mai 31, 2025
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DIAGNOSTIC DU FMI DE LA POLITIQUE ECONOMIQUE DU SENEGAL : Une économie résiliente malgré les chocs exogènes

Les autorités apprécient les entretiens constructifs avec le FMI qui se sont déroulés à Dakar du 4 au 15 novembre 2022. Cette initiative a aidé le Sénégal à maintenir sa stabilité macroéconomique et à mettre en œuvre des mesures et des réformes visant à atteindre les objectifs du PSE, selon l’institution de Bretton Woods. Qui souligne que le gouvernement reste fermement déterminé à continuer de prendre appui sur les progrès réalisés et, dans cette perspective, a l’intention de solliciter l’appui du FMI pour un nouveau programme en 2023. Compte tenu des résultats globalement satisfaisants du programme et de l’engagement des autorités à préserver la stabilité macroéconomique, à poursuivre les réformes pour améliorer la gestion des finances publiques et l’environnement des affaires et à parvenir à une croissance économique forte et inclusive, les autorités sollicitent le soutien des administrateurs pour l’achèvement des revues finales au titre de l’ICPE, de l’accord de confirmation et de l’accord au titre de la facilité de crédit de confirmation.

 

 

Dans cette sixième Revue du programme appuyé par l’instrument de coordination de la politique économique et troisièmes revues de l’accord de confirmation et de l’accord au titre de la facilite de crédit de confirmation, l’on rappelle que le Sénégal est durement touché par la conjonction de multiple chocs. L’envolée des prix des produits de base, exacerbée par la guerre en Ukraine, la forte appréciation du dollar et le ralentissement économique dans les pays avancés et émergents fragilisent l’économie sénégalaise, qui subit des pressions inflationnistes, une érosion du pouvoir d’achat des ménages, une baisse de la production industrielle et des tensions sur les comptes budgétaires et extérieurs. À cela s’ajoutent une détérioration de la situation sécuritaire dans la région, qui a dégénéré en instabilité politique dans certains pays voisins, et de graves inondations qui ont fait de nombreuses victimes, déplacé des milliers de personnes et provoqué des dégâts matériels.

Sur fond de turbulences économiques, l’insécurité alimentaire est au centre des préoccupations. Confrontées à la flambée des prix des denrées alimentaires, qui fait peser de graves risques sur la sécurité alimentaire, les autorités ont adopté une série de mesures budgétaires pour contenir les pressions sur ces prix (0,7 % du PIB).

Sur le plan politique, des élections législatives se sont tenues en juillet 2022. L’opposition a bénéficié d’un soutien massif et la coalition au pouvoir ne bénéficie que d’une majorité très étroite au Parlement. Cette configuration pourrait compliquer l’adoption de nouvelles lois, bien que le président dispose d’un pouvoir considérable en vertu de la Constitution. En septembre, le président Macky Sall a nommé un nouveau Premier ministre et formé un nouveau gouvernement chargé d’enrayer l’envolée du coût de la vie et de remédier au chômage des jeunes.

Cependant, le contexte sociopolitique tendu a provoqué d’importants dérapages budgétaires. Dans un souci d’apaisement des tensions sociales, le gouvernement a octroyé des augmentations de salaire (+0,1 % du PIB en 2022), initialement consenties aux secteurs de l’éducation, de la santé, de la défense et de la sécurité, à l’ensemble des fonctionnaires, et a laissé exploser le montant des subventions à l’énergie en s’abstenant de relever les prix de l’énergie, contrairement à l’engagement pris lors de la dernière revue de maintenir ces subventions à 2 % du PIB. Bien que le Sénégal ait augmenté les prix de l’essence en juin, le pays est resté à la traîne par rapport à la plupart des autres États de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) en ce qui concerne l’ajustement des prix du diesel.

L’impact de la pandémie COVID-19 a considérablement diminué, mais des défis subsistent. Avec un taux de vaccination complète de seulement 16,6 % de la population (15 ans et plus), le Sénégal reste exposé aux nouveaux variants du virus. La vaccination contre la COVID-19 continue à accuser des lenteurs en raison de l’impression d’une pandémie en déclin et de l’hésitation à se faire vacciner.

ÉVOLUTION RECENTE DE L’ECONOMIE

Jusqu’en septembre 2022, l’activité économique a connu un ralentissement, dans un contexte d’affaiblissement de la demande extérieure et intérieure (graphique 2 du texte). Les effets négatifs de la guerre prolongée en Ukraine et la hausse des prix des produits de base freinent l’activité économique et interrompent le fort rebond observé en 2021. En conséquence, la croissance du PIB réel a ralenti, passant de 5,2 % en mars à 2,9 % en juin (en glissement annuel), sous l’effet d’une décélération dans les secteurs secondaire (+0,5 % en glissement annuel) et tertiaire (+3,7 % en glissement annuel). Les indicateurs de haute fréquence suggèrent que le ralentissement s’est poursuivi au cours du troisième trimestre 2022.

L’inflation s’est accélérée sous l’effet de la flambée des prix des denrées alimentaires. L’inflation a poursuivi sa tendance haussière jusqu’en octobre, atteignant son plus haut niveau depuis plusieurs décennies (13 % en glissement annuel). L’inflation hors produits alimentaires et de l’énergie a atteint 5,1 %, un niveau quatre fois plus élevé qu’avant la pandémie. L’inflation globale a été alimentée principalement par la hausse des prix des denrées alimentaires produits localement (19,5 % en glissement annuel), mais les prix des biens et services hors alimentaires et de l’énergie ont également augmenté, suggérant une incidence plus généralisée sur les prix en raison d’effets de second tour. Des facteurs externes, tels que les prix mondiaux des denrées alimentaires et des engrais, et la dépréciation de l’euro par rapport au dollar, ont été les principales causes de la hausse des prix au Sénégal.

La détérioration des conditions extérieures a aggravé les déséquilibres de la position extérieure. Le déficit des transactions courantes, déjà élevé en 2021 (13,3 % du PIB), s’est encore creusé sous l’effet d’importations de services plus importantes que prévu, liées aux projets d’exploitation d’hydrocarbures financés par l’investissement direct étranger (IDE). Les réserves communes de l’UEMOA ont diminué en raison du niveau élevé des déficits budgétaires régionaux et du ralentissement des entrées de capitaux, mais elles restent suffisantes pour couvrir 4,5 mois d’importations potentielles à fin octobre. La position extérieure du Sénégal devrait se renforcer lorsque les exportations d’hydrocarbures commenceront fin 2023 et que les importations considérables liées à ces projets se réduiront.

L’exécution budgétaire à fin septembre a été caractérisée par une bonne performance au niveau des recettes et par des dépenses soutenues (tableau 2 du texte). Les recettes fiscales ont dépassé l’objectif des autorités (+0,3 % du PIB), grâce à l’augmentation des recettes fiscales directes (+0,5 % du PIB) à la faveur de la forte reprise économique de 2021. Les impôts indirects ont affiché de moins bons résultats (–0,3 % du PIB), reflétant la baisse de la demande intérieure. Malgré la faible croissance du volume des importations, les recettes douanières ont dépassé les objectifs du troisième trimestre (+0,1 % du PIB), grâce à la hausse des prix des biens importés. Les subventions budgétaires se situent en dessous des prévisions. L’enveloppe de subventions à l’énergie pour l’année a été entièrement dépensée à la fin du mois de septembre, et le gouvernement a étendu l’augmentation des salaires à tous les fonctionnaires (+0,1 % du PIB). Le taux d’exécution des dépenses d’investissement (nettes des cessions d’actifs non financiers) était également élevé (87,2 %), en particulier pour les investissements financés sur ressources intérieures. Le déficit à fin septembre (5,6 % du PIB) reste en phase avec l’objectif fixé pour la fin de l’année (6,2 % du PIB). La dette publique a continué d’augmenter au cours du premier semestre pour atteindre 74,3 % du PIB, principalement en raison du creusement du déficit et de l’appréciation du dollar. Ce dernier facteur a également contribué à l’accroissement du service de la dette extérieure.

Le secteur bancaire reste solide malgré les multiples chocs. La monnaie au sens large a enregistré une hausse de 18,4 % jusqu’en septembre (en glissement annuel), soutenue par la vigueur du crédit à l’économie (20,2 % en glissement annuel). À fin juin 2022, l’encours des prêts non performants rapporté au total des prêts a légèrement baissé à 11,2 %, contre 11,5 % à fin 2021, tandis que le ratio des fonds propres réglementaires du secteur bancaire sur les actifs pondérés par les risques, est resté inchangé à 12,0 %.

 

EXECUTION ET MODALITES DU PROGRAMME

Les résultats enregistrés dans le cadre du programme jusqu’à la fin juin ont été globalement satisfaisants :

• Tous les critères de réalisation quantitatifs ont été réalisés. Le critère de réalisation relatif au déficit budgétaire a été atteint grâce aux bons résultats en matière de recettes fiscales et au transfert partiel au budget de l’administration centrale du produit de la vente de bâtiments publics à une nouvelle agence immobilière publique (0,5 % du PIB). Les recettes fiscales ont largement dépassé l’objectif du programme (0,9 % du PIB), et le secteur public n’a enregistré aucune accumulation d’arriérés de paiements extérieurs.

• Un des trois objectifs indicatifs a été atteint. Le plafonnement du recours à des procédures simplifiées pour les services non personnalisés et le plancher des dépenses sociales ont été respectés. Cependant, le plafond relatif à la part des marchés publics conclus sans mise en concurrence a été de nouveau dépassé et continuellement enfreint.

• Trois des neuf repères structurels ont été atteints. Le rapport sur les dépenses fiscales pour 2020 a été publié, et le rapport semestriel sur la coopération entre les douanes et l’administration fiscale a été préparé avant fin juin. Le cadre d’évaluation pour le suivi de la mise en œuvre de la stratégie de mobilisation des recettes à moyen terme (SRMT) a également été adopté. Les six autres repères structurels n’ont pas été satisfaits : i) l’assiette fiscale n’a pas été suffisamment élargie par l’enregistrement de nouveaux contribuables à fin juin ; ii) le repère structurel relatif à l’adoption d’un nouveau code des marchés publics visant à garantir des appels d’offres plus ouverts et plus compétitifs, condition essentielle pour réduire les risques de corruption, n’a pas été rempli (mesure préalable) ; iii) le repère structurel de fin août sur l’adoption d’un nouveau cadre budgétaire pour la gestion des recettes pétrolières et gazières a été atteint avec retard ; iv) la feuille de route pour la suppression des subventions à l’énergie n’a pas été publiée (mesure préalable) ; v) la base de données des partenariats public-privé n’a pas été actualisée ; et vi) le repère structurel à fin novembre sur les paiements numériques du programme de transferts monétaires réguliers n’a pas été atteint. Enfin, une mesure préalable sur l’augmentation des prix de l’énergie a été ajoutée pour limiter les subventions à l’électricité et aux carburants à 2,7 % du PIB en 2023, une mesure essentielle pour effectuer l’ajustement budgétaire nécessaire cette année. Des avancées ont été réalisées en ce qui concerne les repères structurels non atteints lors de la cinquième revue (MEFP, §15).

A noter aussi que la capacité du Sénégal à rembourser le FMI reste adéquate. Selon les projections de base, les remboursements au FMI culmineront à 4,4 % des recettes de l’État et à 3,6 % des exportations de biens et de services en 2026. Ce niveau de risque peut être maîtrisé, sous condition d’un rééquilibrage budgétaire progressif et d’un recours prudent à l’emprunt par les entreprises publiques, qui placerait la dette du secteur public sur une trajectoire descendante. La faculté du Sénégal à amortir des chocs supplémentaires est limitée, et sa capacité de remboursement pourrait être affectée si les risques venaient à se matérialiser (annexe III), notamment de nouvelles vagues de COVID-19, la persistance des tensions géopolitiques, un nouveau durcissement des conditions financières mondiales, des dérapages budgétaires, ainsi que des perturbations politiques et sociales à l’approche des élections présidentielles de 2024. Les solides antécédents du Sénégal en matière de remboursement dans les délais au FMI et son engagement en faveur des réformes constituent des facteurs d’atténuation des risques. 13. La Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a appliqué toutes les recommandations issues de l’évaluation du dispositif de sauvegardes menée en 2018.

L’évaluation a constaté que les dispositifs de gouvernance de la BCEAO sont globalement adaptés et que son système de contrôle est solide. Une évaluation actualisée de la BCEAO estprévue pour 2023.

PERSPECTIVES ET RISQUES DES POLITIQUES ECONOMIQUES

Les difficultés liées au contexte extérieur et intérieur continueront de peser sur l’économie à court terme. Certains risques se sont matérialisés depuis la dernière revue, créant des vents contraires pour les perspectives de 2022, et probablement au-delà. En effet, la croissance mondiale devrait continuer à ralentir, ce qui abaisserait la demande extérieure de biens et de services, tandis que la persistance d’une inflation élevée pourrait éroder davantage le revenu réel disponible et réduire la demande intérieure. En conséquence, les projections de croissance pour 2022 ont été revues à la baisse, de 5 % à 4,7 %, malgré la récente levée des sanctions de l’UEMOA contre le Mali. La projection d’inflation a été révisée à la hausse, passant de 5,5 % à 8,5 %, afin de refléter la persistance de prix intérieurs des denrées alimentaires élevés et la hausse des prix des produits de base, ainsi que l’incidence de l’appréciation du dollar.

Les perspectives de croissance à moyen terme semblent plus favorables boostées temporairement par la production de pétrole et de gaz qui devrait commencer fin 2023. Les prévisions de croissance pour 2023 et 2024 s’établissent respectivement à 8,3 % et 10,4 %, grâce à la production de pétrole et de gaz qui devrait démarrer fin 2023 et améliorer sensiblement le solde des transactions courantes et le ratio dette/PIB. La croissance hors hydrocarbures devrait s’accélérer pour avoisiner les 6 % à partir de 2023. Les prévisions de croissance reposent sur l’hypothèse d’une normalisation progressive de la crise actuelle liée à la guerre en Ukraine et la mise en œuvre de mesures appropriées. Mais les risques d’une dégradation poussée de l’environnement international restent élevés et pourraient compromettre considérablement les perspectives d’endettement.

Les risques demeurent considérables et orientent sensiblement les perspectives à la baisse (annexe III). La décélération de la croissance mondiale, le resserrement des conditions financières, l’intensification et la prolongation de la guerre en Ukraine, et les tensions géopolitiques pourraient affecter la demande extérieure et réduire les perspectives de croissance du Sénégal. La hausse des prix des produits de base, conjuguée aux perturbations des chaînes d’approvisionnement et à une nouvelle appréciation du dollar, pourrait entraîner une élévation persistante de l’inflation intérieure qui aurait une incidence négative sur la demande intérieure. Les autres aléas sont les catastrophes naturelles liées au changement climatique, la détérioration de la situation sécuritaire dans la région et l’aggravation des tensions sociales dans un contexte politique pesant, ce qui pourrait affecter davantage les dépenses publiques à l’approche des élections présidentielles de 2024. En revanche, la production d’hydrocarbures pourrait bénéficier de la hausse des prix du pétrole et du gaz à moyen terme et des actions engagées par les pays européens de réduire leur dépendance à l’égard des importations énergétiques en provenance de la Russie.

Alléger le coût de la vie malgré une marge de manœuvre budgétaire limitée

Des pressions budgétaires se sont intensifiées depuis la précédente revue, sur fond d’élections législatives en juillet. Les recettes fiscales dépasseront les prévisions grâce au regain des impôts directs et à des mesures plus strictes de recouvrement des recettes. En revanche, les pressions sur les dépenses se sont intensifiées. Dans un souci d’apaisement des tensions sociales, dans un contexte d’inflation élevée, l’État a accordé la première augmentation générale des salaires depuis 2014 (MEFP, §9). La facture des subventions à l’énergie, la plus élevée de la région UEMOA, devrait plus que doubler par rapport à l’engagement pris lors de la dernière revue, en raison, notamment, des prix plus élevés que prévu des produits pétroliers raffinés et de la réticence des autorités à ajuster les prix de l’énergie. Les paiements d’intérêts devraient augmenter considérablement sous l’effet de l’appréciation du dollar.

En novembre, le président a annoncé 15 nouvelles mesures pour atténuer la crise de la cherté du coût de la vie, pour un montant supplémentaire représentant près de 0,2 % du PIB en 2023. Face à l’intensification des pressions sur les prix, les subventions ont été étendues à d’autres denrées alimentaires locales et importées, au ciment et au fer à béton, ainsi qu’aux frais de scolarité. Ces mesures viennent s’ajouter aux précédentes, qui ont été instaurées à la fin de l’année 2021. En parallèle, ont également été annoncés des plafonds de prix temporaires sur certains produits alimentaires locaux et sur les loyers, qui devraient être assumés par les distributeurs et les propriétaires respectivement, sans incidence budgétaire (MEFP, §3).

Malgré ces pressions sur les dépenses, les autorités sont déterminées à maintenir le déficit budgétaire global à 6,2 % du PIB en 2022 (MEFP, §21). Afin de respecter cet objectif, elles vont : i) utiliser la recette exceptionnelle de la vente de bâtiments de l’État (1,5 % du PIB) à une nouvelle agence publique immobilière (la SOGEPA), qui a été financée par une émission de sukuk en avril3 ; ii) faire appliquer les mesures d’administration des recettes4 ; et iii) identifier les économies, notamment en réduisant les investissements financés sur ressources intérieures et extérieures. En conséquence, la politique budgétaire (mesurée par la variation du solde budgétaire primaire) pourrait se resserrer d’environ 0,3 point de PIB par rapport à la revue précédente.

Conscients de la volonté des autorités de compenser intégralement la flambée des prix mondiaux afin de limiter les pressions inflationnistes, les services du FMI soulignent néanmoins le coût élevé et le caractère régressif d’une politique de subventions non ciblée. Ils relèvent que l’objectif budgétaire pour 2022 sera atteint grâce à la vente de bâtiments publics et à des coupes significatives dans les dépenses d’investissement, ce qui suscite des inquiétudes quant à la qualité des dépenses, étant donné que les subventions généralisées et dispendieuses évincent les dépenses favorables à la croissance. Compte tenu du volume du sukuk, les services du FMI et les autorités reconnaissent que la SOGEPA doit générer des ressources suffisantes pour faire face à ses obligations en matière de service de la dette. Les services du FMI appellent également les autorités à éviter de recourir à des mesures telles que le plafonnement des prix et les restrictions à l’exportation pour atténuer la cherté de la vie, car elles peuvent avoir des répercussions négatives sur l’offre. Enfin, compte tenu des changements importants apportés au budget 2022, les services du FMI auraient préféré que, dans un souci de transparence budgétaire, le gouvernement prépare une deuxième loi de finances rectificative, plutôt que d’opérer les changements en ayant recours à des décrets d’avance.

 

Placer la dette publique sur une trajectoire descendante

Les autorités s’engagent à placer la dette publique sur une trajectoire descendante, mais plaident pour un rééquilibrage budgétaire plus lent afin de trouver un équilibre avec d’autres priorités. Cette démarche est motivée par la riposte nécessaire aux besoins sociaux croissants, au chômage des jeunes, à l’insécurité alimentaire et aux risques accrus en matière de sécurité émanant des pays voisins. La stratégie budgétaire cible un rétablissement du déficit budgétaire de l’administration centrale à 3 % du PIB d’ici 2025, au lieu de 2024 comme convenu précédemment (graphique 6 du texte). Ce scénario est en phase avec le retard accusé en matière de consolidation budgétaire dans la plupart des pays de l’UEMOA et devrait avoir un impact limité sur les réserves extérieures communes, qui resteraient globalement suffisantes à moyen terme. Les autorités estiment que cette trajectoire budgétaire permet de trouver un juste équilibre entre le maintien de la cohésion sociale et la préservation de la viabilité à moyen terme (MEFP, §22).

L’assouplissement de la politique budgétaire comporte toutefois certains risques. Rappelant les contraintes liées au resserrement des conditions de financement mondiales et aux limites du marché régional des titres publics, les services du FMI soulignent que l’augmentation des emprunts sur le marché régional peut entraîner une hausse des coûts d’emprunt et du service de la dette, voire une éviction du crédit au secteur privé (graphique 7 du texte). Cela aggraverait la vulnérabilité de la dette et la pression sur les réserves extérieures. Enfin, des écarts répétés par rapport à la trajectoire convenue de rééquilibrage budgétaire pourraient remettre en cause la crédibilité de la stratégie budgétaire à moyen terme.

Synthèse de Abdou Karim MBAYE

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INSECURITE ROUTIERE :

 

L’urgence d’une maitrise des données d’accidentologie et de mortalité

 

Le secrétaire général du ministère des Infrastructures, des Transports et du Désenclavement, Jules Aubain Sagna, a souligné, mercredi à Dakar, « l’urgence d’agir pour une meilleure maîtrise des données d’accidentologie et de mortalité liées à l’insécurité routière ».

 

Jules Aubain Sagna présidait l’ouverture des travaux du 1er Congrès régional sur les données de mortalité routière, qui se tient dans la capitale sénégalaise jusqu’à jeudi, à l’initiative du ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, par le biais de l’Agence nationale de sécurité routière (ANASER) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « L’indisponibilité de ces données qualitativement exploitables peut par exemple expliquer que plus de 50% des décès liés à l’insécurité routière ne soient pas enregistrés à l’échelle mondiale. Il est donc urgent d’agir pour une meilleure maîtrise des données d’accidentologie et de mortalité liées à l’insécurité routière », a-t-il notamment indiqué. Ce congrès, qui réunit les représentants d’une vingtaine de pays, a pour objectif le partage des meilleures pratiques de systèmes d’information sur les accidents de la circulation. A l’issue du congrès, une feuille de route régionale sera adoptée pour l’atteinte des objectifs de la décennie d’actions mondiale 2021-2030, visant la réduction des décès et blessés graves de 50% durant cette période. Jules Aubain Sagna a rappelé que « l’Afrique présente non seulement le taux de mortalité routière le plus élevé, mais se distingue également par les plus grands écarts entre les données officielles sur les décès et les estimations de l’Organisation mondiale de la santé ». « Il est donc heureux de constater, aujourd’hui, que les acteurs s’accordent sur le fait que les actions de lutte contre l’insécurité routière doivent désormais se fonder au niveau des Etats comme au sein des Institutions de coopération internationale et des acteurs non étatiques en général, sur des données statistiques fiables ».

Selon lui, ce congrès est le lieu adéquat pour engager la réflexion en vue d’échanger et de partager les meilleures pratiques des systèmes d’information sur les accidents de la circulation routières.

 

El Hadji Malick SARR

 

 

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