avril 19, 2025
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Economie

DOCUMENT DE PROGRAMMATION BUDGETAIRE ET ECONOMIQUE PLURIANNUELLE (DPBEP) 2025-2027 : Les grandes lignes

Le Ministère des Finances et du Budget a publié le Document de Programmation budgétaire et économique pluriannuelle (DPBEP) qui sert de référence à l’élaboration de la loi de finances de l’année à venir dont il définit les orientations, le niveau global des recettes attendues et des dépenses projetées sur la base de l’évolution de la conjoncture économique nationale et internationale. Au Sénégal, il porte sur une période triennale glissante, ajustée annuellement et fait l’objet du Débat d’Orientation budgétaire (DOB) qui doit se tenir au plus tard le 30 juin de chaque année à l’Assemblée nationale. Le Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle 20252027 est articulé autour des cinq (5) axes que sont : l’évolution et les perspectives économiques ; la gestion des finances publiques 2023-2024 ; les orientations et perspectives budgétaires 2025-2027 ; la situation financière des organismes publics ; les risques budgétaires.

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Selon le MFB, le DPBEP qui n’est pas soumis au vote, est élaboré conformément à l’article 51 de la loi organique relative aux lois de finances (LOLF) n°2020-07 du 26 février 2020, internalisant la Directive communautaire n°06/CM/2009 du 26 juin 2009 qui prône une gestion des finances publiques axée sur la performance, l’obligation de rendre compte et la transparence. Cette dernière exigence est confortée par la loi n° 201222 du 27 décembre 2012 portant code de transparence dans la gestion des finances publiques.

La situation économique au niveau international, selon les perspectives établies par le Fonds monétaire international (FMI) en avril dernier, s’annonce un peu plus optimiste que celle de la fin de l’année 2023, avec une reprise lente et légère de l’activité économique, reflétée par un taux de croissance de 3,2% en 2023, taux attendu au même niveau en 2024 et 2025 avec, toutefois, des disparités régionales. Les prévisions pour l’Afrique sub-Saharienne portent sur des taux de croissance de 3,4% en 2023, 3,8% en 2024 et 4% en 2025.

Cependant, la question de la dette, suite à un ré-endettement quasi généralisé en relation avec les effets de la Covid, le conflit russo-ukrainien et les mesures d’assouplissement de la gestion des finances publiques alors consenties, constituent présentement un grand défi qui freine les capacités de financement des pays, notamment les moins riches. Pour ces derniers, elle constitue un bien lourd fardeau et une entrave à l’atteinte des objectifs de développement.

Par rapport à la situation d’avant-Covid, la dette mondiale (93% du PIB mondiale en 2023) aurait augmenté de 9 points de pourcentage (pp). Même tirée par les USA et la Chine, elle constitue une réelle hypothèque pour les pays en développement dont les déficits budgétaires restent préoccupants. Par ailleurs, selon les estimations d’une étude commanditée par le « Groupe de gauche » du parlement européen, un tiers des états africains serait surendetté ou risquerait de le devenir. Au même moment, toujours selon les mêmes estimations 60% des pays africains dépenseraient plus pour le remboursement de leur dette que pour les soins de santé.

L’année 2024 est aussi marquée par une situation inédite qui impactera les finances publiques de plusieurs pays, avec un nombre record, y compris le Sénégal, qui organise des élections nationales, concernant plus de la moitié de la population mondiale. Or, selon certaines études, les déficits enregistrés durant les années d’élection dépasseraient en général les prévisions de 0,4 point de pourcentage (pp).

Toutefois, il a été noté une évolution favorable des perspectives économiques établies, notamment, par le FMI, les questions de la dette, des déficits budgétaires, de la situation géopolitique internationale, toujours assombrie par la persistance des conflits russoukrainien et israélo-palestinien et de la nécessité de prendre davantage en compte les urgences liées aux effets du changement climatique. Toutes ces questions appellent, au niveau international, une gestion des finances publiques plus responsable, pour une « reconstitution des marges de manœuvre et la sauvegarde de la viabilité à moyen terme ».

Au plan interne, les retards enregistrés dans le démarrage de la production du pétrole et du gaz, durant ces deux dernières années, ont pesé à la fois sur les prévisions de croissance et sur les recettes de l’Etat. Les prévisions de croissance sont estimées à 4,5% en 2023, 7,3% en 2024 et 9,7% en 2025 ; néanmoins ces taux demeurent supérieurs à ceux attendus pour la zone CFA (4,2% en 2023, 5,5% en 2024 et 5,4% en 2025) et pour l’Afrique subsaharienne.

Globalement, la croissance de l’économie nationale est attendue en progression de 6,4% sur la période de 2025-2027 avec un pic de 9,7% en 2025 coïncidant avec la deuxième année de l’exploitation du pétrole et du gaz. Cette bonne orientation de l’économie nationale devrait être soutenue en moyenne sur la période sous-revue par par les performances du secteur secondaire (+10,3%), du secteur tertiaire (+5,1%) et du secteur primaire (+5,2%).

Pour les années à venir, les prévisions du Sénégal, qui sont tributaires de l’exploitation effective des ressources pétrolières et gazières, viennent d’être confortées par l’annonce faite par la compagnie Woodside, ce 11 juin 2024, de la première extraction de pétrole du champ de Sangomar, au moment où l’avancement des travaux du champ gazier GTA préfigure un démarrage proche. A cela devraient s’ajouter les résultats attendus de la relance de certains secteurs qui font l’objet d’attention et de mesures de soutien de la part des nouvelles autorités. C’est le cas du secteur de l’agriculture qui avait largement contribué aux performances obtenues par le Sénégal en 2020 dans un contexte de récession mondiale et qui fait l’objet d’attention et de mesures de soutien soutenu des nouvelles autorités, pour optimiser ses performances.

Cette situation augure de bonnes perspectives pour l’activité économique dans les prochaines années et crédibilise aussi les performances attendues pour la progression des ressources financières internes. Plus qu’avant, elle est devenue un enjeu de premier ordre pour un pays érigeant comme priorité, la souveraineté dans des domaines tels que l’agriculture et l’alimentation.

L’évolution positive des ressources internes attendue des ressources énergétiques sera conforté grâce à la Stratégie de Recettes à Moyen Terme (SRMT), à travers les orientations fiscales actuelles sur le recouvrement et la relance économique, et également via les financements provenant de la coopération avec nos partenaires extérieurs. Toutefois, l’importance et le niveau de mobilisation de ces derniers dépendront du niveau d’endettement du pays qui devrait rester soutenable grâce aux options prises avec la Stratégie de Gestion de la dette à Moyen Terme (SDMT).

En effet, le Sénégal s’inscrira dans la tendance mondiale actuelle de désendettement, de réduction des déficits budgétaires et de reconstitution de marges budgétaires, ce qui devrait lui permettre de mieux profiter de l’accès aux guichets de prêts non concessionnels des institutions financières de développement dont les conditions sont, en termes d’intérêts et de durées, sans commune mesure avec celles des marchés financiers.

S’agissant des finances publiques, sur la période 2025-2027 l’objectif visé est de poursuivre une politique prudente en matière de gestion budgétaire, de rationalisation et d’optimisation des dépenses, en veillant au respect des engagements vis-à-vis du FMI et des programmes de convergence sous régionale. Ainsi, le déficit budgétaire serait ramené à 3% dès 2025.

Au titre de l’année 2025, les ressources budgétaires globales sont projetées à 5 677,7 milliards FCFA, en progression de 15,5% comparativement au montant révisé de l’année 2024. Sur la période 2025-2027, les ressouces devraient se maintenir sur une tendance haussière avec un taux moyen de progression de 19%. La pression fiscale devrait se situer en moyenne à 21,2% sur la période sous-revue contre une prévision de 20,1% en 2024.

En 2025, les dépenses totales, programmées à 6 390,2 milliards FCFA, s’inscriraient ainsi en hausse de 8,7% comparativement au montant révisé de 2024. Les investissements globaux devraient ressortir à 1 811,5 milliards FCFA (dont 1 087,1 milliards FCFA sur ressources internes et 724,4 milliards FCFA sur ressources externes).

Sur la période triennale considérée, les dépenses devraient progresser de 18,4% en moyenne. Ainsi, par rapport au PIB, le poids des dépenses resterait élevé mais afficherait en moyenne un taux de 26,6% sur la période triennale 2025-2027 contre une prévision de 27,2% en 2024.

Ce niveau soutenu des dépenses résulterait de la poursuite des investissements dont la part au PIB atteindrait un taux moyen de 8,3% sur la période 2025-2027. Pour leur part, les charges afficheraient un ralentissement, passant de 23,1% du PIB en 2024 à un taux moyen de 22,3% projeté entre 2025 et 2027.

Tous ces efforts qui traduisent la volonté du Gouvernement de rationaliser les dépenses de l’Etat, devraient permettre une meilleure prise en charge des priorités, compte tenu des urgences actuelles. Parmi celles-ci, figure l’apurement de la dette intérieure qui devrait contribuer à stimuler plusieurs sous-secteurs d’activités ; l’année 2024 étant une année de transition durant laquelle les bases de réalisation des nouvelles priorités devront être assurées.

Il convient de relever que les engagements avec les partenaires du Sénégal s’inscrivent dans cette dynamique. Ainsi, le programme actuel conclu avec le FMI est articule 1utour de quatre axes, à savoir : (i) l’amélioration de la gestion des finances publiques, (ii) le renforcement de la gouvernance financière et l’élargissement du dispositif antiblanchiment des capitaux et la lutte contre le financement du terrorisme, (iii) la réalisation d’une économie plus résiliente et inclusive et (iv) le renforcement de la résilience aux changements climatiques.

Le DPBEP 2025-2027, le 12ème depuis son institutionnalisation au Sénégal, est élaboré dans un contexte national marqué par l’installation de nouvelles autorités politiques à la suite de l’élection présidentielle de mars 2024, sur la base d’un projet de rupture systémique. Il s’adosse en conséquence aux priorités d’action retenues lors du Conseil des Ministres du 09 avril 2024 qui, tenant compte d’un état des lieux actuel, des performances passées et des ambitions déclinées, vise à : lutter contre la cherté de la vie ; renforcer l’unité et la solidarité nationale ; renforcer la bonne gouvernance, dans tous ses aspects (politique et démocratique, judiciaire, de gestion des finances publiques ; valoriser le capital humain en relation avec la promotion de l’emploi, notamment des jeunes ; renforcer la défense et la sécurité.

Comme les derniers DPBEP, le présent reviendra sur les risques budgétaires même si le Sénégal, en plus des exigences de résultats et de transparence liées à la LOLF, possède actuellement des dispositifs et mécanismes qui devraient lui permettre de tirer un meilleur parti des bonnes perspectives annoncées. On peut, notamment, citer à ce sujet, la Stratégie de Recettes à Moyen Terme (SRMT), la Stratégie de Gestion de la Dette à Moyen Terme (SDMT) et le nouveau cadre réglementaire de Gestion des Investissements publics (GIP).

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