L’inflation des prix alimentaires intérieurs reste élevée à travers le monde. Les données disponibles entre mai et août 2022 font état d’une forte inflation dans la quasi-totalité des pays à revenu faible et intermédiaire : 88,2 % des économies à faible revenu, 91,1 % des économies à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et 93 % des économies à revenu intermédiaire supérieur ont enregistré des taux d’inflation supérieurs à 5 %, un grand nombre d’entre elles affichant même une inflation à deux chiffres. La part des pays à revenu élevé touchés par la montée de l’inflation a également augmenté sensiblement : environ 82,1 % d’entre eux connaissent une inflation des prix alimentaires.
L’indice des prix des produits agricoles a baissé de trois points de pourcentage par rapport au niveau observé il y a deux semaines. Les cours du blé, du maïs et du riz en septembre 2022 sont supérieurs de 20 %, 29 % et 8 %, respectivement, à ceux de septembre 2021. Par rapport aux prix enregistrés en janvier 2021, les cours du blé et du maïs affichent une hausse de 33 % et 30 % respectivement, et ceux du riz une baisse de 12 %.
Après un bref répit au cours de l’été 2022, les prix des engrais sont repartis à la hausse. En plus de l’augmentation des prix de l’énergie, les mesures de restriction des exportations ont contribué à limiter l’offre mondiale de fertilisants.
La guerre en Ukraine modifie la physionomie des échanges, de la production et de la consommation des produits de base, ce qui devrait maintenir les prix à des niveaux élevés jusqu’à la fin de l’année 2024, aggravant ainsi l’insécurité et l’inflation alimentaires.
La flambée des prix alimentaires est à l’origine d’une crise mondiale qui entraîne plusieurs millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté et aggrave la faim et la malnutrition. Selon un nouveau rapport FAO-PAM (a), le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë et qui auront besoin d’une aide urgente pourrait grimper à 222 millions dans 53 pays et territoires.
On assiste depuis le début de la guerre en Ukraine à une vague de mesures sur les exportations et les importations de denrées. La crise alimentaire mondiale a été en partie aggravée par l’intensification des restrictions commerciales mises en place par les pays dans le but d’accroître l’offre intérieure et de faire baisser les prix. À la date du 29 septembre 2022, 20 pays avaient imposé 29 interdictions d’exportation sur certains produits agricoles et six pays avaient adopté 12 mesures de restriction des exportations.
Afin de lutter contre la crise qui touche actuellement la sécurité alimentaire, le Groupe de la Banque mondiale déploie une réponse de grande envergure qui comprend notamment une enveloppe de 30 milliards de dollars sur une période de 15 mois pour des financements dans des domaines tels que l’agriculture, la nutrition, la protection sociale, l’eau et l’irrigation. Ces financements s’attacheront notamment à encourager la production de nourriture et d’engrais, à améliorer les systèmes alimentaires, à faciliter les échanges et à soutenir les ménages et les producteurs vulnérables :
1. En Bolivie, un projet d’un montant de 300 millions de dollars permettra d’améliorer la sécurité alimentaire, l’accès aux marchés et l’adoption de pratiques agricoles climato-intelligentes.
2. Un prêt de 315 millions de dollars aidera le Tchad, le Ghana et la Sierra Leone à mieux faire face à l’insécurité alimentaire et à améliorer la résilience de leurs systèmes agricoles.
3. Le projet d’appui d’urgence pour la sécurité alimentaire et la résilience, d’un montant de 500 millions de dollars, va accompagner les efforts déployés par l’Égypte en vue d’assurer la continuité de l’approvisionnement en pain des ménages pauvres et vulnérables, renforcer la résilience du pays aux crises alimentaires et soutenir des réformes nécessaires pour améliorer les résultats en matière de nutrition.
4. Un prêt de 130 millions de dollars en faveur de la Tunisie vise à atténuer les répercussions de la guerre en Ukraine en finançant des importations de blé tendre qui sont vitales pour le pays et en fournissant un soutien d’urgence pour couvrir les importations d’orge pour la production laitière et les besoins en semences des petits exploitants agricoles pour la prochaine campagne céréalière.
5. Le programme de résilience des systèmes alimentaires pour l’Afrique de l’Est et australe, doté de 2,3 milliards de dollars, aide les pays de la région à accroître la résilience de leurs systèmes alimentaires et leur capacité à agir contre la montée de l’insécurité alimentaire. Il permettra d’améliorer les stratégies interorganisations de riposte aux crises alimentaires, d’intensifier les efforts à moyen et long terme en faveur d’une production agricole résiliente, d’un développement durable des ressources naturelles et d’un accès élargi au marché, et de mettre davantage l’accent sur la résilience des systèmes alimentaires dans l’élaboration des politiques.
Au mois de mai, le Groupe de la Banque mondiale et la présidence du G7 ont officialisé le lancement de l’Alliance mondiale pour la sécurité alimentaire (a), une initiative conjointe qui vise à mobiliser une action immédiate et concertée face à cette crise.
Les dirigeants du FMI, du Groupe de la Banque mondiale, de l’OMS, de la FAO et du PAM ont publié une deuxième déclaration commune sur la crise mondiale en matière de sécurité alimentaire et de nutrition. Ils constatent notamment des progrès considérables dans les quatre domaines clés que sont la fourniture d’une aide immédiate aux personnes vulnérables, la facilitation du commerce et de l’approvisionnement international en denrées alimentaires, la stimulation de la production et l’investissement dans une agriculture résiliente face au changement climatique.DAKARTIMES
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