mai 28, 2025
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Economie

En 2025, l’or est-il encore l’ultime placement refuge ?

L’or a franchi la barre des 3 000 dollars, son prix le plus haut de l’histoire. Mais face à la montée des taux d’intérêt depuis la pandémie de Covid-19 et à l’émergence de nouvelles formes d’investissements comme les cryptoactifs, l’or tient-il encore la route ?

La flambée du prix de l’or ces derniers mois, marquée par le franchissement du seuil psychologique de 3 000 dollars l’once en mars 2025 et l’atteinte d’un niveau historique record en avril 2025, a suscité un certain intérêt de la part des investisseurs. On pourrait y voir un nouveau Klondike, cette ruée vers l’or au XIXe siècle.

Au milieu de cette ruée, le métal précieux conserve son attrait en période d’incertitude, de tensions géopolitiques ou d’inflation. Néanmoins, sur le long terme, l’or tend à sous-performer par rapport à d’autres classes d’actifs, comme les actions. Il peut donc jouer un rôle de couverture utile dans un portefeuille, mais y consacrer l’intégralité de son épargne… ne serait pas vraiment une idée en or.

Incertitude et taux d’intérêt : les moteurs du prix de l’or

L’offre de l’or, conditionnée principalement par les capacités d’extraction qui, à leur tour, dépendent des réserves, reste assez stable. Le prix de l’or est largement déterminé par la demande. Celle-ci se répartit entre la bijouterie (40 % en 2024), la technologie (7 %), l’investissement (24 %) et les réserves des banques centrales (21 %). L’US Bureau of EconomicAnalysis classe l’or comme un actif financier. Contrairement à d’autres instruments financiers, il ne génère pas de flux de trésorerie, ce qui rend sa valeur fondamentale incertaine. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’investisseur célèbre Warren Buffetts’abstenait d’y investir.

Son rôle historique lui confère une fonction particulière sur les marchés : une valeur refuge en période d’incertitude. Même après l’abandon en 1971 de l’étalon-or, longtemps sur la base du système monétaire international, plusieurs États ont continué de maintenir jusqu’à aujourd’hui encore d’importantes réserves d’or. L’accumulation de ces réserves par les banques centrales, notamment celles des pays émergents, comme la Chine, l’Inde ou la Russie, s’inscrit dans le cadre de la dédollarisation.

Cette dernière s’est accélérée en 2022, lorsque le dollar a été utilisé comme instrument de sanction contre la Russie, puis récemment dans le contexte d’incertitude sur les tarifs douaniers imposés par les États-Unis. Ces tarifs entraînent une diminution des flux commerciaux internationaux, où le dollar reste la principale devise d’échange. Un autre facteur de la demande d’or est le niveau des taux d’intérêt réels. Lorsque les taux augmentent, investir dans des obligations d’État, considérées comme des actifs à faible risque, devient plus intéressant qu’investir dans l’or.

Pourquoi il est intéressant d’avoir de l’or dans son portefeuille

L’or a toujours été apprécié par les investisseurs pour deux principales caractéristiques : la conservation de son pouvoir d’achat et la faible, voire nulle ou négative, corrélation avec d’autres actifs financiers.

Contrairement à la monnaie fiduciaire, dont le pouvoir d’achat s’érode si la banque centrale « fait tourner la planche à billets », l’or est réputé résistant à l’inflation. Les réserves sont limitées, sauf découverte hypothétique de la pierre philosophale. L’idée que l’or constitue une « couverture contre l’inflation » doit néanmoins être nuancée. Pour jouer ce rôle, l’or devrait voir son prix réel demeurer constant dans le temps. Cependant, celui-ci connaît de fortes fluctuations à court terme (quelques années) et ne converge vers une « golden constant » qu’à long terme (des dizaines d’années). Celui-ci pouvant dépasser l’horizon d’investissement.

L’argument principal en faveur de l’or reste sa fonction de protection du portefeuille. Cette propriété découle du lien entre le prix de l’or et le niveau d’incertitude. Lorsque l’incertitude augmente, les prix des actifs financiers traditionnels ont tendance à chuter, tandis que le prix de l’or grimpe. L’or est perçu avant tout comme un moyen de réduire le risque d’un portefeuille, plutôt que d’en augmenter le rendement.

Or physique et or papier

Investir dans l’or peut prendre deux formes : l’or physique et l’or papier.

L’or physique correspond à l’achat direct sous forme de pièces, de lingots ou de barres. Ce type d’investissement permet de détenir un actif tangible. Il présente certains inconvénients : le risque de vol est réel, la conservation nécessite parfois des solutions de stockage sécurisées – avec des coûts associés –, et la liquidité est relativement moindre par rapport à l’or papier.

L’or papier regroupe principalement deux catégories d’investissements : les ETF (trackers) adossés à l’or et les actions de sociétés aurifères. Comme SPDR Gold Shares ou iShares Gold Trust, les ETF sont des véhicules financiers qui permettent d’acheter indirectement de l’or, sans avoir à se soucier du stockage. Ils ont largement contribué à rendre le marché de l’or plus actif et liquide. Investir dans les actions de sociétés aurifères comme Barrick Gold ou Newmont est plus risqué. Leur performance ne dépend pas uniquement du prix de l’or, mais aussi de nombreux autres facteurs : risques politiques liés aux pays d’exploitation, coûts de production, gestion des réserves minières, aléas environnementaux ou encore décisions de management.

Le bitcoin ne remplace pas l’or

Avec le développement des cryptomonnaies, en particulier du bitcoin, la question de la pertinence de l’or comme actif d’investissement revient régulièrement. Le bitcoin est souvent présenté comme une alternative décentralisée et indépendante des décisions politiques nationales. Ces caractéristiques sont également associées à l’or, notamment en période d’incertitude macroéconomique. C’est pourquoi certains le surnomment « le nouvel or ».

Mais les différences restent nombreuses. Le bitcoin souffre d’un manque de transparence sur ses détenteurs, ne repose sur aucun actif tangible – ce qui peut inquiéter certains investisseurs –, et reste marginal dans les réserves des banques centrales. Son prix est moins corrélé à l’incertitude globale. Il n’a d’ailleurs pas joué de rôle de valeur refuge lors de la pandémie de Covid-19. En 2025, sa performance positive s’explique davantage par un regain d’optimisme que par une fonction protectrice. En somme, le bitcoin ne remplace pas (encore ?) l’or comme valeur refuge.

Dilemme de l’or

Historiquement, une forte hausse du prix de l’or était suivie d’une baisse des rendements futurs, le prix tendant à revenir vers sa moyenne de long terme (meanreversion). Il n’est pas exclu que, dans un contexte de mutations structurelles, le prix réel de l’or atteigne désormais un niveau d’équilibre supérieur.

Il est difficile de prédire lequel de ces deux scénarios prévaudra. Les investisseurs d’aujourd’hui se trouvent face au même dilemme de l’or (golden dilemma) que ceux du passé. Jusqu’à présent, c’est le scénario du retour à la moyenne qui s’est vérifié. Le potentiel changement de point d’équilibre pourrait être alimenté par plusieurs facteurs : la montée des tensions géopolitiques, la dédollarisation partielle, l’achat massif d’or par les banques centrales des pays émergents, une instabilité financière persistante, ou encore l’incertitude macroéconomique liée à la transition climatique. The Conversation

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