septembre 1, 2025
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Entretien avec l’Ambassadeur de la Fédération de Russie au Sénégal et en Gambie, Dmitry Kourakov : La coopération entre Dakar et Moscou au menu

Dans cet entretien accordé à DakaTimes, l’Ambassadeur de la Fédération de Russie au Sénégal et en Gambie, DmitryKourakov, a passé à la loupe les relations bilatérales entre le Sénégal et la Russie. Le diplomate a notamment évoqué les récents développements de la politique de partenariat entre Dakar et Moscou. Monsieur Dmitry Kourakov est aussi revenu sur les relations entre la Russie et certains pays africains notamment au plan sécuritaire…

DAKARTIMES : Monsieur DMITRY KOURAKOV vous rentrez des vacances à Moscou. Comment se sont passées vos vacances ?

Dmitry Kourakov : Merci, mes vacances ont été très actives. Je me suis bien reposé, mais j’ai aussi participé à de nombreuses réunions. J’espère qu’elles contribueront à renforcer les relations bilatérales – qui sont notre priorité.

DAKARTIMES : J’espère que vous n’avez pas souffert à Moscou de la forte chaleur que nous la vivons actuellement au Sénégal ?

Dmitry Kourakov : Non, le climat est très agréable à Moscou en été. Cependant, cette année est marquée par beaucoup de pluieset il n‘y avait pas beaucoup de soleil. La chaleur sénégalaise m’a manqué.

DAKARTIMES : En rentrant de Moscou, quels sont les cadeaux que vous amenez aux sénégalais dans le cadre de la coopération ?

Dmitry Kourakov : Comme je l’ai déjà dit, j’ai eu de nombreuses réunions très productives à Moscou, au cours desquelles nous avons discuté de questions de coopération bilatérale. Je suis convaincu que nous parviendrons bientôt à concrétiser nos projets dans de domaines diverses.

DAKARTIMES : Comment la guerre entre Moscou et Kiev est vécue par les populations en Russie?

Dmitry Kourakov : La grande majorité des citoyens russes soutient les activités de notre armée et du président Vladimir Poutine, et apporte toute leur assistance aux soldats sur le front avec l’aide humanitaire. Les autorités du pays s’efforcent d’assurer la sécurité de nos concitoyens, d’empêcher l’expansion de l’OTAN et le rapprochement du bloc à nos frontières, de dénazifier le régime de Kiev et de mettre fin à ses crimes contre la population civile.

DAKARTIMES : Le président Assimi GOITA a effectué une visite à Moscou durant vos vacances. Qu’est ce qui explique cette amitié renforcée entre Bamako et Moscou ?

Dmitry Kourakov : Cette question devrait être adressée à l’Ambassadeur russe au Mali. Pour ma part, je ne ferai que souligner que Moscou est ouverte aux partenariats et prêt à développer des relations mutuellement amicales avec tous les pays du continent africain.

DAKARTIMES : La coopération militaire entre Moscou et Bamako a été fortement renforcée dans le domaine militaire. Peuton également s’attendre à une aide militaire pour le Sénégal dans sa lutte contre l’insécurité au sudest du pays, surtout au niveau de ses frontières avec le Mali ?

Dmitry Kourakov : La Fédération de Russie est toujours disposée à envisager la possibilité d’apporter son aide en matière de sécurité aux pays qui le souhaitent et qui sollicitent ouvertement ce soutien face à des défis et des menaces, notamment le terrorisme.

DAKARTIMES : Les autorités sénégalaises avaient sollicité le soutien de l’Union européenne pour la sécurité de sa partie Sud est. Est-ce que cette même aide a été sollicitée auprès de la Russie par Dakar ?

Dmitry Kourakov : Pas pour l’instant, mais si les autorités sénégalaises nous demandent, nous serons bien sûr prêts à examiner une telle perspective.

DAKARTIMES : Comment analysezvous le bilan de Wagner dans la lutte contre l’insécurité au Sahel et l’arrivée de « African Initiative » au Mali?

Dmitry Kourakov : A notre avis, le groupe Wagner a joué sonrôle positif pour stabiliser la situation dans les pays du Sahel, en particulier au Mali. Cette tâche est désormais confiée au Corps africain. Nous remarquons que les militaires russes apportent progressivement une aide croissante à la formation des forces armées des pays du Sahel qui obtiennent peu à peu des résultats positifs dans la lutte contre les terroristes. L’Initiative africaine est un projet informatif et extrêmement utile pour sensibiliser le public russe par rapport aux événements sur le continent africain. Elle nous permet d’obtenir des actualités directement. Nous comptons poursuivre notre coopération avec cette structure qui diffuse de l’information impartiale sur la Russie. J’espère que les chaînes de télévision et de radio russes en langue française continueront à élargir leur présence sur le continent afin de diffuser des informations sur la politique de la Russie et la coopération russo-africaine.

DAKARTIMES : Récemment le président du Sénégal a été reçu par le président Donald TRUMP en présence d’autres chefs d’État. Peut-on s’attendre à une rencontre prochaine entre le président Vladimir Poutine et Bassirou DiomayeFAYE ?

Dmitry Kourakov : Comme vous le savez, lors d’une conversation téléphonique en novembre dernier, le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine a invité son homologue sénégalais Bassirou Diomaye Faye à se rendre en Russie, ce que ce dernier a accepté avec reconnaissance. Nous attendons de la partie sénégalaise des précisions sur les dates de cet événement extrêmement important dans nos relations bilatérales.

DAKARTIMES : Le Sénégal traverse une situation économique aussi compliquée surtout avec la position du FMI. Peut-on s’attendre à une aide budgétaire de la Russie pour le Sénégal ?

Dmitry Kourakov : En règle générale, la Fédération de Russie n’accorde pas d’aide financière directe à d’autres gouvernements. Cependant, je tiens à souligner que nous sommes ouverts à l’élargissement des relations commerciales et économiques bilatérales, notamment par l’augmentation des livraisons de marchandises, en particulier de produits pétroliers, d’engrais et de céréales, ce qui pourrait contribuer à alléger la charge pesant sur le budget de l’État sénégalais.

DAKARTIMES : Nous avons appris à travers la page Facebook de l’ambassade, le projet du groupe RT français de créer un bureau à Dakar suite à l’audience avec le ministre de la communication Monsieur Alioune SALL. Que pouvez-vous nous dire ?

Dmitry Kourakov : Le bureau RT français fonctionne déjà à Dakar ; ce qui constitue une étape importante pour informer l’Afrique francophone et surtout la population sénégalaise de la politique de la Russie et de notre position sur des aspects importants de l’agenda international et régional. L’ouverture du bureau traduit notre volonté de coopérer étroitement avec lesacteurs locaux. Les activités du bureau contribueront à mieux faire connaître aux Russes le Sénégal et ses possibilités, notamment du point de vue du commerce et du développement du tourisme dans la région. Je voudrais bien souligner que l’équipe est composée exclusivement de journalistes sénégalais car nous croyons que l’information africaine doit être présentée par les africains.

DAKARTIMES : Qu’est ce qui peut expliquer l’engouement fort que les étudiants de l’Ucad manifestent autour de la médiathèque ? Avez-vous d’autres projets de ce genre ailleurs en Afrique ?

Dmitry Kourakov : Nous sommes très reconnaissants à la Fondation Innopraktika pour cette initiative. Il s’agit d’un projet pilote unique, non seulement en Afrique, mais aussi dans le monde entier, visant à promouvoir la culture et la littérature russe. Nous espérons que ce lancement marquera le début d’un développement à grande échelle des projets d’Innopraktika dans d’autres pays du monde.

DAKARTIMES   : Dernière question ! Quels sont les projets en attente d’être réalisés au Sénégal par les partenaires russes ?

Dmitry Kourakov : Nous travaillons dans de nombreux domaines et il est encore trop tôt de parler des résultats. Je pense que certains accords seront conclus dans un proche avenir. Nous travaillons activement pour inciter les représentants des milieux d’affaires russes à participer au Forum international d’investissement «Invest in Senegal». Cela permettra de mieux comprendre les perspectives de coopération économique avec votre pays, notamment dans les domaines de l’énergie, de l’agriculture, de la production et du raffinage du pétrole. À titre d’exemple, on pourrait citer l’idée de lancer un projet commun visant à améliorer la fertilité des sols (l’objectif: affiner le fonds de semences de différentes cultures – blé, arachide – et augmenter leur rendement). Un partenariat mutuellement avantageux dans de nombreux domaines contribuera non seulement au développement des relations économiques mais àune meilleure entente entre nos peuples.

Par Mamadou Mouth BANE

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