Véritablement, il y a deux poids deux mesures dans la gestion des coups d’Etat dans le Sahel. En prenant le cas de la Guinée, le Pr Alpha CONDE renversé par le Colonel Mamady DOUMBOUYA, n’a pas bénéficié du soutien ferme de la CEDEAO et de Paris. Les Chefs d’Etat de la CEDEAO se sont plus solidarisés avec Mohamed BAZOUM qu’avec Condé injustement combattu. Paris, qui considère Bazoum comme un agent de la France, semble plus engagée à un retour à l’ordre constitutionnel au Niger. Mais, en Guinée, le Peuple qui a le dernier mot s’organise pour faire partir le «Narcolonel Doumbouya». Dans plusieurs régions, les populations ont exigé le retour de Condé à l’occasion du deuxième anniversaire de son départ.
Le comportement des dirigeants de la CEDEAO après le coup d’Etat contre le Pr Alpha CONDE, semble disproportionné, comparé au cas de Mohmaed Bazoum du Niger. La solidarité française n’a pas été non plus manifestée en faveur de Condé.
Le renversement d’Alpha CONDE était prévisible pour ceux qui savent interpréter les signaux. Car, au cours d’un meeting, ce panafricaniste averti avait ouvertement dénoncé le comportement des autorités françaises en terre guinéenne. Son discours virulent contre Paris, avait suscité des commentaires et des inquiétudes chez ses partisans. Mais, Pr Alpha CONDE, qui tient à son indépendance, n’en avait cure. D’ailleurs, à un moment donné de son magistère, le président guinéen s’était approché de Moscou. Ce qui lui avait valu de vives critiques de la part des média français.
Le coup d’Etat contre Alpha CONDE entre dans une logique de combat contre son régime. Puisque Condé est un non aligné de la politique française. Il est indépendant et jaloux de sa liberté. Alpha CONDE n’a jamais accepté d’être aux ordres du président français Emmanuel MACRON. Sa démarcation vis-à-vis de Paris, a inspiré le refus de Macron de condamner le coup d’Etat de Mamady DOUMBOUYA. Sans nul doute, Paris a adoubé le colonel DOUMBOUYA qui bénéficie d’un soutien absolu de Macron et de la presse française. Contrairement au Mali et au Burkina Faso, Paris n’a pas exigé le retour à l’ordre constitutionnel en Guinée. Au contraire, le Colonel Doumbouya s’appuie sur son épouse française pour rester en contact avec les soutiens parisiens. Même le Parti socialiste français membre de l’International français au même titre que Alpha CONDE, n’a pas beaucoup insisté sur le retour aux affaires de Condé.
Du côté de la CEDEAO, l’influence de Macron a été manifeste. Les leaders de la CEDEAO n’ont pas été assez convaincants dans leur démarche contre le Colonel Doumbouya. Certes, des médiations ont été entreprises mais, des sanctions sérieuses économiques et financières n’ont pas été appliquées avec fermeté contre la Guinée. Mieux encore, comme Mohamed Bazoum, Pr Alpha CONDE n’a pas démissionné. Selon la constitution guinéenne, il demeure le président de la République de Guinée. Et, cette situation devrait inspirer une intervention militaire pour restaurer la démocratie et l’Etat de droit en Guinée. Pour la CEDEAO annonce une intervention militaire au Niger oublier la Guinée ? En quoi Bazoum est-il plus victime que Condé qui jusqu’à ce jour n’a pas démissionné de ses fonctions ?
Le président guinéen avait lancé d’importants projets de développement et avec des indicateurs économiques très rassurants.
La différence entre Condé et Bazoum c’est que le président nigérien est agent de la DGSE française. Contrairement à CONDE qui a toujours refusé de servir Paris. A l’instar de plusieurs leaders touaregs, Bazoum travaille pour Paris. Il est alors du devoir de Macron de s’investir pour exiger sa libération et le retour à l’ordre constitutionnel. Paris n’a pas effectué cette même pression contre Doumbouya pour le retour d’Alpha CONDE. Toutefois, en Guinée, les populations et l’élite politique s’organisent pour le retour de CONDE. Le Pr Conde fait face à une injustice dont les auteurs principaux sont les leaders de la CEDEAO et leur complice parisien. Mais, le dernier mot revient au Peuple.
Modou FALL DAKARTIMES