniers matchs contre l’Algérie. Ils n’ont battu l’Egypte qu’aux tirs aux buts lors de la CAN et par un pénalty lors des éliminatoires de la Coupe du Monde à Dakar. Comment gagner ces équipes maghrébines sur le terrain et avec la manière ? Il est évident qu’au cours de cette CAN, les Lions tomberont sur l’une de ces équipes arabes. Alors, il faut trouver le meilleur schéma possible pour les battre sans faiblesse.

Il a été remarqué que les Lions tirent mal les coups francs. Aucune initiative devant le ballon, aucun schéma pour tromper la vigilance du gardien, du barrage et des défenseurs. Les coups francs sont toujours mal tirés comme s’ils voulaient tout simplement remettre la balle à l’équipe adverse, s’ils ne la jettent pas directement dans les tribunes. On ne se souvient pas d’un coup franc marqué par cette équipe. Le groupe doit beaucoup travailler sur les coups francs en zone adverse.

Aliou, pour se mettre à l’abri et prendre notre destin en main, il faut impérativement gagner les deux premiers matchs pour assurer la qualification en tête de pool. Cela permet d’éviter les calculs qui nous amènent à baser notre avenir dans cette compétition, sur les derniers matchs du groupe, avec des si et seulement si… Dès l’entame de la compétition, il faut affirmer notre statut de favori pour forcer le respect. Dans le passé, le Sénégal a toujours connu des difficultés à battre la Gambie devenue encore plus forte aujourd’hui avec de jeunes talents affirmés.

Aliou, le banc et l’encadrement technique doivent marquer leur présence par la pression psychologique qu’ils exercent sur l’équipe adverse et sur le trio arbitral.  Un encadrement trop timide dans le stade rend orphelin les joueurs sur le terrain. Le trophée de l’équipe la plus fairplay n’est rien d’autre qu’un somnifère qu’on fait avaler aux équipes mentalement faibles. Il faut comprendre que le véritable 12e gaïndé c’est le banc et l’encadrement technique réunis.

Pour gagner cette CAN, il faut créer au sein du groupe, cet esprit de gagneur, par un discours d’homme, de guerrier capable d’impulser au sein de l’équipe nationale, une farouche volonté de se surpasser.  Il ne s’agit pas d’avoir uniquement du talent pour gagner cette CAN. Il faut s’armer d’une forte envie de vaincre par la puissance physique et par l’intelligence dans le jeu. La victoire, c’est aussi un état d’esprit.

Enfin, nous nous démarquons de toute prétention de donner des leçons à l’entraineur. Nous partageons juste nos idées par amour à cette équipe.

Aliou, recevez l’expression de notre très haute considération

BONNE CHANCE

Mamadou Mouth BANE,

Supporter des Lions

 

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