Invité de l’émission « Jury du dimanche » sur Itv, le député Thierno Alassane Sall est revenu sur les questions de la déclaration de politique générale du Premier ministre, les fonds politiques alloués au Président de la République qu’il exhorte sa suppression.
On l’a connu pour son franc-parler, le leader de la République des valeurs n’a pas déçu. En vedette, hier, sur Itv pour l’émission « Jury du dimanche », le député non inscrit s’est inquiété du rapport qu’il juge inversé entre le Président de la République et le Premier ministre. « Le Premier ministre semble être l’autorité centrale et le Président de la République, l’autorité subordonnée ». Par ailleurs, il a cité la maxime qui dit que « les hommes d’État pensent aux générations futures. Par contre, les hommes politiques pensent à la prochaine élection », pour répondre au désir du président d’élire son PM d’ici cinq ans. Selon lui, « c’est malheureux qu’on ait ce genre de débats dans un pays où l’on sort des élections extrêmement graves avec une loi d’amnistie qui a été faite dans des conditions qui défient la justice et le bons sens. Le débat qu’on serait en droit de s’attendre aujourd’hui, c’est comment transformer qualitativement le Sénégal ».
Sous sa casquette de parlementaire, « TAS » s’est arrêté sur la question de la Déclaration de politique générale que le PM refuse jusqu’à présent à faire depuis sa prise de fonction. Sa menace de la tenir devant une assemblée populaire est loin d’être au goût du candidat à la dernière présidentielle. « Sonko sous-entend que les députés ne sont pas compétents, alors que la Constitution ne dit pas que le critère c’est un savoir académique ou de compétence technique. C’est un critère de légitimité démocratique, parce que les députés sont les représentants du peuple. Pourquoi quelqu’un qui n’est pas élu se permet de tutoyer l’Assemblée nationale de cette façon tout en exigeant que les autres lui doivent du respect ? C’est quand même assez grave. Le plus grave, c’est que le président de la République a apparemment des problèmes pour donner injonction à son Premier ministre de faire sa Déclaration de politique générale. D’abord, de parler correctement aux gens » martèle Thierno Alassane Sall.
Des fonds politiques à supprimer
Alors que Bassirou Diomaye Faye s’est indigné de retrouver les caisses de fonds politiques vides, Thierno Alassane Sall explique l’intérêt de ces fonds. « Il y a d’abord un disfonctionnement de l’administration des finances. Si le Président sortant a pu exécuter une partie substantielle d’un budget en moins de deux ou trois mois, c’était prévisible parce-que les fonds politiques, justement, sont entièrement et intégralement mis à la discrétion du président de la République. Il peut en faire tout ce qu’il veut. Il faut expliquer à quoi servent ces fonds politiques. Ces fonds politiques généralement servent à acheter les politiques de l’opposition, à intéresser son camp à coups d’enveloppes la veille de Tabaski, de Korité et d’autres fêtes pour des tas de raisons (…). Et c’est dangereux pour le pays ». Avant d’exiger de les supprimer tout simplement : « Réformer ces fonds, ce n’est pas mettre des gens pour en contrôler le fonctionnement. C’est supprimer ces fonds. Ces fonds, c’est pour corrompre. Tout le monde sait que cet argent sert à donner à qui il veut ».
Pour l’argument de fonds secrets avancé par le Président Faye, TAS n’en est pas convaincu. « L’Etat du Sénégal est organisé de manière à ce qu’il y ait des fonds destinés à acheter des espions, à faire des opérations spéciales. C’est logé dans les instances où les institutions ou organisations qui gèrent ça. On a un directeur du renseignement qui utilise des espions ici et partout. Il les paie lui-même (…). Ce que l’on attend ce n’est pas que l’actuel régime utilise les mêmes explications des anciens régimes pour continuer de justifier l’existence des fonds politiques. Le président de l’Assemblée nationale, le Premier ministre, le président du Conseil économique social et environnemental, le président du Haut conseil des collectivités territoriales ont tous des fonds politiques. Voilà les régimes qui s’installent, disposent de ressources conséquentes pour s’enrichir et enrichir leurs proches. Et pour faire de la politique comme ils veulent », a insisté l’ancien ministre de l’Energie.
El Hadji Malick SARR