Les choses sérieuses commencent à bouger. Après le report de l’élection présidentiel tant décrié par l’opposition et une partie de la population qui ont observé dimanche 25 février, une journée de « deuil électoral », le président Macky Sall, comme promis, a lancé les travaux du dialogue national, hier au Centre international de Conférences Abdou Diouf de Diamniadio (Cicad). Pour cette première journée de ces concertations, le président sortant a esquissé un plan pour fixer une date du scrutin.
L’élection présidentielle aura bel et bien lieu contrairement à certaines langues déliées qui le subodorent. Les premiers éléments du dialogue national pourraient rassurer. Macky Sall, entouré de tous les acteurs de la société, a donné des gages d’organiser une élection démocratique, inclusive, transparente et paisible. Pour cela, il ne reste que la date qui est le principal enjeu de ces concertations. « Je n’ai qu’un objectif, en convoquant ce dialogue : trouver un consensus pour une crédibilité du scrutin sous l’observation nationale et internationale », a laissé entendre, hier, au Cicad, le chef de l’État dans son discours d’ouverture de la cérémonie de ce dialogue national.
Revenant sur la date de l’élection président, Macky Sall a fait savoir que celle-ci a sera déterminée par décret, « La date sera fixée par décret, quelles que soient les agitations des uns et des autres ». Pour ceux qui ont refusé de répondre à ce dialogue, Macky Sall estime qu’ils « ne le font qu’à eux-mêmes, pas au président de la République ».
Pour plus de détails ou de clarté sur cette date du scrutin, le chef de l’Etat renseigne qu’il va se tenir « avant l’hivernage, dans les meilleurs délais », à travers ces concertations qui sont une occasion pour trouver un mécanisme approprié pour garantir la continuité de l’État de droit dans la paix.
En outre, le président de la République a déclaré que « le gouvernement travaille pour une parfaite organisation de l’élection ». Sur ce, il a appelé tous les acteurs politiques pour qu’ensemble être « à la hauteur du Sénégal pour une grandeur, un dépassement, le pardon, l’oubli et la réconciliation pour la paix indispensable à la poursuite des efforts de développement. »
Macky Sall qui est conscient de la situation du pays suspendu aux conclusions de ce dialogue national a annoncé qu’il va saisir, lors du Conseil des ministres prochain, l’Assemblée nationale pour une amnistie générale. « Je saisirai l’assemblée nationale ce mercredi pour une amnistie générale. Ceci, pourrait nous aider dans cette phase difficile pour sauvegarder notre unité nationale, pacifier l’espèce politique et de maintenir le rayonnement démocratique » a fait savoir le président de la République.
Pour finir, le président sortant dira : « Je tiens à vous remercier, pour le temps et les efforts consacrés à ce rendez-vous. Notre pays est confronté à une situation inédite faite de menaces sur la paix et la stabilité. Il y a des moments où il faut savoir que la vie des nations transcende la vie politique. Je voudrais vous réaffirmer que je n’ai aucun agenda personnel. Le 02 avril prochain marquera la fin de mon mandat. Les travaux se poursuivront demain.»
Le Premier ministre Amadou BA, candidat de la Coalition Benno Bokk Yakaar, était sans surprise, aux concertations. Dans un speech relativement court, le candidat de la mouvance présidentielle dira, à l’endroit de son mentor politique, Macky Sall : « Je peux témoigner que vous tenez à la bonne marche des institutions ». Pour justifier aussi sa présence à ce dialogue national, Amadou BA déclare : « Je suis un partisan acharné du dialogue et de la paix. Ma préoccupation, c’est le pays. Nous devons aller vite à l’élection, dans le respect des lois et règlements et dans la paix. Cependant, il faudra voir quelle est la formule la plus adaptée. Pour le reste, je m’en tiens à votre sagesse ».
A noter que, malgré le refus de 16 des 19 candidats de la présidentielle et d’autres acteurs de la société civile, il a été constaté une présence massive de diverses personnalités politiques, acteurs de la société civile, d’artistes, de religieux et coutumiers, entre autres, à ce dialogue national qui va durer deux jours (lundi 26 et mardi 27 février 2024). MahamadBoun Abdallah Dionne, candidat de l’opposition a été présent hier au dialogue même si ses pairs ont décliné l’appel de Macky Sall. Le PDS et d’autres structures politiques ont aussi répondu présents.
Abdou Karim MBAYE
