Un système de pompage solaire communautaire installé dans le cadre du projet.
À Jarra Madina, petite communauté agricole située dans la région de Lower River en Gambie, la vie s’organisait autrefois autour d’une lutte quotidienne pour l’eau. Chaque jour, les femmes et les filles partaient à l’aube, parcourant jusqu’à cinq kilomètres à pied pour aller chercher de l’eau dans des puits à ciel ouvert creusés par leurs ancêtres il y a plus d’un siècle. De l’eau souvent boueuse et insalubre, qui entraînait une recrudescence des maladies hydriques.
« Avant, nous devions quémander de l’eau auprès des autres pour avoir de quoi boire », se souvient Sarjo Jallow, présidente du groupement de femmes du village. « Les femmes enceintes transportaient de lourds bidons sur la tête, au risque de se faire mal. C’était un spectacle affligeant », poursuit-elle.
Aujourd’hui, grâce au Projet de développement d’infrastructures et de services Eau, assainissement et hygiène (EAH) résilients au climat en Gambie, cofinancé pour dix millions de dollars américains par la Banque africaine de développement et neuf millions de dollars par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), la communauté bénéficie désormais d’un approvisionnement direct en eau potable. Des systèmes d’alimentation en eau fonctionnant à l’énergie solaire acheminent l’eau jusqu’aux habitations, aux écoles et aux abreuvoirs pour le bétail, desservant ainsi plus de 110 000 personnes dans 144 villages et localités périurbaines, dont Jarra Madina.
Mis en œuvre en partenariat avec le ministère gambien des Pêches et des Ressources en eau, le projet construit des infrastructures résilientes au changement climatique dans certaines des régions les plus isolées du pays. Des puits équipés de pompes solaires alimentent des réservoirs surélevés qui desservent 120 robinets publics et cinquante établissements publics, réduisant considérablement les longs trajets risqués que les femmes devaient autrefois effectuer.
Des installations sanitaires ont été construites dans plus de 30 écoles, bénéficiant ainsi à des centaines d’enfants. Par ailleurs, plus de 10 000 arbres ont été plantés pour protéger l’environnement et renforcer l’adaptation locale au changement climatique.
« Ce projet a été conçu pour aider les communautés à améliorer l’accès à l’eau et à renforcer leur résilience », explique Olusola Ikuforiji, du Fonds pour l’environnement mondial. « Grâce aux systèmes alimentés par l’énergie solaire, les habitants bénéficient désormais d’un accès facile à l’eau, leur bétail est mieux soigné et des arbres sont plantés pour restaurer l’environnement », a-joute-t-il.
Les effets d’entraînement de ces réalisations sont considérables. Les filles vont à l’école plus régulièrement au lieu de passer des heures à aller chercher de l’eau. Les femmes disposent désormais de plus de temps pour l’agriculture et de petites activités économiques et contribuent ainsi au revenu familial et au développement de la communauté.
« Nos vies ont changé », se félicite, Mustapha Gikineh, un habitant du village. « Avant, l’eau ressemblait à du pétrole. Maintenant, elle est propre, et nos enfants ne tombent plus malades. »
Pour la Gambie, l’un des plus petits pays d’Afrique et aussi l’un des plus vulnérables au changement climatique, de telles initiatives sont essentielles. L’augmentation des températures, l’irrégularité des pluies et l’allongement des saisons sèches exercent une pression croissante sur les ressources en eau et menacent la sécurité alimentaire. En intégrant l’accès à l’eau et l’adaptation au climat, l’initiative conjointe de la Banque africaine de développement et du Fonds pour l’environnement mondial contribuera à renforcer la résilience de plus de 200 000 personnes d’ici 2030, en combinant des approches climato-intelligentes qui répondent à la fois aux besoins immédiats et aux priorités d’adaptation à long terme.
« Cette infrastructure ne concerne pas uniquement l’eau, explique Bocar Cissé, responsable du projet à la Banque africaine de développement. C’est un exemple concret de la collaboration entre la Banque, le FEM et le gouvernement gambien, qui vise à apporter un soulagement concret, à renforcer l’autonomie des femmes et à protéger l’environnement. »
Alors que Sarjo Jallow observe le débit régulier de l’eau potable qui s’écoule du robinet du village, entourée d’arbres, elle sourit : « Nous ne marchons plus pendant des heures pour aller chercher de l’eau sale. Nous avons de l’eau à notre porte. Nos enfants sont en bonne santé et vont à l’école. Ce projet a redonné dignité et espoir à notre communauté. »
La transformation de Jarra Madina offre un exemple éloquent de la manière dont des investissements climato-intelligents dans l’eau et l’assainissement peuvent améliorer les conditions de vie des populations rurales, renforcer l’égalité des genres et garantir un avenir durable pour les générations futures. SOURCE : BAD

